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Richesse du monde , pauvreté des nations de Daniel Cohen - Fiche de lecture

Publié le 04/09/2012

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L'Europe est marquée par le chômage de masse, à l'inverse des Etats-Unis, à un tel point que l'on peut établir un diptyque : “ Moneyless America, Jobless Europe ”. Ce chômage arrive en Europe après une période de croissance exceptionnelle qu'ont constitué les Trente glorieuses. Néanmoins, on ne peut pas établir de lien entre croissance et emploi : en effet, les Etats-Unis ont connu de 1973 à 1992 une croissance égale à celle de la France alors que le chômage y était deux fois et demi inférieur. Il est donc évident qu'il existe des particularités européennes qui ont contribué à augmenter la masse des chômeurs. Dans le cas de la France, des mesures comme le SMIC, les indemnités chômage assez élevées, les coûts des licenciements n'ont pas été favorables à l'emploi. Cependant, ici comme ailleurs dans les pays développés, la principale cause du chômage réside dans la “désaffection nouvelle à l'égard du travail non-qualifié ”. Celle-ci se traduit aux Etats-Unis par des baisses des salaires, alors qu'en Europe elle prend la forme d'une baisse de l'emploi, ce qui se solde par des situations très contrastées pour les chômeurs. Aux Etats-Unis, le chômage est un état normal, n'emportant pas un lourd jugement social et moral comme en Europe. Il est en outre une étape transitoire, le plus souvent de courte durée. En Europe, au contraire, le chômage revêt un caractère stigmatisant et se transforme rapidement en une “trappe de pauvreté ”.

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« processus n'est pas à l'œuvre.

Cette crainte repose sur l'idée que la mondialisation contraint le Nord à une spécialisation des échanges, à la production de bienstoujours plus riches en capital.

De ce fait, se développeraient dans le Nord essentiellement des emplois très qualifiés et la structure du marché de l'emploi s'entrouverait modifiée.

Or toute cette hypothèse n'est pas valable, dans la mesure où les pays du Nord n'exportent pas que des marchandises riches en capital etn'importent pas que des marchandises riches en travail.

Ce n'est donc pas le capital qui différencie le Nord du Sud mais la composition de sa main d'œuvre, danslaquelle la part d'emplois qualifiés est très importante.

C'est donc au sein même du monde du travail qu'il faut chercher les effets de la mondialisation, dans lesdifférences entre les travailleurs qualifiés et les travailleurs non qualifiés (qui sont les grands perdants de la mondialisation).

En effet, le commerce mondial est lemoteur d'un enrichissement inégal : il revalorise le salaire des “producteurs d'idées ” et rend plus précaire le destin des travailleurs routiniers dont les emplois sontrepris par les travailleurs des pays du Sud.

Cet état de fait brise la cohésion de la société salariale.

Il est toutefois important de souligner que la mondialisation n'estpas à l'origine de ces inégalités, elle ne fait que se “couler dans le moule des sociétés inégalitaires ”. 4) La troisième révolution industrielle : La montée des inégalités dans les pays riches a été justifiée par des causes aussi variées que la désyndicalisation, la dérégulation du marché, l'immigration, lamondialisation ou encore la tertiarisation ; or force est de constater que ce ne sont pas les véritables causes de la montée des inégalités.

En effet, c'est la révolutiondes techniques de production caractérisée par un accroissement de la professionnalisation des tâches et de la demande d'emplois qualifiés qui est à l'origine de lagrande explosion des inégalités.

L'enjeu de cette 3ème révolution industrielle porte sur une nouvelle organisation du travail et une nouvelle représentation de lasociété qui en découleront.En effet, aujourd'hui on réclame des niveaux de compétence élevés pour tout un système de production.

Une seule personne incompétente déclencherait le processusissu de la théorie du O-ring, c'est à dire qu'elle mettrait “en péril ” toute la chaîne de production.

Cette théorie du O-ring est ainsi à l'origine d'inégalités bien plusimportantes que celles qui peuvent éventuellement découler de la mondialisation, dans la mesure où elle est à la source d'une très importante segmentation du marchédu travail.

Ainsi, on aboutit à des “appariements ” qui laissent la place aux pays du Sud dans les domaines qui requièrent peu de qualification.

De même, dans cecontexte, les carrières sont plus volatiles . 5) Les appariements sélectifs : Les inégalités naissent même la ou elles devraient mourir.

En effet l'idée qui admet que l'enseignement massif résoudrait l'écart de revenus n'est que partiellementverifiable.

Au-delà du diplôme , la renommée de l'école et le réseau social qu'elle ouvre ,.

Il est utopique de croire que, par la scolarisation, une égalité peut se créerpuisqu'il est évident qu'une différenciation s'établit toujours entre les individus dans la mesure où chacun possède des qualités variées ; ce ne sont donc pas denouvelles inégalités qui se créent, mais une même fracture qui se perpétue, avec un niveau relevé.

Cohen a donc raison de dire que la scolarisation de massen'effacera pas les inégalités dans les pays industrialisés, mais accorder à tous la possibilité d'acquérir plus de savoir reste une nécessité.Enfin, “l'intégration économique rétracte le champ des communautés politiques ” : Cohen montre que la patrie elle-même est remise en cause et qu'un attachementplus grand à la région devient la règle.

Ceci se vérifie en effet dans certains cas.

Ainsi, en Allemagne, on constate que dans les Lander les plus riches, en particulieren Bavière, la solidarité vis-à-vis des Lander les plus pauvres de l'ex-RDA est parfois contestée(contestation du système de péréquation financière).

Un mêmemouvement de désaffection par rapport à une partie du pays, se produit en Italie où la Padanie aimerait ne plus entendre parler du Mezzogiorno, dont elle doit payerles retards de développement… 6) Chômage et exclusion : L'Europe est marquée par le chômage de masse, à l'inverse des Etats-Unis, à un tel point que l'on peut établir un diptyque : “ Moneyless America, Jobless Europe ”.Ce chômage arrive en Europe après une période de croissance exceptionnelle qu'ont constitué les Trente glorieuses.

Néanmoins, on ne peut pas établir de lien entrecroissance et emploi : en effet, les Etats-Unis ont connu de 1973 à 1992 une croissance égale à celle de la France alors que le chômage y était deux fois et demiinférieur.Il est donc évident qu'il existe des particularités européennes qui ont contribué à augmenter la masse des chômeurs.

Dans le cas de la France, des mesures comme leSMIC, les indemnités chômage assez élevées, les coûts des licenciements n'ont pas été favorables à l'emploi.

Cependant, ici comme ailleurs dans les pays développés,la principale cause du chômage réside dans la “désaffection nouvelle à l'égard du travail non-qualifié ”.

Celle-ci se traduit aux Etats-Unis par des baisses des salaires,alors qu'en Europe elle prend la forme d'une baisse de l'emploi, ce qui se solde par des situations très contrastées pour les chômeurs.

Aux Etats-Unis, le chômage estun état normal, n'emportant pas un lourd jugement social et moral comme en Europe.

Il est en outre une étape transitoire, le plus souvent de courte durée.

En Europe,au contraire, le chômage revêt un caractère stigmatisant et se transforme rapidement en une “trappe de pauvreté ”. 7) Misère de la politique : Aujourd'hui, on assiste à une crise de la politique économique qui ne doit pourtant rien à la mondialisation ; des problèmes différents peuvent expliquer cet état desfaits· La solution keynésienne de déficit budgétaire est peu prisée en raison de la hausse d'inflation et du déficit de la balance des paiements qu'elle entraîne.· Les finances publiques sont en crise : les budgets de l'Etat sont grevés par la charge des intérêts sur la dette publique.De la même façon, la crise de l'Etat-Providence et le problème de la redistribution ne peuvent être liés à la mondialisation : ils résultent d'une inadaptation aux réalitéssociales actuelles ; affirmer le contraire relève de la mauvaise foi.Face à cet état pessimiste des faits, une seule solution s'impose : il faut inventer une nouvelle politique économique et transformer l'Etat-Providence ; chose d'autantplus difficile que l'on évolue dans des sociétés paradoxales : l'homme craint les sociétés inégalitaires tout en revendiquant plus d'individualisme.

On assiste à “unquatrième âge de la politique économique ”, “un âge où l'économique et le politique s'examinent sans qu'aucun ne parvienne plus à dominer l'autre ”.

Il faut donc queles politiques définissent un projet qui se pose en alternative au système actuel, dont les défaillances deviennent criantes : il faut décider “de la forme en laquelle lesdroits sociaux doivent s'exprimer ”. III.

conclusion Le grand mérite de l'auteur réside dans le fait qu'il présente ses idées et son argumentation, non seulement dans une perspective économique mais aussi dans desperspectives sociales et historiques: le débat économique est loin de se limiter à son propre cadre technique, il touche tous les domaines de la vie en société et a desimplications très concrètes.D'autre part, la mise en perspective des différents préjugés fortement répandus dans nos sociétés est tout à fait louable : non seulement elle évite d'orienter lespolitiques vers de fausses pistes (ex : idée qu'il faudrait supprimer l'Etat-Providence afin de résister à la pression concurrentielle) mais elle permet de dénoncer unphénomène encore plus grave que sont les réflexes identitaires et de protectionnisme.Enfin, en insistant sur les contradictions qui sont inhérentes aux sociétés occidentales, l'auteur met mieux en évidence les failles d'un système qui est amené às'adapter à l'évolution de l'économie mondiale.

Ainsi, c'est d'abord en elle-même qu'une société fragilisée doit trouver les moyens de lutter contre l'accroissement desinégalités.

Dans ce sens, nous pouvons dire que l'ouvrage se veut aussi être une incitation à la prise en main de soi-même.Ainsi, si l'œuvre de D.Cohen présente bien des qualités, on ne peut toutefois se garder d'émettre quelques réserves face à certaines de ses hypothèses.Peut-on réellement croire qu'au sein d'une même classe sociale se forment des fractures qui se calquent sur la distinction qualifié/non qualifié? En faits, on peut sedemander si les nouveaux “appariements ” que Cohen dévoile, ne sont pas illusoires Enfin, en ce qui concerne la question du chômage, Cohen montre bien qu'iln'existe qu'une différence institutionnelle entre les “working poors” américains et les chômeurs européens.

En effet, pour lui, leur situation est équivalente, la seuledifférence tenant au fait que les Etats-Unis et l'Europe ne se sont pas adaptés à la mondialisation de la même façon : les Etats-Unis ont œuvré dans le sens d'une plusgrande flexibilité du marché du travail, tandis que les Européens ont développé leurs systèmes de sécurité sociale.

Toutefois cette assimilation d'un travailleuraméricain à un chômeur européen est douteuse et si la situation américaine n'est pas la panacée, il est évident que posséder un travail, même si celui-ci ne présente. »

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