La population : son évolution de 1750 à nos jours

La population française a connu depuis deux siècles une évolution unique au monde.Avec 20 millions d'habitants au début du XVIIIe siècle, la France est un des pays les plus peuplés du monde, plus peuplée que l'Angleterre, l'Allemagne (dans ses limites actuelles), l'Italie et l'Espagne réunies. Dès 1750, la fécondité diminue rapidement passant, de 5 à 3,5 enfants par femme au milieu du XIXe siècle puis à 2,5 enfants par femme à la veille de la guerre de 1914-1918. Cette diminution rapide et précoce de la fécondité est unique en Europe. Parallèlement, la mortalité s'est maintenue à un haut niveau pendant un temps plus long que dans les pays voisins, ne diminuant réellement qu'à partir de 1815. Il en résulte une très faible croissance tout au long du XVIIIe et du XIXe siècle en France alors que les pays voisins connaissent à cette époque une véritable « explosion démographique ». La Première Guerre mondiale est une véritable catastrophe pour la population française : près de 1 300 000 victimes masculines et un déficit des naissances estimé à plus de 1 000 000. Malgré les lois anticonceptionnelles de 1920, lois les plus répressives votées dans un pays démocratique contre l'avortement, la contraception et la propagande antinataliste, le relèvement démographique n'a pas lieu. La fécondité, après une petite reprise en 1920, continue à chuter pour tomber à peine à plus de deux enfants par femme au milieu des années 1930. Le passage à l'âge de la fécondité des générations creuses de la Première Guerre mondiale, cumulé aux années de crise économique, conduit à une diminution rapide du solde naturel et les décès l'emportent sur les naissances à la veille du second conflit mondial.