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ROME, LE LIVRE DES FONDATIONS, Michel Serres

Publié le 02/10/2018

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serres

ROME, LE LIVRE DES FONDATIONS, 1983.

 

Michel Serres, né en 1930.

 

D’Athènes ou de Rome, quel est le lieu originel de notre civilisation? Y a-t-il un ordre, un principe fondateur qui expliquerait le soudain épanouissement de notre société ? Pour Michel Serres, la loi fondatrice, loi d’ordre, n’est que haine et destruction. Pourtant, la construction originelle ressemble à des boules de glaise paisibles les cités — pareilles à celles que déposent les termites, boules éparses, sans unité. Mais en un endroit la termitière se construit, telle Rome ou la tour de Babel, là où s'amassent plusieurs boules. «La boule latine absorbe la Grèce», Rome rase Albe et Carthage. Telle est la fondation, hégémonique et violente. Comment se réalisc-t-ellc? Comme le décrit la légende: Romulus fonde Rome et tue son frère Rémus; le meurtre est l'origine, comparable à une «boîte noire» où rien ne serait expliqué. Mais la fondation est aussi une «boîte blanche»', celle d'Albc (du latin cilba. «blanc»), celle de la Grèce qui est

 

lumière (origine de la vérité, de l'explication), celle des mythes (expressions des Dieux). «Au commencement est la boîte noire, la méconnaissance, notre zéro d'information. Au commencement est le blanc, tous les mondes possibles. » Albe la blanche constitue l'origine des lieux, la matrice prin-cipielle, «là où le temps n'a pas commencé». Elle est la cire sur laquelle Rome imprime son cachet. La fondation devient réelle au

centrale d’une trilogie sur les fondations dont les deux autres pans sont Genèse (1982) et Statues (1987).

 

Édition : Rome, le Livre des fondations, Grasset, 1983.

 

Étude: A. Crahay, Michel Serres: la mutation du cogito, genèse du transcendantal objectif,

 

De Boeck-Wesmael/Éd. universitaires, 1988.

point de rencontre du négatif et du positif (comme, en photographie, le clair-obscur). Et si «l’homme est un loup pour l'homme» selon Hobbes, il est aussi sacré pour l’homme, d’après Spinoza; aimer contient haïr. Finalement, c’est l'homme de la multitude qui fonde la civilisation ; la foule est une

multiplicité qui s'unifie: elle est à la fois noire et blanche.

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