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ROSTAND Edmond, Cyrano de Bergerac

Publié le 22/02/2012

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Nous sommes en 1640, à l'hôtel de Bourgogne. Une voix sort de la foule pour interdire au comédien Montfleury de jouer sous peine d'être "fessé aux joues". Le gêneur se présente : Cyrano de Bergerac, superbe cavalier au visage enlaidi par un grand nez. Il se fait respecter, mais un vicomte vient se moquer de sa figure. Cyrano lui vante les vertus du nez puis le blesse au cours d'un duel. Il est courageux, bagarreur mais, sous le panache de son verbe, se cache un amour secret et impossible qu'il porte à sa cousine Roxane. Une duègne vient lui donner rendez-vous de la part de la jeune femme dans une rôtisserie. Cyrano, enivré, se bat contre cent épées. ?

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« impatient.

Le rideau se lève et d'aucuns s'étonnent de ne pas avoir aperçu dans la salle Monsieur de Bergerac.

Sahaine envers Monfleury est bien connue et, par sa verve inégalée, il lui a récemment interdit de remonter sur scène.Or l'acteur adulé tient, ce soir, le rôle principal.

Le rideau se lève et le comédien n'a pas dit deux mots que l'on voitavec surprise une épée se brandir dans le parterre : Cyrano apparaît et somme Monfleury d'interrompreimmédiatement sa tirade.

Le pauvre ne fait pas le poids face à son imposant agresseur.Poète, physicien, musicien, Cyrano est un extravagant cadet aux gardes qui se plaît à provoquer et flambe commeétoupe dans des joutes oratoires du plus bel aloi.

Dame Nature l'a affublé d'un appendice nasal des plus proéminentset cette protubérance l'enorgueillit au point de provoquer en duel qui y fait allusion.

Il collectionne les ennemiscomme d'autres les décorations et aime à se battre seul contre cent.

En quelques mots, il devient le point de mirede toute la salle.S'il excelle dans le domaine de la satire, sa verve se fait romantique lorsqu'il évoque sa cousine Roxane qu'il aime ensecret d'une passion ardente.

Mais fier jusqu'à l'orgueil, il garde le silence, car il ne pourrait survivre à un refus, oupire, à une moquerie.Au sortir de la représentation écourtée, la duègne de Roxane le fait mander.

Fiévreusement, il rédige la lettred'amour que son coeur a mille fois écrite au cas où il distinguerait, dans le regard de la belle, une lueur d'espoir.

Maisil en va tout autrement : Roxane vient lui parler d'amour, mais de celui qu'elle voue à Christian de Neuvillette, jeuneet beaucadet de Gascogne.

Elle ne lui a jamais parlé mais sait, par ouï-dire, qu'elle ne lui est pas indifférente.

Redoutantpour lui les brimades de ses compagnons d'armes, elle demande à son terrible cousin de le protéger.Cyrano a tôt fait de rencontrer Christian et de lui révéler sa parenté avec Roxane.

Le jeune homme lui fait partd'une angoisse cruelle : il s'avoue peu spirituel et ne possède pas l'art tant apprécié de parler aux dames.

Cyrano,par jeu et pour participer un tant soit peu à cette passion, lui propose un stratagème attirant et dangereux :l'endoctriner chaque jour, écrire à sa place les lettres, en un mot, lui souffler les mots qui plaisent.Au fil des jours, Christian récolte ce que Cyrano sème et Roxane a l'illusion d'aimer un être complet : beau, spirituel,poète...Lorsque, dès le soir de leur noce clandestine, Christian est envoyé au siège d'Arras, Roxane reçoit deux fois par jourune lettre dont elle aime éperdument l'auteur.

Se rendant sur les lieux de la bataille, elle avoue à son mari qu'elle enadore l'âme bien plus que l'apparence.

Celui-ci supplie Cyrano de tout révéler puisqu'il n'est plus désormais l'objet dela passion mais Cyrano n'en aura pas le temps : Christian est mort, tué par le premier coup de feu de l'ennemi.

Lesecret semble scellé à jamais sur les lèvres de Cyrano.Quinze ans ont passé.

Roxane s'est retirée dans le couvent des Dames de la Croix, pleurant un deuil inconsolable.Chaque samedi, Cyrano vient lui rendre visite et lui fait la gazette de la semaine, pendant qu'elle travaille à satapisserie.Mais ce samedi, Cyrano est un peu en retard.

Absorbée par son ouvrage, elle ne remarque pas qu'il est d'une pâleurmortelle.

Tombé dans une embuscade, il est blessé gravement; tentant vainement de cacher sa douleur, il racontequelques menus faits puis demande à Roxane la dernière lettre de Christian, celle qu'elle porte toujours sur le coeuret qu'elle a promis de lui faire lire un jour.

Cyrano commence la lecture mais le soir tombe et l'obscurité est telle qu'ilne peut plus distinguer la fine écriture.

Mais il continue de réciter la lettre tandis que Roxane, profondémenttroublée, réalise que celui qu'elle pleura durant quinze ans était tout proche d'elle, bien vivant. Dans un dernier élan de fierté, Cyrano se lève, et brandit son épée pour affronter son ultime ennemie : la mort.Lorsqu'il s'écroule, déjà raidi, emportant avec lui sa fierté, sa vérité et sa pureté, c'est-à-dire son « panache »,Roxane se précipite et pleure son amour deux fois perdu. Pistes de lecture Un triomphe théâtral rarement égalé Issu d'une famille bourgeoise cultivée, Edmond Rostand, père de Jean Rostand, est né à Marseille en 1868.Parallèlement à des études de droit, il se met tôt à l'écriture.

Mais ses premières oeuvres ne rencontrent pas lesuccès escompté : poésies dont un recueil, Les Musardises, pièces de théâtre dont Le Gant rouge, Les Deux Pierrot.En 1891, la Comédie-Française représente Les Romanesques, pièce qui sera très applaudie.

Rostand se met à écrirepour la comédienne Sarah Bernhardt deux pièces en vers : La Princesse lointaine et La Samaritaine.En 1897, il crée pour l'acteur comique Coquelin le personnage de Cyrano de Bergerac.

La pièce, jouée au Théâtre dela Porte Saint-Martin, est un triomphe d'une ampleur rarement égalée dans l'histoire du théâtre.

Les nombreusesmises en scène actuelles confirment ce succès.On peut expliquer de plusieurs manières l'accueil dithyrambique que le public et la critique réservèrent à Cyrano.Tout d'abord, le style héroïque, tragi-comique, face aux nombreuses mises en scène naturalistes et symbolistes àl'aspect philosophique quelque peu sévère avait de quoi surprendre.

Le public, avide de romantisme et de burlesquebien ficelé, tomba directement sous le charme.

Les aventures turbulentes du héros arrachèrent autant de rires quede larmes.

En un mot, Rostand avait réussi un divertissement d'une grande finesse. Un héros fascinant Cependant, plus que le contexte culturel dans lequel la pièce s'inscrivait, c'est le caractère fascinant du personnagede Cyrano qui explique un tel engouement.

Bien qu'entouré d'une soixantaine de protagonistes, il monopolise à luiseul l'attention du spectateur.

Car la virtuosité stylistique de l'auteur le dota d'une verve insolente où se mêlentversification classique, pastiches, poésie romantique.

Il jongle admirablement avec les styles apparemment les plusinconciliables.. »

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