SAÜL

SAÜL. La tragique figure de ce souverain se trouve dans le livre des Rois et le drame de cet homme à l’âme déchirée entre le ciel et la terre a été. depuis l'antiquité, et demeure, encore à notre époque, un des grands thèmes d’inspiration.

★ Ce furent d’abord les auteurs de mystères qui portèrent à la scène le vieux récit biblique. Notons surtout la Rappresentazione di Saul, œuvre italienne imprimée à Florence en 1550.

★ Vient ensuite, dans le genre trafique créé par la Pléiade et Inauguré par la Cléopdtre <*> d’Étienne Jodelle, la belle et puissante tragédie en 5 actes de Jean de La Taille (153 3/40-a vau t 1617), Saül le Furieux, publiée en 1562. Pour la première fois, le personnage de ce farouche monarque est campé de façon magistrale et digne de lui. L’action se passe dans les monts de GelbOé, lors de la lutte contre les Philistins. Saül, au milieu de ses fils, délire, en proie à de véritables accès de fureur, car David est absent. David qui. seul, savait l’apaiser au son de sa harpe. Puis, brisé par sa propre violence et ses «estes désordonnés, le roi s’endort d’un sommeil plein de songes dont il s’éveille bientôt, plus menaçant et encore plus inquiet. Pourquoi l’Eternel s’obstine-t-il à le persécuter ? C'est lui. répond l’un de ses écuyers, parce qu’il a, contre la volonté divine, épargné Agag, le chef des ennemis ; on lui reproche aussi la haine qu’il voue à David et la mort d’Achimelech. Désireux de connaître l’avenir, il s'adresse à une sorcière qui évoque pour lui l’ombre de Samuel : le fantôme du prophète lui annonce sa ruine, celle des siens, et la gloire de David. En une plainte déchirante, le Roi invoque le Dieu qui l’a frappé de la sorte. Enfin, lorsqu'il apprend la défaite de son armée et la mort de ses fils. Saül se refuse à fuir et. puisque son écuyer ne vent pas le tuer de sa main, il se précipite dans la mêlée. David, dont on sent la présence invisible à travers toute l’action, n’entre en scène qu'au ve acte ; son aide arrive trop tard : Saül vient de se tuer sur les corps de ses fils. La conception humaniste dont s’est inspiré l’auteur pour son drame est évidente : qu’on en juge par la ressemblance qu’il offre avec VHercule furieux (v. Hercule) de Sénèque, comme par la présence du chœur. La part consacrée au récit et aux longues déclamations lyriques prévaut sur l’action proprement