Stello de Vigny (résumé)

Stello

« Je l'ai dit et pensé souvent, Stello a donné le vertige à la critique », écrit Vigny en 1832, année de la publication en librairie de cette « première consultation du docteur Noir ». Ce roman, où Vigny conte, adaptée aux besoins de la thèse, l’histoire de trois poètes assassinés par le Pouvoir, Gilbert, Chatterton et André Chénier, vaut par la démonstration et par la forme, étonnamment moderne.

Deux hommes confrontent leurs idées : le docteur Noir, tenant de l'«analyse» qui «désespère le Faible mais conduit le Fort », et le poète Stello, qui, dans son fameux credo, affirme le caractère prophétique et sacré du poète, dont il trouve en lui-même preuve et justification : « Je crois en moi, parce que je sens au fond de mon cœur une puissance secrète, invisible et indéfinissable, toute pareille à un pressentiment de l’avenir et à une révélation des causes mystérieuses du temps présent ». Les personnages sont donc fortement schématisés, et la stylisation, ressortissant à la nécessité d’être clair, ne refuse pas la caricature. L’indifférence médiocre et glacée de Robespierre (« On voit beaucoup d'hommes de bureau qui lui ressemblent, et aucun grand caractère de visage n’apportait l’émotion avec sa présence »), la naïveté et la suffisance de Sainl-Just font écho à la légèreté criminelle de Louis XV et au béotisme du lord-maire de Londres, comme elles s’opposent à la pitié généreuse de Stello et à la fermeté lucide du docteur Noir. Il s’agit de démontrer, c’est-à-dire d’exposer et d'expliquer.