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Ronsard: Odes

Publié le 11/10/2018

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ronsard

Ronsard poète de l’amour. — Les odes « horatiennes » ou pindariques ne plaisaient pas à tout le monde, pas plus que la fierté de Ronsard. On lui reprocha, violemment ou sournoisement, d’être pédant et obscur ; on lui opposa surtout des poètes que le xvie siècle n’admirait pas moins que les poètes anciens, les poètes italiens, Pétrarque et son école, puis Bembo, l’Arioste et les poètes néo-latins tels que Jean Second. La poésie française s’était mise à l’école des poètes italiens comme à celle de l’antiquité. On affirma donc que Ronsard, incapable de rivaliser avec Pindare, l’était plus encore de chanter l’amour comme Pétrarque ou comme Jean Second. En réponse, il publia, en 1552, les Amours.

Il y avait déjà des amours dans les Odes. Il y célébrait Cassandre. Mais Cassandre n’y apparaissait qu’en passant. Pour la chanter, Ronsard se souvenait surtout d’Anacréon ou d’Horace, non des Italiens. Dans les Amours il devient, au contraire, résolument pétrarquiste. Il n’y est encore,le plus souvent, qu’un adaptateur : vingt-cinq des sonnets sont imités de Pétrarque, douze de Bembo ; dans les autres, les imitations de détail sont innombrables ; le thème de Mignonne, allons voir si la rose... était dans Tibulle, dans Properce, dans Ovide, surtout dans Ausone (les Roses) ; l’odelette de Ronsard y doute même, peut-être, des souvenirs des poètes néo-latins, de Politien, de Marulle et de Pontano. L’adjuration à Cassandre, qui supplie le ciel, l’air et les vents, la plaine et les monts, la Gas-tine, le Loir et une douzaine d’autres puissances de la nature de déclarer son amour à la bien-aimée, est un thème de Pétrarque et de vingt poètes de l’antiquité ou de l’Italie. Il emprunte surtout au Pétrarquisme sa conception de l’amour. La dame qu’élit et chante és poète est à peine une réalité ; elle n’est presque plus qu’un symbole ; elle est, il préfère qu’elle soit, inaccessible comme l’idéal. Il lui suffit qu’elle évoque un rêve de beauté, de grandes pensées d’abnégation. Pour elle, on brûle ou se désespère, mais comme on désespère d’atteindre la p^ection de l’art et la perfection de la morale. Et très souvent même, la dame n’est qu une fiction littéraire.

 

Il '1. a donc des conventions dans les amours de Cassandre, mais il y a aussi bien d’autres choses. Ronsard aimait la vie et non pas les rêves creux. L’amour était pour lui autre chose qu’un Jeu de poète. Il voulait conquérir et posséder. Cassandre n’est pas un mythe. Elle frappés:;;- Cassandre Salviati. Il l’avait rencontrée à Blois ; elle avait quatorze ans ; un peu plus tard,

Ronsard, inventeur de l'ode. — Boileau a accusé Ronsard d’avoir « trébuché de si haut ». La critique est injuste, mais Boileau ne s'est pas trompé sur l’ambition de Ronsard. Il a voulu s’élever au plus haut ; au lieu de s’attarder aux « petits genres » : le rondeau, la ballade, l’épître, etc..., inventés par la poésie du moyen âge, prolongée par les poètes à la mode, Marot, Mellin de Saint-Gelais, il s’est proposé de rivaliser avec les œuvres les plus glorieuses de l’antiquité, de créer des odes, des hymnes, des poèmes épiques. Il a donc « inventé » l'ode française, ou à peu près. A vrai dire, il n’a pas pris seulement pour modèles les Odes de Pindare ; il s’est adressé à des maîtres moins sublimes, à Anacréon et à Horace. Il leur a emprunté leurs thèmes, des badinages gracieux, des joies aimables, des amitiés, où l’on met en commun la gaieté, les festins, les plaisirs de l’art plutôt que des pensées profondes. Entre temps, parce qu’on est entre gens d ’esprit, et qui pensent, on songe à la brièveté des amours, aux misères de la condition humaine, à la vieillesse chagrine, à la mort toute proche ; on s’en console en se résignant à l'inévitable, en s’armant de la philosophie contre tant d’accidents.

ronsard

« fait la leçon : Qu'est une piqûre d'abeille auprès des traits de l'Amour ? Combien fais-tu de doule uxs Au prix de lui dans les cœurs De ceux contre qui tu jettes Tes homicides sagettes (flèches) 1 Il évoque aussi bien la mort et le tombeau ; il« élira », choisira le lieu de son sépulcre; il en réglera non l'architecture,mais l'ordan· nance champêtre, un arbre, un lierre, une vigne tartisse, des fêtes rustiques où les pastoureaux viendront chanter son souvenir.

Les sujets n'étaient donc pas neufs.

Avec ses thèmes, Ronsard a pillait d'ailleurs», comme ille dit, des image. »

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