Un Tramway nommé Désir 1947 Tennessee Williams (1911-1983)

« Un Tramway nommé Désir 1 103 apparence de superficialité, il y a chez Blanche une profondeur, une sensibilité blessée par un événement tragique: à seize ans, elle a épousé un garçon qu'elle aimait passionnément.

Ayant découvert qu'il était depuis toujours homosexuel, elle l'a rejeté avec dégoût un soir, en dansant une valse: elle a peut-être ainsi provoqué son suicide ...

Depuis lors, la musique de Varsouviana vient parfois la hanter, lancinante.

Blanche, qui a cherché refuge dans les bras des inconnus, rêve encore d'être «séduisante et féé­ rique>>, s'efforce de cacher la marque du temps sur son visage en voilant les ampoules nues par des lanternes de papier.

A présent disparaît 1 'ultime espoir que représentait le mariage avec un être bon et affectueux: Mitch la rejette; il ne peut lui pardonner ce lourd passé, lui qui avait cru découvrir en elle 1 'incar­ nation de la pureté.

Stanley Kowalski, en la violant, consacre l'ultime déchirure: bientôt, Blanche n'entend plus que la musi­ que de la Varsouviana et celle de ses rêves de beauté.

C'est, enfer­ mée dans l'imaginaire, triomphante comme elle le serait au bras d'un nouveau flirt, qu'elle part avec le médecin qui l'emmène à l'asile.

Un chef-d'oeuvre Des contradictions Ce n'est pas un hasard si Tennessee Williams est originaire du > des Etats-Unis auquel il a emprunté la première partie de son nom.

On retrouve tout au long de son oeuvre le poids des impératifs d'une morale puritaine trop contraignante dont il n'est pas parvenu à se libérer en dépit de tous ses efforts.

Ten­ nessee Williams est marqué par la quête d'une réconciliation dif­ ficile, qui n'est pas sans rappeler l'opposition du Sud -où les valeurs sont essentiellement basées sur les sentiments et la dignité humaine - et le Nord industriel, plus matérialiste.

Le goût du péché C'est probablement dans ses personnages féminins que Tennes­ see Williams a transposé avec le plus d'acuité son propre drame face à la sexualité.

Lorsque Maggy dans La Chatte sur un toit brûlant accable son époux par sa sensualité, le sexe qui pourrait. »