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Tristan BERNARD : Aux abois

Publié le 22/09/2012

Extrait du document

Jean-Baptiste Baronian ne nous invite pas à redécouvrir Tri stan Bernard, mais tout simplement à le découvrir : Tristan Bernard n 'est pas seulement un auteur de théâtre, il est aussi conteur, nouvelliste et romancier. Aujourd'hui, on commence à se rendre compte que quelques-unes de ses fictions n'ont pas pris de rides et que certaines d'entre elles sont des plus modernes . On peut même y déceler une manière d'écriture blanche, neutre, presque élémentaire qui préfigure...

« l\lus1ra1ion J.

Simon Au jo u rd' hui quelqu e peu délaiss é par le publi c du livr e, Tri stan Bernard fut pourtant une figure important e de son époque.

Ses pièces de théâ tre lui valu­ re nt un fran c succès à travers la Fran ce, et bien vit e il put jouir d'une solide réputation d' hum o­ riste.

Cependant , ce tte réputation ne vaut guère pour les romans où les per­ sonnages, bien lo in d 'ê tre comiqu es, sont au contrair e tout à la fois tristes et ly m­ phatiques.

lam en­ tabl emen t e nfouis dans un confort déri­ soire ne révélant au fond qu'une profon­ de ame rtum e.

Le livre L'enfer du vide P aul Duméry n'a rien d'un assassin.

C'est un homme comme les autres, et donc aussi, comme tout le monde , un criminel en puissance.

En revanche , un soir, chez 1 'ancien clerc d 'hui ssier Sarrebry, tout bascule.

Par un geste grave, absurde et irréfléchi , ce qui n'était qu'un état latent devient effectif, et Duméry se glisse dans fà,,peau de l'assassin.

D' un coup de mar­ teau, assené sur le crârtê de l'huissier, il passe brusquement d'une vie fade à celle, plus piquante et mouvementée, de meur­ trier.

Sans cesse victime de on imagination, Duméry se croit obligé de fuir un peu partout et cède rapidement à la panique .

Il s'agite.

Il dépense à contrecœ~r l'argent subtilisé à sa victime, et sa prodigalité semble da-J.antage inspirée par un principe que par un véritable plaisir.

Duméry s'e nnuie.

Où qu' il aille et quoi qu ' il fasse, il s'ennuie.

Et lorsque les enquêteurs le retrouvent et l'arrêtent , il n'éprouve ni crainte ni regret mais une sone de vague soulagement, triste et amer.

Son procès ne fait aucun bruit.

La cour le condamne à la peine capitale, mais ce châti­ ment le lai sse froid.

Duméry a-t-il jamais eu le sentiment de vivre? L'échec d'une vie F rappé d'apathie du début jusq u 'à la fin du roman , Duméry ne parvient pas à intéresser sa vie , et c'est peut-être là son grand malheur.

Ni son crime qui ne lui inspire aucun remords, ni son incarc ération qui, d'une certaine manière, lui apporte la séré nité à laquelle il asp'ire.

Tout l'indiffere .

Et s'il décide de fuir, c'est avant tout par réflexe.

Bien entendu, sa fuite et son geste criminel auraient pu tous deux lui apporter cette énergie vitale qui lui fait tant défaut, mais il n'en est rien.

Très vite, Paul Duméry se lasse .

Ses craintes initiales se dissipent avec la fatigue, et lorsque la police finit enfin par le coincer, l' inquié­ tude fait place au soula geme nt.

La vie n'étant pour cet homm e qu ' un mélange de tristesse -et d 'ennui , que lui importe d'être emprison né o u pas ? N'ayant jamais fait l 'expér ience de sa lib erté , il ne tire aucun plaisir de sa morne existence et préfère donc se suppr imer.

Aux abois constitue le plus noir et le plu s désespéré des romans de Tristan Bernard.. »

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