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TURCARET de Lesage

Publié le 20/05/2019

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TURCARET, comédie en cinq actes de Lesage, représentée au Théâtre-Français le 14 février 1709. Sur un canevas classique depuis Molière (une coquette et son amant noble rançonnent un riche parvenu), Lesage greffe une dénonciation impitoyable de la société et des mœurs à la fin du règne de Louis XIV. Dans le personnage de Turcaret, il s'en prend au milieu des financiers dont la richesse scandaleuse repose sur des affaires mal-honnêtes. Il n'épargne pas la noblesse qui les parasite cyniquement. Le personnage traditionnel du valet de comédie reçoit ici un traitement original : cynique et débauché, le valet joue sa partie contre son maître et finit par l'emporter sur lui. Pour autant, Frontin n'est pas encore un Figaro : sa victoire n'est pas celle d'une classe, ni d'une morale.

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)Lesage, Turcaret (1709) : Acte III, scène 7.

"Turcaret à l'oeuvre" Explication Chaque personnage dispose d'une scène au moins où il peut faire la preuve de " talents ", en général condamnés par la morale ou lajustice.

Dans cette scène, Turcaret est au sommet de son art : ridiculisé jusque là, il acquiert un pouvoir qui le rend d'autant pluseffrayant qu'il en jouit.

Peinture réaliste du monde des finances et de son impitoyable maître, ce passage parvient pourtant à faire rirele public. I - Le monde des finances A.

L'argent contre les sentimentsLes deux hommes sont dépourvus de sentiments et n'agissent qu'au nom de l'argent.

La bonté est ridiculisée : " Trop bon, trop bon !Eh ! pourquoi diable s'est-il donc mis dans les affaires ? " La pitié est repoussée : " Papier perdu, lettre inutile ".

Quant à l'amourconjugal, il est devenu chantage pour les anciens époux: " Elle ne s'en retournera point qu'elle ne soit payée ".

La nature humaineparaît rongée par l'argent, qui impose une nouvelle hiérarchie : seul a du pouvoir celui qui est riche.CCL I : Une humanité cynique, gouvernée par ses intérêts et non par ses émotions.

Le règne de l'avoir et non de l'être. II - Portrait du financier A.

De la réalité à la scèneDans les actes précédents, Turcaret ressemblait aux personnages caricaturaux de Molière.

Pour cette scène " technique ", Lesage s'estinspiré de la réalité.

Plusieurs modèles ont existé, parmi lesquels le financier Samuel Bernard.

D'origine modeste, il est anobli aprèsson entrée dans les affaires.

" Banquier de la cour ", il prêta des sommes considérables à Louis XIV et à Louis XV.

En l'échange, biensûr, de preuves publiques de reconnaissance.

L'autre financier célèbre est Nicolas Desmarets, neveu de Colbert qui devint contrôleurgénéral des Finances de 1708 à 1715 : on raconte que sa fortune était fondée sur des spéculations inouïes.

Turcaret n'est pas unecaricature : au contraire, Lesage décrit avec réalisme les milieux financiers de l'époque. B.

Turcaret tout-puissantFace à son commis et à ceux qui dépendent financièrement de lui, Turcaret jouit de son pouvoir décisionnaire.

Ses interjections et sesintonations (" Eh bien ! ", " Quoi ?, ", " Papier perdu, lettre inutile ", " Non, parbleu! "), ses injonctions (" Allez me le chercher ", " Vouslui porterez "), l'abondance du " je " (" Je ferai ", " je le donnerai ", " J'agirais ", " je mériterais ", " je lui ferai ", " je serai ") leprouvent.CCL II : Turcaret révèle son insensibilité, son mépris pour ceux qui ne savent pas les affaires.

Et démontre aussi ses talentsmalhonnêtes. III - Une scène de comédie A.

M.

Rafle, ou la mauvaise conscience du traitantCe commis a été évoqué en III 4 et Turcaret a tout fait pour s'en distinguer : il le traite de " fripon " et prétend l'avoir chassé.

De fait,ses affaires avec M.

Rafle ne sont guère avouables : c'est la face cachée du métier.

Or ce même personnage revient en III 6 et 7, quiplus est chez la Baronne.

Effet comique du retour de l'indésirable.

Il est en effet le témoin des manigances du traitant.

A noter qu'il a,lui aussi, un statut de valet (= commis), mais de type servile, impatient de rendre service à son maître et de flatter ses défauts. B.

Une scène bien régléeÉvoquer des manipulations financières est a priori fastidieux.

Pourtant, Lesage a construit une scène très animée.

Comique de gestetout d'abord : M.

Rafle plonge mécaniquement le nez dans son bordereau à plusieurs reprises, il fait une fausse sortie (" s'en allant etrevenant ").

Les mots aussi ont des effets comiques.

M.

Rafle s'arrange pour ménager le suspens : " Il lui est arrivé un malheur " / "Quoi ? ", " J'oubliais la principale affaire " / " Qu'est-ce que c'est que cette principale affaire ? " Enfin, il n'hésite pas à mentir en parlantdes " cinq mille francs qu'un honnête serrurier de /sa/ connaissance a amassés par son travail et par ses épargnes ".

Au public desaisir qu'il s'agit sans doute d'un cambrioleur habile qui cherche à placer au mieux son butin. C.

L'irruption de l'inattendueTurcaret perd sa superbe quand il apprend " la principale affaire " (curieux vocabulaire !) qui amène M.

Rafle : l'arrivée de MmeTurcaret à Paris.

D'un coup, il change d'attitude : " Parlez bas, monsieur Rafle ".

L'amusant est que cet homme, qui a repoussé touteémotion dans les négociations financières, s'affole à l'idée de croiser son épouse (" Oh ! ventrebleu ! ").

Il a fait croire à la Baronnequ'il est veuf.

De crainte que sa romance avec elle tombe à l'eau, il paye sur le champ une partie de la pension de sa femme (" cettecréature-là "), et sans même discuter : " Vous lui porterez dès aujourd'hui les cinq cents pistoles ".

Ressort comique et dramatique,l'arrivée impromptue de Mme Turcaret est une menace et contribue à rendre le traitant toujours plus ridicule : gonflé de puissance audébut de la scène, il la termine affolé ! D'autant plus que Mme Turcaret était accompagnée d'un " jeune seigneur dont le visage nem'est pas tout à fait inconnu " (= le Marquis).

Lesage prépare déjà des retrouvailles tumultueuses.CCL III : Des effets comiques, dans une scène qui aurait pu être abstraite et compliquée. CCL : " La " scène de Turcaret tourne court.

Effrayant de cynisme et de cupidité au début, il se trouve de nouveau en situation d'amant et de mari ridicule à la fin du passage.

Il est la cible de Lesage, qui s'amuse ici à dévoiler les secrets des traitants de la FermeGénérale.

On comprend que ceux-ci aient tout fait pour l'en empêcher !. »

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