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Théophraste : Les Caractère

Publié le 31/03/2013

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Impressionné par son talent oratoire, Aristote aurait changé le nom de son élève par deux fois. C'est ainsi que Tyrtamos devint Euphraste (le bien parlant) avant de se faire définitivement appeler Théophraste (le divinement parlant). Bien que d'un âge avancé, Théophraste se serait plaint sur son lit de mort de la brièveté de la vie et de l'iniquité de la nature qui accorde à des animaux sans raison une longévité dont ils ne savent que faire.

« ~-- ---- EXTRAITS Le Bavard Le bavardage est la manie de parler beau­ coup et inconsidérément.

Et voici quelle sorte d'homme est le bavard.

Assis à côté d'un inconnu, il fait pour commencer l'éloge de sa femme ; puis, il raconte le songe qu'il a eu la nuit précédente; ensuite il passe à son dîner, dont il détaille exacte­ ment le menu ; enfin, de propos en propos, il déclare que les hommes d'aujourd'hui sont bien loin de valoir ceux d'autrefois; que le blé ne se vend pas bon marché sur l'agora; qu'il y a en ville une affluence d'étrangers; qu'à partir des Dionysies, la mer devient navigable; qu'un peu de pluie, s'il plaisait à Zeus, ferait du bien aux ré­ coltes; qu'il cultivera sa terre l'année pro­ chaine ; que la vie matérielle devient bien difficile ; que c'est Damippos qui, aux Mystères, a consacré le plus grand cierge ; et quel est le nombre des colonnes de l'Odéon.

Il vous apprendra encore que c'est au mois de Boédromion qu'ont eu lieu les Mystères, au mois de Pyanopsion les Apaturies, au mois de Poséidon les Dionysies rustiques.

« Hier, continue-t-il, j'ai pris un vomitif», et « Quel jour est-ce aujourd'hui ? » ...

Le Rustre La rusticité est, semble-t-il, une grossièreté qui ignore les bienséances.

Et voici quelle sorte d'homme est le rustre.( ...

) Il porte des souliers trop larges pour son pied.

Il a le verbe haut.

Défiant à l'égard de ses amis et de ses proches, il fait à ses domestiques la confidence de ses plus grands secrets ; et, quand il revient de l'assemblée, il raconte aux mercenaires qui travaillent aux champs tout ce qui s'est passé.

En s'asseyant, il re­ trousse son manteau au-dessus du genou, sans souci de laisser apercevoir sa nudité.

Rien dans les rues ne l'étonne ni ne le frappe ; mais qu'il rencontre un bœuf, un âne, un bouc, le voilà en arrêt pour les contempler.

( ...

)C'est un homme qui boit sec.

Il fait en cachette la cour à la boulan­ gère et l'aide ensuite à moudre la farine né­ cessaire à lui-même et à toute la maison.

Tout en déjeunant, il va par la même occa­ sion donner le fourrage aux bêtes.

( ...

) Reçoit-il de l'argent d'un débiteur, il refuse la monnaie sous prétexte qu'elle n'a pas le poids et en exige d'autre à la place ...

Le Répugnant Il ne craint pas, malgré sa lèpre, ses dartres, ses ongles tout noirs de mal, de se montrer en public : ce sont là, dit-il, des infirmités héréditaires ; avant lui, son père et son grand-père les ont eues, en sorte qu'il ne se­ rait pas facile d'introduire par fraude un étranger dans la famille.

Quand il a aux jambes quelque plaie ou une écorchure aux doigts, il la laisse.faute de soins, s'enveni­ mer.

Il a les aisselles velues comme une bête jusqu'à mi-flanc, les dents noires et rongées ce qui rend son abord fort déplaisant.

Autres traits du même genre.

Il se mouche en man­ geant.

Dans un sacrifice, ils' éclabousse du sang de la victime.

En causant, il vous as­ perge de salive.

Après avoir bu, il vous rote au nez.

NOTES DE L'ÉDITEUR Né en 372 av.

J.-C.

à Lesbos, Théophraste allait recevoir une éducation brillante à Athènes, où il fut successivement le disciple de Platon -jusqu'à sa mort survenue en métaphysique, de morale, de politique, de logique, de rhétorique ...

aujourd'hui tous perdus), égala celui d'Aristote; mais nous n'avons plus, pour nous en convaincre, que cet opuscule des Caractères et deux ouvrages complets sur les plantes.

mérites propres de son devancier grec.

Dans un champ d'observation, à la vérité incomparablement moins étendu( ...

), Théophraste se révèle lui aussi un observateur avisé et sagace de la nature humaine.

Il a eu à un rare degré le don de la vision concrète : toute les singularités extérieures qu'il a enregistrées, et c'est par centaines qu'on les compte, ont une saveur franche de réalité vue et entendue.

» 347 -puis d'Aristote, de qui il reçut la direction du Lycée, lorsque le célèbre Stagyrite dut s'exiler d'Athènes, sous la menace d'une accusation d'impiété.

Sans avoir son génie, le savoir encyclopédique de Théophraste (il composa des traités de 1 Roger-Viollet 2, 3, 4 figures ornant des vases grecs antiques/ Giraudon « Le nom de Théophraste en France est devenu inséparable de celui de La Bruyère, qui l'a imité et infiniment surpassé.

Il ne faudrait pas cependant que cette comparai­ son accablante nous fit méconnaître les O.

Navarre, introduction, Les Belles­ Lettres, 1920.

THÉOPHRASTE 02. »

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