ROMAN COMIQUE (le) de Scarron

ROMAN COMIQUE (le), œuvre inachevée de Scarron, en deux parties (1651 et 1657). L'œuvre a été « achevée » par Girault (1678) puis, avec plus de talent, par Preschas (1679). Dans un style animé et burlesque, des acteurs, en tournée de province, jouent leur vie, démasqués, à grands coups de soufflets et de coups de poing, tantôt pour attaquer, quand ils crèvent d'envie et de vanité (La Rancune), tantôt pour se défendre quand, bons enfants, ils sont harcelés par des bourgeois de province, mesquins et querelleurs (Ragotin). Scarron y fait raillerie de tout, critiquant le romanesque à l'aide des schémas de l'Astrée et du Grand Cyrus : même les scènes de violence, proches de celles peintes par le Bamboche, sont des parodies des combats chevaleresques.

Le Roman comique se situe à un carrefour de discours hétérogènes : il exprime la nostalgie préclassique d'une culture unique sans interdits — où le corps est présent autant que le cœur et l'esprit — mais aussi l'acceptation d'une culture nouvelle qui voisine avec sa parodie. Le roman galant, les amours de Léandre et d'Angélique évoquent la nouvelle sociabilité amoureuse, mais la vie des comédiens ambulants permet la peinture de formes culturelles archaïques (auberge, beuverie, bagarres), envers du décor de la culture classique fondée sur le théâtre. Culture archaïque présentée selon le discours de la Cour sur l'inculture de la province.