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Tête D'OR, drame de Paul Claudel

Publié le 18/05/2019

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Tête D'OR, drame de Paul Claudel (1890). Composé en 1889, à l'âge de 20 ans, ce drame est le premier publié par Claudel. Dans un style inspiré d'Eschyle et de Shakespeare, et dans une tonalité proche de Nietzsche, à travers des personnages incarnant les divers aspects de sa personnalité, l'auteur peignait le « combat spirituel » qui se livrait en lui depuis sa conversion. Cébès, adolescent faible et tourmenté, rencontre un soir Simon Agnel, un jeune homme accablé par la mort de sa compagne et la vanité de la vie, mais doué, lors d'une mystérieure illumination, de la force et de la volonté de vivre (lre partie). Tandis que Cébès meurt de maladie, Simon, surnommé Tête d'or en raison de ses longs cheveux blonds, a sauvé le royaume et repoussé les ennemis. Révolté par la mort de son ami, mais résolu à s'emparer du pouvoir, il tue le vieil Empereur et chasse la Princesse héritière (2e partie). Vaincu à son tour et blessé mortellement, Tête d'or secourt la Princesse, crucifiée par un déserteur, et lui rend la couronne, avant qu'ils ne meurent tous deux (3e partie). Ce « drame de la possession de la Terre » illustre à la fois le désespoir, le désir et l'échec de l'homme sans Dieu, ainsi que la résistance et l'abandon de Claudel à la Grâce divine, incarnée par la Princesse.

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« La scène de ce drame est le monde...

Paul Claudel Paul Claudel (1868-1955), dans son drame composé de 1919 à 1924, Le Soulier de Satin, fournit d'abondantes didascalies (indications scéniques), en préambule à la première scène, afin de créer une atmosphère empreinte defamiliarité, de spontanéité, d'un certain sans-gêne, qui doit être aussi savamment entretenue par les ouvreuses, lesinstrumentistes.

Quand l'Annoncier fait son apparition, c'est pour présenter brièvement le titre de la pièce puis le lieuet l'époque où se situe le drame.

Voici ce qu'il dit aux spectateurs : «Le Soulier de satin ou Le Pire n'est pas toujours sûr Action espagnole en...

quelques journées.

Coup bref de trompette.

L'Annoncier remercie.

Il poursuit: La scène de ce drame est le monde et plus spécialement l'Espagne à la fin du XVI' siècle, à moins que ce ne soit le commencement du XVIIe siècle.

L'auteur s'est permis de comprimer les pays et les époques, de même qu'à la distance voulueplusieurs lignes de montagnes séparées ne font qu'un seul horizon.

» A en croire l'annoncier, l'auteur prend toutes les libertés à l'égard et de l'espace et du temps car il prétend profiterdu recul historique (la vue à distance unifie l'horizon) pour saisir la totalité du monde.

L'époque considérée se prêteparfaitement à ce coup d'oeil d'ensemble : la Renaissance prend fin, les Temps modernes s'ébauchent, l'Espagne està son apogée, et le monde entier n'est plus à découvrir. La tâche qui, désormais, s'impose à l'Espagne, première puissance européenne, est de consolider son hégémoniemondiale et d'évangéliser les terres nouvellement conquises de son immense empire colonial. Effectivement, le drame collectif (drame signifie en grec « action ») élargi aux dimensions du monde, de l'Espagne conquérante et catholique, s'incarne dans les projets des personnages de la pièce.

Si le Vice-Roi de Naples estl'homme de l'Europe, Rodrigue fait sienne la vocation catholique d'annexer l'Amérique, tandis que Prouhèze s'évertueà défendre l'Afrique menacée par l'Islam. Mais si le drame prend son ampleur dans la confrontation des individus et du monde, il acquiert son humanité dans leconflit personnel qui, tout à la fois, unit et sépare ces individus : « ce drame est l'histoire de deux amants qui ne peuvent pas parvenir à se rejoindre.» (Entretiens avec Jean Amrouche, 35e entretien).

Prouhèze, unie par le sacrement du mariage à Don Pelage puis à Don Camille, est une femme interdite à Rodrigue, en dépit d'une passionréciproque. Comme Le Pire n'est pas toujours sûr — sous-titre du Soulier de satin, le drame (historique et individuel) se voit pleinement motivé par le recours à un dessein providentiel : l'Espagne, lieu privilégié du drame, n'est pas seulementle champion de l'Occident catholique au cours de cette période historique qu'est la Renaissance, elle est égalementinvestie d'une mission qui transcende l'Histoire : faire triompher la foi chrétienne, comme le frère jésuite, frère deRodrigue, attaché par les pirates à son mât, à cette croix qui «flotte sur la mer».

Rodrigue, le conquérant, poursuit l'oeuvre de Christophe Colomb, le découvreur.

Tous deux sont voués à donner à l'Histoire un sens, c'est-à-dire,selon Claudel, une orientation voulue par Dieu et incarnée dans un mouvement qui va d'une origine vers sa fin : « La civilisation chrétienne vient de quelque part et va ailleurs.

C'est là l'origine de son côtédramatique; l'Histoire a un sens et le rôle du dramaturge — Shakespeare, par exemple —, est de déterminer ce sens et de montrer d'où elle vient et où elle va.

» (Entretiens avec J.

Amrouche, «34e entretien ») Ainsi Rodrigue apparaît-il comme l'un de ces « rassembleurs » qu'évoque Claudel dans le 4e entretien avec J. Amrouche.

La remarque est d'importance car Claudel rattache cette conception, à l'oeuvre dans son drame, à unevocation personnelle, conçue dans son enfance : «Christophe Colomb a été un peu un achèvement du Soulier de satin.

On ne peut pas s'empêcher d'être frappé de la correspondance, de la ressemblance qu'il y a entre Christophe Colomb et Don Rodrigue : l'un est unconquérant, l'autre est un découvreur; tous les deux, on peut dire, sont ce que les Russes appellent des «rassembleurs » de la terre, rôle qui m'a toujours été extrêmement sympathique puisque, tout jeune encore,quand, des hauteurs de mon village, je voyais pour ainsi dire toute la terre se déployer devant moi, j'avaisl'idée de cette vocation qui s'impose à certains hommes de rassembler tout ce qui s'offre à leur vue et d'enfaire un objet d'une espèce de conquête.

» Or Claudel a écrit un admirable passage à ce sujet, paru en 1898 et inséré en 1900 dans Connaissance de l'Est, qui fait partie du texte intitulé « Rêves » et préfigure cette «passion de l'univers» à laquelle s'adonnera le diplomate (consul puis ambassadeur) autant que le poète Paul Claudel : « — Et je me revois à la plus haute fourche du vieil arbre dans le vent, enfant balancé parmi les pommes.

Delà, comme un dieu sur sa tige, spectateur du théâtre du monde, dans une profonde considération, j'étudie lerelief et la conformation de la terre, la disposition des plantes et des plans; l'oeil fixe comme un corbeau, jedévisage la campagne déployée sous mon perchoir, je suis du regard cette route qui, paraissant deux foissuccessivement à la crête des collines, se perd enfin dans la forêt.

Rien n'est perdu pour moi, la direction desfumées, la qualité de l'ombre et de la lumière, l'avancement des travaux agricoles, cette voiture qui bouge sur. »

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