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RONSARD: Sonnets pour Hélène (Fiche de lecture)

Publié le 21/11/2010

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ronsard

«Je suis pour votre amour diversement malade,

Maintenant plein de froid, maintenant de chaleur :

Dedans le cœur pour vous autant j'ai de douleur,

Comme il y a de grains dedans votre Grenade.

Yeux qui files sur moi la première embuscade,

Désattisez ma flamine, et desséchez mes pleurs :

Je faux [je me trompe], vous ne pourriez : car le mal dont je meurs

Est si grand qu'il ne peut se guérir d'une œillade.

Ma Dame croyez-moi, je trépasse pour vous :

Je n'ai artère, nerf, tendon, veine ni pouls

Qui ne sente d'Amour la fièvre continue.

La Grenade est d'Amour le symbole parfait :

Ses grains en ont encor la force retenue,

Que vous ne connaissez de signe ni d'effet.«

(Sonnets pour Hélène, II, sonnet 61

ronsard

« Je me pâme de joie, et sens de veine en veine Couler ce souvenir, qui me donne vigueur [...].» (Sonnets pour Hélène, II, sonnet 13, v.

1-6) L'expression de la sensualité, déjà présente dans les Odes et dans les Amours de Marie, évoque dans les Sonnets pour Hélène la réalité du désir physique.

Des métaphores suggestives, un jeu savamment calculé sur le rythme et les sonorités font partager au lecteur la puissance du désir : «Vous triomphez de moi, et pource je vous donne Ce lierre qui coule et se glisse à l'entour Des arbres et des murs, lesquels tour dessus tour, Plis dessus plis il serre, embrasse et environne. À vous de ce lierre appartient la Couronne. Je voudrais, comme il fait, et de nuit et de jour, Me plier contre vous, et, languissant d'amour, D'un noeud ferme enlacer votre belle colonne.» (Sonnets pour Hélène, II, 29, v.

1-8) LE RETOUR DE LA MYTHOLOGIE En adressant ses poèmes à Hélène, Ronsard pense certes d'abord à Hélène de Surgères, suivante de la reineCatherine de Médicis, et origine immédiate du recueil ; mais il pense également à l'Hélène, femme de Ménélas,dont l'enlèvement par Paris déclencha la guerre de Troie : «Hélène fut occasion que Troie Se vit brûler d'un feu victorieux : Vous me brûlez du foudre de vos yeux, Et aux Amours vous me donnez en proie.» (Sonnets pour Hélène, II, sonnet 19, v.

1-4) Hélène, c'est aussi la beauté incomparable qui fait l'admiration des Troyens, même âgés, et leur fait supporter le siège de la ville (Sonnets pour Hélène, II, 67). 2. LA MÉDITATION DE LA MORT 3. S'il ne manque pas une occasion de redire le carpe diem d'Horace, modulant sur tous les tons l'invitation à profiter de la vie, c'est que Ronsard a la conscience aiguë de la mort, horizon ultime et toujours plus proche : «Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain : Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.» (Sonnets pour Hélène, II, 43, v.

13-14) Or Ronsard lui-même, loin de se comparer à Jupiter comme il le faisait dans les Amours de Cassandre, se représente désormais comme un vieillard à bout de souffle, n'hésitant pas à comparer Hélène au Dieu de l'Olympe : «Je de serais marri si tu comptais ma peine, De compter tes degrés recomptés tant de fois [les marches de ton escalier]: Tu loges au sommet du Palais de nos Rois : Olympe n'avait pas la cime si hautaine. Je perds à chaque marche et le pouls et l'haleine : J'ai la sueur au front, j'ai l'estomac pantois, Pour ouïr un nenni, un refus, une voix De dédain, de froideur et d'orgueil toute pleine.. »

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