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SPINOZA Éthique

Publié le 01/05/2014

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spinoza

SPINOZA

Éthique

La métaphysique est, on le sait, un champ de batail­les', et l'on n'y doit escompter ni pitié ni merci. Rares, cependant, furent les auteurs à susciter autant de réfu­tations, rares surtout les philosophes à souffrir, de leur vivant comme après leur mort, autant d'attaques hai­neuses. Tel ce jugement porté par un certain docteur Musœus sur l'auteur du Traité théologi co-pohtique, et que nous rapporte Jean Golems, l'un des premiers biogra­phes de Spinoza2 : < Le diable a séduit un grand nombre d'hommes, qui semblent tous être à ses gages, et s'atta­chent uniquement à renverser ce qu'il y a de plus sacré au monde. Cependant, il y a lieu de douter si, parmi eux, aucun a travaillé à ruiner tout droit humain et divin avec plus d'efficacité que cet imposteur, qui n'a eu d'autre chose en vue que la perte de l'État et de la religion. «

Cette détestation généralisée du « spinozisme «, si universellement partagée, si prégnante dans l'espace philosophique, pourrait constituer un principe de lec­ture. On aborderait alors l'oeuvre de Spinoza en ayant à l'esprit les problèmes suivants : pourquoi un phi­losophe se glorifiant de prendre pour point de départ Dieu put-il être accusé d'athéisme3 ?

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« SPINOZA 739 prec1sement le Traité théologico-politique, écrit au moins partiellement en vue de réfuter cette opinion 1 , qui la devait conforter? Pourquoi une éthique fondée sur l'identification de la liberté, de la vertu et de la vie rationnelle put-elle être considérée comme une apologie subtile de 1'1mmoralité? Pourquoi l'affir­ mation2 selon laquelle les idées ne reconnaissent pas plus pour cause des corps que ceux-ci ne peuvent être réduits à celles-la put-elle être oubliée au profit d'une qualification, selon les cas, d'idéalisme ou de matérialisme? Nous pourrions ainsi multiplier les interrogations, qui toutes nous ramènent à une unique question : pourquoi était-il nécessaire que Spinoza ne fût jamais compris et pis encore, suscitât une telle hargne ? Une première réponse, d'apparence extra-philoso­ phique, peut être apportée en méditant le caractère paradoxal de la biographie spinoziste.

C'est que le personnage dérange, par sa vie qui contredit aux schèmes communs et ne peut qu'inquiéter ses contempteurs.

Cet homme que l'on présente comme un athée mène une vie si sage et retirée que Jean Colerus, pourtant hostile à la doctrine de cet impie, ne peut cacher sa surprise, multipliant les témoignages de sa modestie 3 .

Ce juif marrane - ainsi désignait-on les juifs d'origine espagnole ayant tenté de se soustraire par une apparente conversion au décret d'expulsion pris par Isabelle la Catholique en 1492 -, après avoir été l'orgueil de ses maîtres, accueille la nouvelle de son excommunication avec indifférence.

Enfin, ce sage vivant retiré du monde ne craint pas d'intervenir dans les affaires politiques de son siècle.

Naître en 1632 à Amsterdam, dans une famille pro­ priétaire d'une maison de commerce, c'est être contemporain de l'essor général des Provinces-Unies 1.

Lettre XXX à Oldenburg.

2.

Éthique, Deuxième partie, Propositions 5 et 6, p.

74-75.

3.

On en trouvera, par exemple, une longue énumération dans l'édition de La Pléiade, p.

1319-1323.. »

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