VOIE ROYALE (la), d'André Malraux

VOIE ROYALE (la), roman d'André Malraux (1930). Le livre est fondé sur un élément biographique : l'expédition indochinoise de 1923, où Malraux avait emporté pour les vendre quelques bas-reliefs d'un temple cambodgien — ce qui lui avait valu une condamnation, cassée plus tard, à trois ans de prison. Le roman plonge et dramatise ce qui semble avoir été une opération relativement facile. Pour Vannée et son compagnon Perken, il s'agit d'une part de découvrir le temple et d'en détacher les statues, d'autre part de retrouver un ami de Perken, Grabot, disparu en territoire insoumis ; l'entreprise se terminera par un échec et, pour Perken, par la mort. La Voie royale est le seul roman de Malraux qui présente une aventure à l'état pur, dépourvue de toute portée sociale et politique. Certes Vannée, et surtout Perken sont très proches du Garine des Conquérants. Mais, alors que Garine embrassait une cause collective en se liant à la révolution, l'action de Vannée et Perken ne dépasse pas leur propre personne. Cette action n'en est pas, pour autant, unidimensionnelle : agir, fût-ce comme le dit Perken pour « laisser une cicatrice sur la carte », c'est finalement défier l'absurdité de la vie, affronter la réalité inexorable de la mort, se mesurer à l'indifférence du monde ; c'est-à-dire, thème fondamental chez Malraux, tenter de donner forme à cet extérieur de l'homme qui constitue le « destin ».