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Vie de MARIANNE (la) ou les Aventures de Mme la comtesse de***. Roman de Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux

Publié le 27/10/2018

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marivaux

Vie de MARIANNE (la) ou les Aventures de Mme la comtesse de***. Roman de Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux (16881763), publié à Paris chez Prault (sept premières parties) et à La Haye chez Néaulme (quatre dernières parties) de 1731 à 1742. Une << neuvième et dernière partie >>, apocryphe, parut en 1739 chez Néaulme ; une douzième, apocryphe, en 1745, << aux dépens de la Compagnie >>, à Amsterdam ; Mme Ric-coboni a également écrit une douzième partie, intitulée Suite de la Vie de Marianne qui commence où en était resté le récit de Marivaux : composée vers 1750, elle parut en 1760-1761.

 

La gestation du roman, publié sur une période de onze ans, contraste étrangement avec l'habituelle facilité marivaudienne, encore confirmée par l'éclosion chaleureuse du Paysan parvenu (1734-1735). D'autant qu'un manuscrit de la première partie était remis à la censure dès le 16 février 1727, pour n'être publié qu'en 1731, et que le texte de la deuxième, déjà à l'imprimerie, puis retiré et remanié, parut seulement en 1734. Mais on n'en sait guère davantage, faute de manuscrits et de documents.

 

Prétendument rédigées « il y a quarante ans », soit vers 1690 (ce qui, Marianne ayant « cinquante ans passés », reporterait le début de son histoire vers 1640 et sa venue à Paris vers 1655),

les aventures de l'héroïne sont censées être racontées par écrit à une de ses amies.

 

Première partie. Seule rescapée, à l'âge de deux ans, avec un chanoine, d'une attaque de voleurs, Marianne a connu son origine (noble ? légitime ?) il y a à peine « quinze ans ». Elle est recueillie et élevée tendrement par un curé et sa sœur. Vers quinze ans, accompagnant la sœur à Paris, elle perd ses deux protecteurs. Un dévot hypocrite, M. de Climal, la place en apprentissage chez une lingère, Mme Dutour, « une grosse réjouie ». Deuxième partie. À l'église, elle est distinguée et troublée par le jeune Valville, devant qui elle se blesse le pied, à qui elle n'ose dire son adresse, et chez qui elle rencontre M. de Climal, oncle du jeune homme. Mme Dutour se querelle avec le cocher qui ramène Marianne. Troisième partie. M. de Climal, qui propose à Marianne de l'entretenir, est surpris à ses genoux par Valville. Sans argent, Marianne se réfugie chez un religieux, auprès de qui M. de Climal a tenté de la calomnier, puis dans une église, où son désespoir touche une inconnue, qui la place dans un cou vent. Quatrième partie. Marianne révèle sa situa tion à sa bienfaitrice, Mme de Miran, mère de Valville, qui accepte de les laisser s'aimer. Marianne pénètre dans le salon de Mme Dorsin, la meilleure amie de Mme de Miran. Cinquième partie. Mort et repentir de M. de Climal. La famille de Valville apprend la vérité sur Marianne. Sixième partie. Marianne, enlevée par la paren tèle de Valville, a le choix entre un mariage forcé avec un autre ou te couvent, et comparaît devant « le ministre même », quand Mme de Miran et Valville font irruption. Septième partie. Après que Marianne s'est expliquée, le ministre renonce à intervenir. Mais Valville tombe amoureux d'une autre jeune fille du couvent, Mlle Varthon ! Huitième partie. Mlle Varthon vient s'expliquer avec Marianne, malade, qui rencontre aussi Valville. Neuvième, dixième et onzième parties. À Marianne, tentée de prendre le voile, une religieuse va raconter sa vie pour l'en dissuader. Ce « petit récit », inachevé, des malheurs de Mlle de Tervire occupe la totalité des trois dernières parties, sans que Marianne, qui reprend la parole dans le dernier paragraphe, amorce la suite, annoncée, de sa propre aventure.

marivaux

« roman à la première personne, authen­ tifié sous couvert de pseudo-M émoires qui ne trompent ici évidemment per­ sonne.

Conformément à la stratégie habituelle des romanciers du xvme siè­ cle, Marivaux se démarque du roman.

Marianne ne saurait être un roman, à tout le moins un roman conforme, car la narratrice, loin de se limiter aux fai ts, aux aventures, multiplie les >, c'es t-à-d ire le commen­ taire rétrospectif, >, moral et psychol ogique, voire styl istiq ue.

Conc entrées au début des parties, mais surtout mêlées au récit, ces réflexions entendent donner à la narration l' allure aisée d'une conversa­ tion à distance, entre la narratrice et son amie, qui actualise dans le texte la présence, fréquemment sollicitée, d'un destinataire .

La livraison par parties net tement séparées, plutôt que vers un anachroniq ue feuilleton, oriente le récit vers une structure épistolaire, autre forme canoniq ue du roman à la première personne.

L'histoire de Ter­ vire, directement racontée à Marianne, renforce-t-elle le registre de l'oralité, ou au contraire l'estompe-t-elle, par la raréfaction des réflexions et l'acc entua­ tion roma nesque des > ? Au lec­ teur d'en juger.

Il est sûr en tout cas que le changement de narratrice entraîn e, dans la mise en miroir de deux destinées féminines, un change­ ment de ton et un infléchissem ent du roman .

Comme le dit H.

Coulet, Ma rianne obéit à l'hon neur, Tervire à la charité ; l'une affronte le monde et le séduit, l'autre y succombe et le fuit.

Redoublement des narratri ces, et dédoublement de la voix autobiogra­ phiq ue.

Alors que la douleur brise encore le récit de Tervire, prise dans l' amertume d'une vie flouée, Marianne se raconte sous le signe de l'ironie, qu' autorise l'étirement de la distance, temporelle et sociale, entre le > narré (orpheline sans nom ni statut, au seuil de sa vie) et le. »

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