TRAVAILLEURS DE LA MER (Les) de Victor Hugo (résumé)

« à vapeur, innovation ressentie par la plupart des marins de cette île comme une menace pour leur gagne-pain.

L'un d'eux, le capitaine Clubin, pro­ voque son naufrage.

L'armateur, le vieux Mess Lethierry, qui voudrait faire renflouer le navire, se heurte à l'hosti­ lité générale et finit par offrir la main de sa nièce Déruchette à qui récupé­ rera au moins les machines.

Seul Gil­ liatt, un pêcheur taciturne et dénigré, veut tenter l'exploit, prétendant ainsi à Déruchette, dont il est amoureux.

Il risque mille fois sa vie, affronte une pieuvre gigantesque, mais sa témérité a raison de tous les obstacles.

A son retour, il découvre l'amour de Déru­ chette pour Ebenezer, un jeune pas­ teur.

Gilliatt se sacrifie: il favorise la fuite des deux amants.

Puis il attend la mort sur un rocher que la marée haute reco uvre à l'endroit même où, autre­ fois, il avait sauvé Ebenezer de la noyade.

t Ayant quitté Jersey pour Guernesey en octobre 1855, Victor Hugo 0802-1885) y prolonge son exil volontaire au milieu d'un univers marin.

Après Notre-Dame de Paris* et Les Misérables*, qui dénon­ çaient respectivement les fatalités du dogme et celles des lois, il aborde, dans ce roman, la troisième ananké, la fatalité des choses.

A première vue, cet ouvrage apparaît comme une épopée du progrès et de l'océan: Hugo exprime sa foi dans les conquêtes de la mécanique, dans la lutte que mène l'homme contre la nature, dans le travail sur la matière et l'informel.

Mais son hymne à la gloire des travailleurs est étouffé par ses angoisses, par la résignation chère aux roman­ tiques.

L'abnégation de Gilliatt rappelle le pardon, la générosité de Jean V al jean; si Les Misérables étaient une épopée du peuple, Les Travailleurs de la mer affir­ ment un isolement farouche, disent une défaite héroïque et la dissolution dans la matière.

t ll s'agit bien d'une épopée de la mer et d'un héros aux prises avec les fatalités cosmiques, qui réussit à faire reculer les frontières du possible, qui combat le Mal sous la forme d'une pieuvre, et qui, par la rêverie, déchiffre les signes inscrits dans la création.

Mais s'il arrive à sonder les profondeurs de l'océan, il se perd dans l'abîme de la femme: il est vaincu par des obstacles moraux et spirituels; le sacri­ fice de son amour et son engloutissement final ne sont pas le signe d'une renais­ sance, d'une assomption.

Ce roman met en scène l'affrontement des pouvoirs de l'homme et de la fatalité, l'approfondis- sement des mystères de l'être humain et de la création par la rêverie, mais débouche sur une défaite héroïque devant l'impossibilité de l'amour.

ÉomONs: Hugo.

Les Travailleurs de la mer.

éd.

Yves Gohin.

Gallimard.

•La Pléiade·.

1975.

Éd.

Marc Eigeldinger.

Flammari on.

•G.F.•.

1980.

É'n!DES: Pierre Albouy, La Création mythologique chez Victor Hugo.

José Cm"ti.

1963.

Jean-Bertrand Barrère, La Fantaisie de Victor Hugo.

Klincksieck.

1972-1973.. »