Victor HUGO : William Shakespeare
Publié le 24/09/2012
Extrait du document
A la Publication de William Shakespeare, la critique est souvent très violente : « Cette préoccupation constante de M. Hugo, ce retour fort mal dissimulé sur lui-même à propos des sujets qu'il traite et des auteurs illustres dont il parle, cette obstination à faire de l'histoire des grands poëtes martyrisés, non pas un tableau, mais un miroir où se réfléchit sans cesse sa figure, cette intervention permanente - comme dirait un Allemand - du moi dans le non-moi, voilà ce qui éclate à chaque page de son livre ; voilà ce qui donnerait à ce livre une signification et un sens, ( ... ) si la démence signifiait quelque chose.
...
«
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Ce n'est pas la pre mière fois que Victor
Hugo se sert d'une
préface comme d'un
prétexte à
l' exposi tion de ses théorieS littéraires : en 1827
déjà, il avait rédigé
la célèbre Préface de Cromwell, véritable
manifeste du théâtre
romantique.
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Le livre
Rencontre de deux génies
V
ictor Hugo étudie William Shakespeare sous trois an
gles : sa vie, son œuvre, sa postérité.
Mais chaque partie
suscite bientôt u
ne réflexion sur le thème du génie.
Un tableau
des génies
de l'art littéraire est ainsi dressé : Homère, Job,
Eschyle, Isaïe, Ézéchiel, Lucrèce, Juvénal, saint Jean, saint
Paul, Tacite, Dante, Rabelais, Cervantes, Shakespeare compo
sent la "série mystérieuse" que Victor Hugo voit sous la forme
d'une communauté égalitaire et intemporelle.
L'art de ces
âmes majestueuses n'est point perfectible,
une norme objec
tive du beau n'existe pas.
Cet art ne souffre pas l'imitation.
Mais chaque époque peut laisser apparaître de nouveaux
génies, phares
de la civilisation.
Comment les reconnaître ? lls
sont tout d'abord voués à être contestés, sinon persécutés.
En
second lieu, ils ont la certitude d'une mission et créent alors à
l'égai de Dieu des personnages qui résument chacun toute une
famille d'hommes.
Au XIXe siècle, les nouveaux génies doi
vent accomplir, après la révolution politique de 1789, une
révolution
à la fois sociale et littéraire qui se nomme socia
lisme et romantisme.
Profitant des progrès nécessaires de
l'instruction,
il s'agit pour eux de créer une littérature du
peuple qui joigne l'utile (c'est-à-dire
Je progrès de la civili
sation) au beau pour atteindre Je sublime.
Ainsi, ces génies
divins sont avant tout la propriété
du peuple.
Défense et illustration
d'une esthétique du génie /
E
crit en 1864, William Shakespeare est d'abord une œuvre
charnière :
Quatre-Vingt-Treize, le grand roman que
Victor Hugo médite, est clairement annoncé.
Parallèlement, le
poète défend vigoureusement
Les Misérables, attaqués précé
demment par des critiques à l'esprit étroit.
Toutefois, c'est une
théorie du génie que Victor Hugo construit ici.
Cette œuvre
de
critique devient d'ailleurs l'illustration même d'une esthétique
de la démesure issue
du génie.
Victor Hugo transforme ses
génies en personnages de fiction.
Critique et poétique se
confondent dans un style hugolien riche
en énumérations, anti
thèses et amplifications..
»
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