SONGE DU VERGER (le)
Publié le 14/10/2018
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SONGE DU VERGER (le) [1376]. Ce texte, rédigé pour Charles V en latin (Somnium viridarii) en 1376, puis en français, est un traité de droit public enveloppé dans une fiction courante en matière d’exposé didactique, le songe sur le thème du débat d’un clerc et d’un chevalier. Après une réflexion sur la vérité du rêve et une présentation au roi, l’auteur, comme au début d’une œuvre lyrique, s’endort : « Il me fut avis que je veis une merveilleuse advision dans ung verger qui estoit très délectable [...] car là vous veis en vostre majesté royale assis; et lors regarday que au costé de vostre majesté aviés deux roy-nes »; une inscription nous apprend qu’il s’agit de Puissance temporelle et Puissance spirituelle. Le roi leur conseille de choisir des avocats. Dès lors, le cadre littéraire passe au second plan, au profit d’une discussion qui est, en quelque sorte, le bilan d’une querelle née en 1296 entre Philippe le Bel et Boniface VIII, querelle qui avait alimenté en son temps de nombreux pamphlets. Quatre cent soixante-huit chapitres, un par réplique, développent les arguments sur les rapports entre le pouvoir civil et l’Église, tout en examinant au passage quelques problèmes étrangers (la question bretonne, à propos de laquelle on demande la saisie du duché; le retour du pape à Rome : « [...] il semble que le pape de Rome par raison doit plus eslire demeure en France que a Rome pour la plus grande convenance et ressemblance que France a a tout le monde »; la succession par les femmes). L’intérêt principal — et l’unité — de l’ouvrage est cependant la conception de la royauté qui s’y élabore, en un temps où Oresme, par exemple, un autre conseiller du roi, définissait la notion d’un roi serviteur de l’État, dont il a la
«
souveraineté par la grâce de Dieu, dans les limites de l'intérêt général et pour le bien du peuple .
Ains i, nou s
lison s dans le So ng e que « le roy est estably [ ...
) par la volonté et ordonnance du peuple ».
On voit se profiler l'idéa l d'une m onarchie tempérée, opposée à la« tyran nie » que les théo logiens avaient depuis longtemp s évo quée : « Quand les œuvre s du prince ne tendent pas au commun bien du peuple , mai s à son propre et singulier
profit, il doit estre appe lé tyran, il ne seigne urie pas justement».
Ainsi le roi ne peut pas se livrer à d'injust es levées mai s il conserve le droit de pe r cevoir des taxes extraordinaire s pour un e cause juste (défense du pays ), et il peut être déposé s'il fait mauvais usage de cette prérogative.
L' altercatio s'ac hève par la défaite du clerc.
Le narrat eur se « réveille » et conclut : « Le songe don ques soit véritable ou fantast ique, j'ai recité sans rien
laisse r a mon povoir ne d'un costé n e de l'autre» (n, 152); l' explicir attribue le texte à un «membre du Conseil du roi», qu'on a essayé en vain d 'identifier :
Raoul de Pre sles? Evr a rt de Trém ango n? ...
Le Songe a connu une grande faveur jusqu'à la Révo lution dans les milieux gallicans.
Il est typique de l'épo que de Charles V, par l'intérê t qu'il porte aux problèmes de la cité (cf.,Oresme), mai s surtout par l'idée qui s'en dégage d'un Etat abstraH dont le roi n'est pas proprié
taire mais usufruitier , idée qui fournit les bases théori ques de l'extension du pouvoir cent ral.
Depuis Philippe le Bel, l'idéologie de la souveraine té s'est formée contre les prétentions tempor elles des papes.
Mais il faudra
attendre Louis XI pour que la monarchie centralisée soit vraiment en place.
BIBUOGRAPHIE Éditions.
-Brunet.
Traiter.
des droits et liberter.
de l'Église Gallicane, II, 1731, rééd., Gen ève, Slatkine Reprints ; M.
Scbnerb-Lièvre, éd.
du C.N.R .S., 1982.
Études.
- A.
Coville, Évran de Trémangon et « le Songe du verger », Genève, Droz, 1933 (plaquette sur les problèmes d'at tri bution); G.
de Lalande, « le Songe du verger» et les origines du gallicanisme, Thouars, 1934; M.
Lièvre, «Notes sur les sour ces du Somnium viridarii et du Songe du verger», Romania, LXXXII, 1961..
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