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Violences Politiques - Philippe BRAUD

Publié le 22/02/2012

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Éditions du Seuil, mars 2004.   « La violence inquiète ou révulse, mais elle fascine ». Cette affirmation de Philippe Braud ne pourrait être plus vraie :  au coeur des tensions humaines, la violence est un fait incapable de nous laisser indifférents. Si selon John Keegan, « l'histoire du monde est pour une large part, une histoire de guerre », nous pouvons voir clairement que la violence est enracinée plus que dans l'histoire, mais dans l'esprit humain, et nourrit tant de productions littéraires, artistiques et scientifiques. Philippe Braud, ancien directeur du Département de Science Politique à la Sorbonne, auteur de La Sciences Politique (2001) ; Sociologie Politique (2002) et La Démocratie politique, Science Politique 1 (2003) et aujourd'hui professeur des universités à l'Institut d'Études Politiques de Paris est l'auteur de cet livre qui  a pour objectif très ambitieux d'aborder la violence d'une définition scientifique, « clinique », avec une distance des jugements moraux. Il cherche une définition qui ait sa cohérence scientifique et sa particularité par rapport à tous les autres rapports humains.  C'est une entreprise difficile, mais qui constitue de défi de l'oeuvre. Les définitions juridiques, sociologiques et philosophiques possèdent une valeur essentielle, mais ne sont pas suffisantes.

« attente de biens, un désir de consommer qui parfois ne se réalise pas, et donc il y aun recours àla violence des mécontents.

Cela est l'oposée des thèses de Bandura et Oberschall qui soulignentque le recours à la violence n'est pas nécessairement le fait d'individus en colère mais laconséquence logique d'un apprentissage efficace. Deuxièmement,la théorie de la mobilisation des ressources, largement développée par Mancur Olson,que cherche à expliquer que l'abondance des biens tend à favoriser des rapports pacifiques ausein d'une société ou entre sociétés voisines.

La perception d'inégalités dans l'accès à larichesse ou au pouvoir politique est un facteur de tensions potentielles, soulignées par lestravaux de Manus Midlarsky et Charles Tilly. Les approches psychologiques se divisent aussi en deux grand modèles.D'un côté on postule l'existence de personnalités plus particulièrement prédisposés à laviolence, théorie qui se développe depuis Cesare Lombroso en 1875 et qui devient célèbre avecAdorno et sa enquête sur la personnalité autoritaire en 1950. D'autre côté, on affirme que ce sont des individus tout à fait ordinaires qui, sous certainesconditions, deviennent auteurs de violences même extrêmes,.

Les principales thèses sur cettethéorie sont Le modèle pulsion/inhibiton de Berkowitz et la violence « orgiaque » de Maffesoli qui implique une autorisation de la transgression. L'ouvrage de Braud reçoit aussi une grande influence de la littérature sociologique, notamment dePierre Bourdieu, qui avait déjà largement traité la violence symbolique (définition: « toutpouvoir qui parvient à imposer des significations et à les imposer comme légitimes en dissimulantles rapports de force qui sont au fondement de sa force ») et qui paraît ici comme point dedépart du concept de violence symbolique que l'auteur développe . Braud note que, scientifiquement parlant, la principale difficulté à surmonter est l'articulationentre les deux approches, qui est l'entreprise de son livre.

Philippe Braud, à la fois influencépar la psychanalise et la sociologie politique, soutient que les dimensions émotionnelles de la vie politique sont trop souvent sous-estimées par des concepts excessivement rationalisants.C'estpouquoi il travaille dans la branche de la psychologie politique, plus précisemment sur lesdimension symboliques de la politique. II.

Résumé2.1 Entre violence physique et violence symboliqueIl est essentiel dans la comprehénsion de l'ouvrage de Braud que la violence physique ne causepas seulement des préjudices matériels ou corporels, elle est aussi la cause de dommages et depréjudices psychologiques.Les victimes sont confrontés à des divers sentiments tels que lavulnérabilité, la fragilité, l'impuissance, l'humiliation et la peur.

Nous pouvons considérerdonc que la violence physique provoque de la souffrance.

Ce concept de violence symbolique esttrès important, car « il permet de prendre en considération toutes les blessures infligées àl'identité, associées ou non à des actes matériels ».

Cela signifie que la souffrance appliquéeà l'individu ne se situe pas seulement au niveau de son corps, de la surface, mais aussi auniveau profond du moi identitaire.

L'auteur distingue deux stratégies différentes qu'exerce laviolence symbolique, provoquant deux sentiments : dévalorisation et déstabilisation. La dévalorisation est provoquée par « la dépréciation identitaire ».

Il s'agit de lamanifestation d'une hostilité de type hétérophobique, dont les vecteurs sont très divers(chansons, discours, spectacles...) qui touche le besoin de l'individu de se sentir reconnu etvalorisé, une exigence psychologique de tous les êtres humains.

C'est à dire, touche l'identitéparce qu'elle semble synthétiser l'essentiel de sa trajectoire biographique ou fonder l'originede caractères qu'il juge essentiels . Cette dépreciation identitaitre grossit dans l'espace public, et a donc des conséquencespolitiques importantes, notamment dans une période où la société traverse des tensions et desconflits.

La figure du bouc émissaire illustre cette affirmation : en situation affaiblie, lasociété cible un groupe précis arbitrairement pour exercer la violence afin de maîtriser lacolère et affirmer une supériorité identitaire.

Un exemple clair est l'antisémitisme qui sedéveloppe au cours du XIXe siècle. Ensuite, le sentiment de déstabilisation est placé dans une perspective d'un système de repèresde l'individ et du rapport à l'autre.

L'auteur évoque la violence « iconoclaste », que avec unélargissement de la définition originelle, consiste à ébranler les références, les perceptions,les croyances d'un groupe, ce qu'il appelle un « désajustement des références ».

Il va affecterl'ordre et les répresentations symboliques d'un individu.

Le processus de violence consiste ici àconfronter de manière brutale des systèmes de valeurs différents, comme le prosélytismereligieux, ou une politique d'assimilation culturelle violente, au sein d'un État centralisateur.. »

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