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Éthique, l' [Baruch Spinoza] - fiche de lecture.

Publié le 08/05/2013

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Éthique, l' [Baruch Spinoza] - fiche de lecture. 1 PRÉSENTATION Éthique, l' [Baruch Spinoza], ouvrage majeur de Baruch Spinoza, publié sous les seules initiales de son auteur peu de temps après sa mort, en 1677. Cet ouvrage, dont le titre exact est l'Éthique démontrée selon la méthode géométrique (Ethica ordine geometrico demonstrata : à la manière des éléments d'Euclide) a été rédigé par Spinoza pendant près de quinze ans. Il comporte cinq parties, ellesmêmes divisées en définitions, axiomes et propositions. Ces dernières donnent lieu à des démonstrations qui sont « des yeux de l'esprit par lesquels nous percevons «, puis à des scolies et corollaires dans un style moins contraignant et souvent polémique. Le rationalisme de Spinoza se révèle donc d'emblée dans le choix d'un exposé rédigé comme un vaste syllogisme, de telle sorte que tout l'édifice des propositions subséquentes de l' Éthique se déduise de ses prémisses ; « Descartes a commencé par l'esprit ; moi, je commence par Dieu «, aurait-il dit. 2 ÊTRE EN SOI ET CONCEVOIR PAR SOI Aussi, la première partie intitulée De Dieu commence-t-elle par une définition de la cause en soi (causa sui) comme substance : soit, ce dont le concept ne peut donner lieu à aucun autre concept duquel il puisse être déduit : comme telle, la substance est infinie ; celle-ci comporte en outre une infinité d'attributs et de modes. Or l'étendue et la pensée sont les deux attributs que « l'entendement saisit de la substance comme constituant son essence «. Si la substance en tant que telle s'implique ellemême comme cause de soi, notre entendement ne la conçoit toutefois que sous deux espèces. Par suite, il distingue l'étendue et la pensée selon deux points de vue : rapportés à elles-mêmes (ou forme), elles ne s'expliquent que par elles-mêmes (par soi) : ce sont des attributs ; selon leurs déterminations (ou contenu), elles sont respectivement impliquées par la figure et le mouvement (espace), et l'idée (pensée) : ce sont des modes (ou affections de la substance) ; en outre, infinis dans le premier cas, ils sont finis dans le deuxième. Toutefois, l'infinité de la substance n'est pas celle de l'attribut. On se gardera en effet d'identifier l'infinité de la première en tant qu'infinité intrinsèque ou infinité de l'infinité ( en soi et par soi), et les deux infinités relatives ou adventices de la pensée et de l'étendue, en tant qu'elles ne comprennent pas leur principe (par-soi sans être en-soi). De là, on déduit que ne se limitent que des choses de même nature : la limite de la pensée n'est donc pas le corps, comme chez Descartes, mais la pensée elle-même (index sui), et inversement ; ceci, en vertu précisément de la substance (ou de Dieu) dont on doit conclure nécessairement à l'indivision, l'unicité et l'infinité : « Ce qui est infini en son genre seulement, nous en pouvons nier une infinité d'attributs ; mais ce qui est absolument infini, il appartient à son essence tout ce qui exprime l'essence et n'enveloppe aucune négation «. Or, première preuve de l'existence de Dieu, « il est de la nature d'une substance d'exister « ; Spinoza la complète en faisant de Dieu même la preuve de son existence, car son i...
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« seule et même chose ».

C’est que l’âme ne veut ou ne se produit comme telle qu’en tant qu’idée (percept) de l’entendement (concept), lui-même expression du « premier et unique fondement de la vertu » qu’est l’effort propre à toute chose de persister dans son être : « Je dis qu’une chose est libre, quand c’est par la seule nécessité de sa nature qu’elle existe et est déterminée à agir ».

Comprendre, c’est aussi bien vouloir comprendre la volonté de Dieu que vouloir ce que Dieu comprend : nous sommes d’autant plus agents dans le monde que nous sommes patients en Dieu, et inversement.

Dès lors, c’est de notre bon vouloir que dépendent les choses jugées par nous bonnes ou mauvaises, et non l’inverse.

Telles sont les conditions de la liberté humaine comme autonomie rationnelle.

Aussi l’homme ne demeure-t-il perfectible qu’à raison de l’effort intellectuel ou autocritique consenti en vue de sa transparence intellectuelle à l’ordre divin immanent du monde : « la perfection des choses doit être estimée seulement d’après leur nature et leur puissance », et non d’après la représentation adventice d’une fin providentielle ou paradigmatique.

Qu’il suffise donc de donner au conatus élémentaire qui gît en tout être sous forme de persistance une représentation adéquate, c’est-à-dire consciente d’elle-même dans le désir (cupiditas), et l’on départira la joie de la tristesse selon que, respectivement, elles accroissent ou diminuent notre puissance d’agir.

L’amour et la haine, l’espoir et la crainte ne se distinguent de ces deux affectus primitifs que par l’imagination dont ils procèdent.

Ainsi, par exemple, « l’amour est la joie accompagnée de l’idée d’une cause extérieure », c’est-à-dire une affection corporelle déterminée par l’image d’un objet extérieur et donc imaginaire.

En ce sens, l’amour n’est qu’une joie imaginaire, ou une imagination de la joie.

Reste toutefois que la connaissance rationnelle peut nous affranchir de cette alternative, dont procède celle de l’amour et la joie en tant qu’on les éprouve aussi bien successivement que simultanément.

C’est pourquoi la connaissance du bien et du mal ne nous donne qu’un pouvoir relatif sur nos imaginations comme sur nous-mêmes, de la même manière que l’image mentale du soleil que nous percevons nous assujettit à une alternative qui trahit notre passivité.

En effet, tant que nous ne connaissons pas le soleil comme objet de l’astronomie, nous conjecturons inévitablement son éloignement ou sa proximité. 5 LE DÉSIR DE RAISON Il n’en ira donc pas autrement s’agissant de la vie sociale, où vivre selon la raison — par nature commune à tous les hommes —, c’est fonder la société sur le désir réfléchi (ou rationnel), l’utilité réciproque et l’accord mutuel des uns et des autres. Mais comme il ne se peut pas faire qu’il n’y ait des bons (conscients) et des méchants (inconscients), des règles de conduite s’imposent.

En outre, « l’homme qui se conduit selon la raison est plus libre dans la cité, où il vit sous la loi commune, que dans la solitude, où il n’obéit qu’à lui-même ».

C’est que, comme il est de la nature ou de l’essence de l’homme de persister, autrement dit, de jouir infiniment de « l’exister ou de l’ esse », il ne peut trouver dans la cité que matière à exercer sa puissance (intellectuelle) en l’éprouvant au contact de ses concitoyens, comme autant d’occasions d’asseoir son équanimité ou son égalité d’âme, et ce, à proportion de l’égalité d’être de toute chose — soit de Dieu, ou de la nature.

En effet, comme « il n’est aucune affection du corps dont nous ne soyons capables de former un concept clair et distinct », c’est-à-dire qui ne puisse être rattaché à la série infinie des causes, alors nous sommes en mesure d’intellectualiser ou de sublimer nos affections corporelles ou notre passivité.

L’action morale ne se réglera donc pas sur des préceptes, en définitive toujours contingents, mais sur le sentiment moral, toujours rationnel par définition.

La raison étant notre souverain bien, sera dite par là joie ; pour autant qu’elle est la joie pour ainsi dire accompagnée de l’idée de sa propre essence, c’est-à-dire la joie jouissant d’elle-même, joie de pouvoir l’être infiniment, soit : l’amour de soi et par soi (en Dieu).

Il suit de là que nul ne peut, sans déraisonner, haïr Dieu, non plus les hommes que la nature. 6 LE DÉSIR DU DÉSIR C’est dire que la connaissance objective ou abstraite n’est pas encore cette connaissance dite intuitive ou du troisième genre, laquelle ne s’applique expressément qu’aux choses singulières, à leur ipséité comme mode d’être.

Dans son essence, mode éternel de l’intellection infinie, l’âme peut être envisagée depuis et en vue de cette éternité qui ne serait pas une simple détermination négative du temps (sans commencement ni fin), mais serait de tous les instants sans en être aucun.

De même, le corps serait irréductible à une enveloppe charnelle non plus qu’à la seule consécution des affections que l’âme imagine à tort (dans la connaissance du premier genre) ou à raison (dans la science du second genre).

Il serait comme doué d’une forme ou d’une corporéité individuelle à laquelle correspond une idée indivise en Dieu, car elle est un mode éternel de l’étendue infinie.

C’est que le concept de division n’est pas chez Spinoza subséquent à celui de l’indivision : ils sont pour ainsi dire contemporains l’un de l’autre car compris dans l’économie générale de l’être (ou Facies totius universi ).

Le mode se révèle être à la fin l’expression finie d’une puissance infinie grâce à laquelle « nous sentons et nous expérimentons que nous sommes éternels ».

Il nous est loisible dès lors de méditer et de contempler, à proportion de notre persistance, l’ordre des réalités éternelles, puisque « notre âme est un mode éternel du penser, qui est déterminé par un autre mode du penser, et celui-ci, à son tour, par un autre, et ainsi de suite à l’infini » : cette réverbération révèle l’affinité infinie des modes finis.

L’intelligence des choses par le tiers genre de connaissance — « suprême effort de l’âme et sa suprême vertu » — conduit alors à l’amour dit intellectuel de Dieu, pur exercice d’intellection pour ainsi dire naturante. C’est ainsi que l’homme, comme mode naturé ou déterminé, se déduit comme réflexion à la seconde puissance.

Non pas cependant comme les propriétés d’une figure géométrique se laissent déduire de sa définition ; pourquoi ? Parce que, si « un effet est le plus parfait de tous, s’il est produit immédiatement par Dieu », alors l’affinité intellectuelle (du mode) et l’intelligibilité infinie (de la substance) ne s’entendent plus en termes de définition (puis de déduction) mais de manière congénitale, co-naturelle ou co-native ; voilà pourquoi nous pouvons accéder à la béatitude, ou contentement de soi dans l’ aquiescentia in se ipso. De ce que la sagesse ou le salut soit « ardu qui est atteint si rarement », et ne soit pas « à portée de main et accessible sans grand effort », Spinoza ne s’est point ému : il se sera contenté de « fixer le vertige » de l’éternité, en produisant l’une des plus grandes œuvres qui ait jamais été écrite : soit, une de ces belles choses dont il conclut lui-même qu’elles sont « difficiles autant que rares ». Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

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