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1686 : l'année de la fistule du Roi-Soleil

Publié le 29/08/2013

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En 1686, le règne de Louis XIV, souverain le plus puissant d'Europe, est à son apogée. Mais, bien que monarque absolu et de droit divin, le Roi-Soleil n'en est pas moins homme et, comme tous ses semblables, sujet aux ennuis de santé. Loin de les cacher, il montre sans honte ses faiblesses, ses douleurs, ses maladies, voire ses infirmités. En 1686, le roi souffre d'une fistule anale, affection qui nécessitera une « grande opération « et alimentera à l'infini les conversations des courtisans et du bon peuple.

« Pl 63 Rémissions et rechutes Pour l'heure, la vie de Sa Ma­ jesté n'est aucunement mena­ cée.

Mais la maladie a rapide­ ment évolué en fistule anale , et une période difficile com­ mence pour le roi.

Rémissions et rechutes se succèdent : le 30 mars, Louis XIV peut faire quelques pas et, le 9 avril , une promenade en carrosse ; le 13 avril, il sacrifie au rituel du tou­ cher des écrouelles , et le peu­ ple le croit guéri ; sept jours plus tard, il doit s'aliter et sup­ porter de nouvelles incisions ; en mai , il marche avec faci­ lité ...

Pour se sortir de ce cycle infernal et douloureux, le sou ­ verain prend une grande et courageuse décision, celle de subir la «grande opération ».

Le Roi-Soleil ne s'est pas rési­ gné sous l'influence de Félix de Tassy, terrorisé par la res­ ponsabilité qui lui incombe .

C'est le marquis de Louvois qui l'a encouragé à recourir à un traitement définitif .

Malgré le risque de complications et la terrible réputation de l 'in­ tervention, le ministre est per ­ suadé qu'il faut mettre fin à une situation insupportable pour le monarque , mais égale­ ment nu i sible aux affaires du royaume et alimentant trop de rumeurs à l' étranger .

Si le public n'ignore rien de la santé du roi, cette opération reste un secret d'État .

Seules six personnes sont au courant : Louvois, Monseigneur le Dau­ phin, le fils de Louis XIV, la marquise de Maintenon, son épouse, le père La Chaise, son confesseur, ainsi que son chi­ rurgien et son médecin .

Opéré sans anesthésie Le 17 novembre, au retour d'un pénible voyage à Fontaine­ bleau, le roi convoque ses mé­ decins pour le lendemain ma­ tin à huit heure s.

Lorsque les hommes de l'art, accompagnés de Bessière, le plus habile des chirurgiens parisiens, entrent dans sa chambre, il dort enco­ re, calme et confiant .

Sitôt levé, il s'agenouille pour prier et s'en remet complètement à Dieu .

Pendant toute la durée de l'intervention, Louis XIV tient serrée la main de son mi­ nistre Louvois .

Opéré sans anesthésie , il fait preuve d'un grand courage , ne crie pas, ne se plaint pas ...

L.:opération ayant parfaitement réussi, le rituel du lever de Sa Majesté peut se dérouler comme à l'accoutumée, avec seulement une heure de re­ tard .

Entouré par ses proches et la foule des courtisans, le roi supporte vaillamment sa dou­ leur et, l'après-midi même , préside son Conseil.

li y aura pourtant quelques complica­ tions : la plaie ne se referme pas bien, et il faudra deux autres incisions pour qu'à la Noël on déclare le souverain guéri.

« Cette guérison donna une extrême joie à tout le monde car on peut s'assurer, sans vouloir flatter [le roil.

que depuis les plus grands sei­ gneurs jusqu'aux derniers hommes de la lie du peuple, il n'y en avait eu aucun qui n'ait eu d'extraordinaires inquié­ tudes pour sa vie, les commu­ nautés et les particuliers ayant à l'envi fait faire des prières pour sa conservation », rap­ porte le marquis de Sourches .

«DES FISTULES DIFFICILES A GUÉRIR» Aujourd'hui, les dictionnaires donnent une description très scientifique de la fistule : canal artificiel, ou d'origine pathologique ou congénitale, faisant communiquer un organe avec l'extérieur ou avec un autre organe ; affection qui se présente le plus couramment sous la forme de fistule anale .

Mais au temps du Roi-Soleil, le dictionnaire de Furetière, de 1690, se contente de cette simple formule : « Les fistules à l 'anus sont difficiles à guérir.» Ce mal, quasiment inconnu avant les années 1660, devient très fréquent sous le règne de Louis XIV et atteint exclusivement les hommes.

Les médecins le disent provoqué par les plumes des carrosses, l'abus de ragoût, les débauches ultramontaines ! La « grande opération » subie par le roi marquera l'histoire de la chirurgie, qui va par la suite faire d'immenses progrès .

Et les contemporains auront dès lors (un peu !) moins peur du ciseau, de la lancette et du scalpel.. »

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