Devoir de Philosophie

S de Roger Giroux : Fiche de lecture

Publié le 17/11/2018

Extrait du document

lecture

S de Roger Giroux. Poème, 1977.

 

Ce titre surprenant a plusieurs significations. C’est d’abord le signe qui, chez Lacan, représente le sujet, mais aussi le signifiant. Ces deux valeurs sont en rapport: le sujet est seulement hors de lui-même, dans ce qui le signifie. Son existence ne peut être affirmée: «S» est la transcription de la question «Est-ce?». C’est aussi le morphème du pluriel: l’un (l’être) est inaccessible, il est au-dehors («on oublie/ que le ciel est absent») et le sujet se perd dans sa multiplicité (« qui n’est pas a des chances d’être. Et ces chances sont nulles... »). C’est enfin, par le dessin du caractère, une double courbe ouverte où deux espaces se côtoient, deux espaces qui ne peuvent se joindre et dont l’un n’existe que par rapport à l’autre («S/à le toucher/ce lieu/hors»). Le seul sujet (ce dont on parle) possible de ce poème est l’interrogation du sujet (le «je») sur lui-même. Cette signification se traduit au moyen de figures: l’arbre (surgissement du sujet), la mère (origine), la pierre (clôture de la matière, tombe). Elle se traduit aussi par la recherche d’un lieu (inaccessible) et la présence de la mort. Mais, le sujet n’existant que dans le mouvement du discours, le poème ne cesse de parler de lui-même: la rose évoque la célèbre formule de Mallarmé; la feuille («parler comme une/ entre deux feuilles ») est aussi feuille de papier. Enfin le poème ne dit rien : acte de discours inachevé, il produit.

Liens utiles