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Tartuffe de Molière (Lecture)

Publié le 22/02/2012

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Si le roi apprécie la première représentation de Tartuffe, en 1664, dans sa grande sagesse, il laisse interdire la pièce. C'est que les membres influents de l'ex-Compagnie du Saint-Sacrement, qui se chargeait de veiller dans tous les milieux au respect de la morale catholique, voient dans ce premier Tartuffe une attaque blasphématoire. Il faudra cinq ans, trois versions, et attendre que Louis XIV maîtrise les tensions dans le milieu catholique, pour que Molière impose enfin sa pièce, Tartuffe ou l'Imposteur : c'est dire si le sujet lui tenait à coeur.
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« Vrais croyants et faux dévotsPour comprendre les passions que déchaîna la pièce, il faut la replacer dans son contexte social.

Tartuffe caricatureà peine les dévots qui regroupaient aussi bien des croyants sincères tels Bossuet ou saint Vincent de Paul qued'habiles escrocs qui profitaient de la naïveté des autres.

Le terrain était donc dangereux et l'on reprochait à Molièrede salir les vrais croyants tout autant que les faux dévots parce qu'il ne précisait pas assez l'imposture dupersonnage.

On lui reprochait également de représenter et de mettre en cause la religion dans un divertissementprofane que l'Eglise condamnait par ailleurs.

Malgré l'interdiction qui ne visait que les représentations publiques,Molière donna lecture privée, adressa au roi plusieurs « placets »...

Mais il lui faudra attendre 1667 pour qu'enfin leroi autorise la représentation en public.

Le succès fut considérable et la pièce fut jouée soixante-dix-sept fois duvivant de l'auteur. Un personnage centralTartuffe est sans conteste la pièce la plus structurée qu'ait écrite Molière.

Aucune intrigue secondaire, aucun détailn'est laissé au hasard et, si l'on excepte l'intervention du roi, tous les éléments mis en place tendent vers la scènefinale.

L'intrigue sentimentale est immédiatement évoquée ainsi que la menace que représente Tartuffe (vers 217-218) et, bien sûr, ne connaîtra son dénouement qu'à la fin de la pièce.

Entre ces deux temps, Molière fait évoluerson personnage de dévot de façon à ce qu'il déstabilise complètement l'unité familiale grâce à l'emprise qu'il a surOrgon.

Lorsqu'il sera démasqué, il passera de la manigance à la déclaration de guerre.

La pièce est tellement bienajustée qu'il faudra l'intervention d'un deus ex machina (le roi) pour que la comédie ne tourne pas au drame.Tartuffe, l'hypocrite par excellence, utiliseainsi toutes les ficelles du métier : il sollicite, se pose en saint, tâche d'arracher par le discours ce qu'on lui refuseet enfin utilise la force.Ce type de personnage sera fréquemment attaqué par Molière dans son théâtre (Lé Misanthrope, 1666, Don Juan,1665).En 1667, miné par la lutte contre les dévots, l'auteur tombe gravement malade.

Après quelques années durantlesquelles il n'écrit plus que des oeuvres de moindre importance, il écrit coup sur coup Les Fourberies de Scapin(1671), Les Femmes savantes (1672) et Le Malade imaginaire (1673) qu'il joue dans un fauteuil.

Le matin de laquatrième représentation, il est emmené d'urgence à son hôtel où il meurt après quelques heures.

Malgré sademande, il n'a pas pu voir de prêtre et le curé de Saint-Eustache refuse l'inhumation en terre consacrée.

Il faudral'intervention du roi pour que semblent s'apai-ser les passions... 1 LE CONTEXTE Si le roi apprécie la première représentation de Tartuffe, en 1664, dans sa grande sagesse, il laisse interdire lapièce.

C'est que les membres influents de l'ex-Compagnie du Saint-Sacrement, qui se chargeait de veiller dans tousles milieux au respect de la morale catholique, voient dans ce premier Tartuffe une attaque blasphématoire.

Il faudracinq ans, trois versions, et attendre que Louis XIV maîtrise les tensions dans le milieu catholique, pour que Molièreimpose enfin sa pièce, Tartuffe ou l'Imposteur : c'est dire si le sujet lui tenait à coeur. 2 LE TEXTE Tartuffe, gentilhomme ruiné et faux dévot ostentatoire, s'est introduit comme parasite et directeur de consciencechez le grand bourgeois Orgon.

Il y contrôle tout, se voit accorder la fille de son hôte, pourtant promise à Valère,courtise sa femme et reçoit sa fortune en donation.

Elmire, épouse fidèle, parvient enfin, au péril de sa vertu, àdessiller Orgon, mais quand ce dernier veut chasser l'imposteur, il s'aperçoit qu'il est dépouillé de tout, y compris depapiers compromettants.

Le dénouement promet d'être tragique mais le roi, dans sa suprême lucidité, reconnaît unescroc en Tartuffe venu dénoncer Orgon.

Tout rentre dans l'ordre : Orgon retrouve ses biens et sa fille épouseraValère, f« amant sincère ». 3 LES THÈMES MAJEURS La vraie et la fausse dévotionTartuffe, comme le souligne le sous-titre de la pièce, est un « imposteur », qui exploite la ferveur de bourgeois naïfs: faux fou de Dieu, il « en fait trop » dans les gestes, dans les accessoires (« hère et discipline ») et surtout dans lelangage.

Molière confie à Cléante, le sage de la pièce, le soin de distinguer entre faux et vrais dévots (discrets,tolérants).

Mais quand il met dans la panoplie de Tartuffe des discours jésuites sur la « beauté des créatures » ousur la « direction d'intention », qui attaque-t-il ? La passionUn bourgeois rassis, pris d'une tardive passion, fait peser les pires dangers sur la vie de sa famille : amour, honneur,fortune, liberté, tout est sacrifié à Tartuffe, qu'il supplie : « Restez, il y va de ma vie ! » Cette situation,éminemment moliéresque, tire toute sa force ici de la remise en cause non plus de l'avarice ou du snobisme, mais dela foi et de la démission.•i.

"hypocrisieAu-delà du faux dévot, Tartuffe incarne le type éternel de l'hypocrite, qui sait toujours exploiter à son profit lesvaleurs dominantes.

« Comme il sait de traîtresse manière / Se faire un beau manteau de tout ce qu'on révère ! » Ledernier acte montre que l'hypocrisie est tout autant un vice politique qu'un danger social.. »

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