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Zaïre

Publié le 10/04/2013

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Jouée pour la première fois en 1732 au Théâtre-Français, cette tragédie en cinq actes est la seule qui ait survécu à la désaffection du public pour l'oeuvre dramatique de Voltaire. Celui-ci est pourtant l'auteur d'une quarantaine de tragédies et de comédies.

« « Zaïre ! ah ! Dieu ! ...

ce fer échappe de mamain ! » ~-- ---- - EXTRAITS Où l'amour l'emporte sur le devoir religieux Je n'ai point d'autre preuve; et mon cœur qui s'ignore Peut-il admettre un dieu que mon amant abhorre ? La coutume, la loi, plia mes premiers ans A la religion des heureux musulmans.

Je le vois trop : les soins qu'on prend de notre enfance Forment nos sentiments, nos mœurs, notre croyance.

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..

) Lafoi de nos chrétiens mefut trop tard connue.

( ...

)Qui lui refuserait le présent de son cœur? De toute ma faiblesse, il faut que je convienne ; Peut-être sans l'amour j'aurais été chrétienne ; Peut-être qu'à ta loi j'aurais sacrifié : Mais Orosmane m'aime et j'ai tout oublié.

Je ne vois qu'Orosmane et mon âme enivrée Se remplit du bonheur de s'en voir adorée.

Zaïre rendue à la foi de ses aïeux L'univers m'abandonne ou me laisse à moi-même ! Mon cœur peut-il porter, seul et privé d'appui, Le fardeau des devoirs qu'on m'impose aujourd'hui A ta loi, Dieu puissant, oui, mon âme est rendue ; Mais fais que mon amant s'éloigne de ma vue.

Cher amant, ce matin l'aurais-je pu prévoir, Que je dusse aujourd'hui redouter de te voir? « Dis-leur que j'ai donné la mort la plus affreuse La supplique du père retrouvé Que la foudre en éclats ne tombe que sur moi ! Ah ! mon fils, à ces mots, j'eusse expiré sans toi ! Mon Dieu! j'ai combattu soixante ans pour ta gloire; J'ai vu tomber ton temple, et périr ta mémoire ; Dans un cachot affreux abandonné vingt ans, Mes larmes t'imploraient pour mes tristes enfants: Et lorsque ma famille est par toi réunie, Quand je trouve une fille, elle est mon ennemie ! Je suis bien malheureux ...

C'est ton père, c'est moi, C'est ma seule prison qui t'a ravi ta foi.

Ma fille, tendre objet de mes dernières peines, Songe au moins, songe au sang qui coule dans tes veines ! C'est le sang de vingt rois, tous chrétiens comme moi; C'est le sang des héros, défenseurs de ma loi; C'est le sang des martyrs ...

Ô fille encor trop chère, Connais-tu ton destin ? sais-tu quelle est ta mère ? La fureur du jaloux A la plus digne femme, à la plus vertueuse ...

» Excuse les transports de ce cœur offensé ; Il est né violent, il aime, il est blessé.

Je connais mes fureurs, et je crains ma faiblesse ; A des troubles honteux, je sens que je m'abaisse.

Non, c'est trop sur 'Zaïre arrêter un soupçon ; Non, son cœur n'est point fait pour une trahison.

Mais ne crois pas non plus que le mien s'avilisse A souffrir des rigueurs, à gémir d'un caprice, A me plaindre, à reprendre, à redonner ma foi : Les éclaircissements sont indignes de moi.

Il vaut mieux sur mes sens reprendre un juste empire ; Il vaut mieux oublier jusqu'au nom de 'Zaïre.

Allons, que le sérail soit fermé pour jamais ; Que la terreur habite aux portes du palais.

~ NOTES DE L'EDITEUR s'ordonne en fait à un nouveau pathétisme.

André Magnan,« Voltaire», dans le Dictionnaire des littératures de langue française, vol.

IV, Bordas, 1987.

« Le développement des caractères principaux, les uns typés (Nérestan, l'intransigeant soldat du Christ; le vieux Lusignan surtout, prince déchu, tendre père et martyr de sa foi -ce fut le rôle favori de Voltaire acteur), les autres plus dramatiques (Orosmane, partagé entre générosité et jalousie, mi-Othello mi-Pyrrhus; Zaïre, déchirée entre des fidélités contraires, d 'amante et presque d'épouse, de fille et de chrétienne), toute cette psychologie en action " Il tire son poignard et il pleure ", écrit Voltaire, presque parodiquement, dans une réécriture romanesque de sa pièce.

Des émotions sont données à voir : les tourments du noble Orosmane, les désarrois surtout de Zaïre, femme victime, alanguie de douleur et d'amour ; et si le cadre reste héroïque, la sympathie est à mesure d'homme.

L'appareil de la grande diction racinienne, devenue le code du genre, ne masquait déjà plus bien, aux yeux d'un Schlegel, ce relâchement général des tensions tragiques.

» « Ces intentions doctrinales, cette prédication, ces maximes, ces personnages qui sont ou des abstractions personnifiées ou les porte-parole du poète, nous refroidissent aujourd'hui les tragédies de Voltaire.

Elles en firent alors le succès , en leur donnant une brûlante actualité.

» Gustave Lanson, Histoire de la littérature française, Hachette, 1957.

1 Roger Y io llet 2 peintur e de Vigée- Lebrun , B ea ux - Arts , R oue n/ L au ros- Girau do n 3 g rav ure de Morea u le Je une (1782) / B .N.

4, 5 B.N.

/ Lauros- Gir audon VOLT AIRE 06. »

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