Ruy Blas, Victor Hugo

« : Il exalte le passé, la grandeur impériale, réclame l'empire.

Il glorifie le pouvoir impérial avec les emblèmes ;nostalgie dans l'appel à Charles Quint ; démonstratifs et termes mélioratifs.La puissance de Charles Quint est marquée par le champ lexical de l'emblème, les attributs impériaux « ton globe »(v.

1145), « ton sceptre » (v.

1154) « l'aigle impérial » (v.

1156) et l'hyperbole « géant » (v.

1153) qui montrel'excellence de Charles Quint alors que la métonymie « ton bras » (v.

1143) illustre son pouvoir propice au pays.

Deplus, l'anaphore récurrente du pronom possessif « ton », « tes », « ta » montre l'omniprésence de la grandeur deCharles Quint.

Celle-ci rayonnait sur l'Espagne tel que le lexique de la lumière et du rayonnement le démontre «éblouissant », « soleil » (v.

1146).

Charles Quint est décrit comme immense et puissant comme s'il était au-dessusde tout.

Cependant, son appartenance au passé est soulignée par l'emploi du passé simple et de l'imparfait.

Ladénonciation politique violente que Ruy Blas fait de l'Empire espagnol permet d'amplifier sa conjuration auprès del'empereur de restaurer l'Espagne grandiose. Ruy Blas est présenté comme un héros solitaire.

La récurrence de l'emploi de la première personne « je », seulcontre toute une caste « vous » qu'il rejette et dénonce par l'égoïsme des grands de l'Espagne.

Il appelle un mortcomme seul soutient dans un monde dans lequel il est en total désaccord.

Ruy Blas, en quête de sens, a l'audace des'élever au nom du peuple.

En effet, dans l'histoire de l'Espagne, il cherche un sens qui est à la hauteur de sesaspirations.

L'interrogation est présente « que fais-tu … ? » (v.

1140), « se peut-il que tu dormes » (v.

1153) etRuy Blas souhaite vivre au plus haut, égaler les grands à travers le tutoiement ; c'est un homme du peuple quiaspire aux régions élevées.

Notons une métaphore filée sur le thème du déclin – « ce pays qui fut pourpre et n'estplus que haillon » (v.

1132), « s'est ruiné » (v.1133), « s'est couché dans l'ombre » (v.1136) « son sort se termine »(v.

1137) « se meurt » « s'éteint » (v.

1144) – avec une certaine nostalgie du passé.

La volonté de Victor Hugo defaire revivre les mots est donnée par la nostalgie romantique de l'époque napoléonienne, son époque.

Enfin, Ruy Blasse traduit comme une figure exemplaire du drame d'abord par son aspect tragique, avec le décalage entre sesaspirations et la réalité de son origine, le déclin et la mort de l'Espagne apparaissent comme la métamorphose de sonpropre destin.

L' « ombre » évoquée au vers 1136 est tel un masque, la chute est programmée par Salluste et lamort vise le personnage de Ruy Blas.

L'humble laquais sera malgré lui broyé par l'histoire.

Il est présenté comme unpersonnage sublime dans un monde grotesque où le désespoir et la nostalgie donnent une dimension tragique.

Lapassion amoureuse de Ruy Blas pour la reine l'emmènera dans les régions élevées et comblera son humble aspirationau-dessus de ses possibilités.

Le contexte historique et social est évidement le résultat de l'art romantique, où ledéclin de la monarchie à travers la noblesse et l'accentuation des contrastes (laquais/grands d'Espagne ; avidité desgrands/grandeur de Ruy Blas).

Finalement, Ruy Blas prêche l'honnêteté alors qu'il vit dans le mensonge.L'action de Ruy Blas se passe sous le règne de Charles II, au XVIIème siècle, en Espagne.

Mais l'opposition, dans laFrance de 1838, s'empresse d'établir un parallèle entre « l'état désespéré de ce royaume » espagnol et la monarchiede Louis-Philippe.

Car pour comprendre l'importance des thèmes du pouvoir et du peuple dans Ruy Blas, il fautrappeler le contexte politique de la création du drame – le règne de Louis-Philippe, issu de la révolution de juillet1830.

Le climat insurrectionnel persiste jusqu'en 1835 et les œuvres dramatiques reflètent ces tensions politique :Hugo en particulier, manifeste son engagement du côté du peuple.

Et cette interprétation dépasse les intentions deHugo qui soutient le roi Louis-Philippe tout en critiquant les pratiques politiques de la classe dirigeante : la noblesse.Dans cet extrait, Ruy Blas concrétise ses aspirations d'un destin au dessus de sa condition dans un discours inspiréqui laisse transparaître son impuissance.

Cependant, la révolte des pauvres contre les riches, qui est vraie dans lasociété espagnole du XVIIème siècle, est vraie aussi à l'époque de Victor Hugo.

Le héros romantique de 1838pourrait être comparé à Jean Valjean sans avoir encore la même ampleur.

En effet, Ruy Blas s'en tient à desintentions généreuses alors que l'action de Jean Valjean ne se limite pas aux principes mais s'exerce plusconcrètement par des initiatives positives en faveur du peuple.

Le sujet romantique hors du temps et de l'espace dupoète reflète en réalité la société à laquelle il est contemporain. Cette tirade est un morceau de bravoure où Ruy Blas jusqu'alors apparu comme un laquais soumis et pris d'amourpour la reine est pris dans l'engrenage de la machination de Salluste.

Il se révèle un homme différent, lucide et prisde justice.

Il se présente comme un homme du peuple capable par son jugement, sa conscience politique, samoralité, de s'élever au dessus des plus grands.

Sa chute sera d'autant plus brutale et inhumaine qu'il est animé parune passion violente.

Hugo joue sur les contradictions ; l'opposition est forte pour construire un héros dont l'énergiese libère afin de mieux consumer son être. Plan du commentaire : (à titre indicatif) I - Ruy Blas déplore l'état de l'Espagne1 : en jetant l'opprobre sur la noblesse2 : qui conduit l'Espagne à sa perte II - Et en appel à Charles Quint1 : Ruy Blas l'implore de restaurer l'Espagne2: et exprime sa nostalgie du temps grandiose de l'empereur III - En se révélant comme une figure exemplaire du drame romantique1 : Un héros romantique et figure exemplaire du drame à la fois. »