Devoir de Philosophie

AFRIQUE-ASIE: LA MONTÉE DES Mouvements nationaux

Publié le 17/12/2018

Extrait du document

afrique

Dans les années trente, la sphcre Afrique-Asie est encore dans l'ensemble composée de colonies et de semi-colonies (c'est-à-dire de pays conservant formellement leur propre Etat, mais en fait dominés politiquement et économiquement). Il existe certes des tentatives de construction nationale moderniste, menées par «en haut» mais porteuses d’espoir, comme c'est le cas par exemple de la Turquie kémaliste depuis l'éclatement de l’Empire ottoman, ou encore du Japon depuis la restauration de Meiji en 1868. On a cependant surtout affaire à des sociétés déstructurées où l’influence de l’Europe est encore considérable.

AFRIQUE-ASIE :
LA COLONIE
En dehors des considérations stratégiques dans le jeu des grandes puissances, l'Afrique-Asie constitue avant tout pour l’Europe une source de produits exotiques, agricoles et miniers, ainsi qu’un débouché pour les produits manufactures. L’économie s’organise autour de réseaux fluviaux, routiers et ferroviaires (25 (MM) km de voies ferrées en Inde dès 1890), orientés vers les ports dont certains se transforment en grands centres économiques; c’est le cas de Chang-hai (Shanghai) et de Canton (Guangzhou) en Chine, Saigon et Haï-phong en Indochine, Bombay et Calcutta en Inde, Alexandrie en Egypte, Alger, Oran, Tunis ou Casablanca au Maghreb.
Cependant, même si une activité industrielle — parfois importante — tend à se développer dans les ports, l’essor de ces derniers est dû pour l’essentiel au rôle d'intermédiaires qu'ils jouent dans la liaison avec les métropoles coloniales. Le poids des sociétés étrangères est en fait décisif dans le fonctionnement économique de ces pays. C'est ainsi, par exemple qu'en Chine, à la veille de la décennie trente, la moitié du prolétariat est au service des intérêts britanniques et japonais.
L’Afrique noire, qui jusqu’à la fin du xixc siècle n’intéressait les puissances coloniales que pour la traite des esclaves ou pour le commerce des métaux précieux, avait été le dernier continent à être investi en profondeur, et les principaux États européens s’y étaient affrontés jusqu'à ce que fut prise la décision de son partage lors de la conférence de Berlin, en 1884. Le travail forcé et les corvées imposées à la population avaient permis la construction de ports et de voies ferrées afin de drainer des matières précieuses, des produits agricoles (coton, sisal, café, arachides...) et miniers. D’immenses fortunes transitaient ainsi par des ports comme Dakar, Abidjan, Lagos, Le Cap, Mombasa ou Dar es-Salaam. En Ouganda, par exemple, les superficies plantées en coton sont multipliées par neuf entre 1914 et 1939, passant de 140 000 à 1 270 000 acres, tandis qu’à la fin des années trente, plus de 8 millions d’acres parmi les meilleures terres sont, au Kenya, confisqués aux Africains, dont les structures traditionnelles de type tribal sont en crise, et remis aux colons et aux sociétés européennes pour y développer des monocultures d'exportation, toujours au détriment des cultures vivrières. De même en 1938, l’Afrique produit pour l'Europe 97,8 % des diamants du monde, 45,5 % de l'or, 75 % du cobalt et bien d’autres métaux rares.
afrique

« AFRIQUE-ASIE ...

La signature à Londres du traité d'amilié anglo-égyptien, le 26 août 1936, réaffi rme l'indépendance de l'Égypte.

La Grande-Bretagne conserve cependam d'importants avantages, notamment militaires dans la zone du canal de Suez.

Ci-contre: dans la salle de Locarno du Foreign Office, Mustapha Nahas pacha, Premier ministre égyptien, s'adresse aux délégués.

En bout de table, Anthony Eden.

© Keysrone -Sygma AFRIQUE-ASIE ...

À Ca/c urra, des élUllillms hindous protestent comre leur ren110i du collège Saint-Xavier (1938).

© Keysrone -Sygma L A DOMINATION CONTESTÉE DES VIEILLES PUISSANCES COLONIALES Dans les années trente, le pouvoir des vieilles puissances coloniales -France et Grande-Bretagne en premier lieu -est déjà menacé de différentes façons.

Il l'est à l'intérieur de l'Europe par l'Allemagne hitlérienne dont les visées économiques et politiques sont planétaires et, dans une moindre mesure, par l'Italie qui, déjà pré­ sente en Afrique orientale et en Libye, va s'engager en 1935 dans la guerre d'Éthiopie.

La menace provient aussi de pays lointains: le Japon milita­ risé se prépare à rejoindre l'Allemagne et à accroîtr� considérable­ ment sa zone de domination en Extrême-Orient; les Etats-Unis d'A­ mérique, tout en poursuivant leur pénétration en Amérique du Sud - où ils sont en train de supplanter économiquement les Français et les Britanniques (dans les banques, les mines, l'électricité, les chemins de fer, les plantations) -commencent eux aussi à manifester de l'intérêt pour le Vieux Monde, notamment en prenant des participations dans les compagnies pétrolières britanniques au Proche-Orient (Irak, Iran, Koweït).

Une rivalité économique acharnée, aiguisée par les effets de la crise économique, oppose les puissances capitalistes et sert de trem­ plin à la poussée du fascisme en Europe.

La crise influe sur la péri­ phérie coloniale dont l'économie et les structures sociales sont trop dépendantes des exportations de produits agricoles et miniers, de la santé économique du centre développé.

Les luttes sociales et poli· tiques dans l'Asie-Afrique des années trente revêtent alors un carac­ tère exceptionnel; là peuvent s'épanouir des courants idéologiques et politiques comme le communisme et le nationalisme.

Tandis que l'Union soviétique tend à présenter aux nations opprimées un modèle de développement à travers ses républiques d'Asie centrale, le natio­ nalisme qui s'affirme se propose de concilier la quête d'identité et la nécessaire modernisation de la société.

Malgré quelques heurts, des tentatives de convergence entre nationalisme et communisme avaient eu lieu dès les années vingt.

C'est ainsi que Messali Hadj pour l'Algé­ rie, Chakib Arslane pour la Syrie, Jawarharlal Nehru pour l'Inde, ou Hô Chi Minh pour l'Indochine avaient assisté à la rencontre de la Ligue contre le colonialisme et l'impérialisme qui s'est tenue à Bruxelles en 1927 à l'initiative du Komintern.

De même, lors de son VII' congrès tenu en 1935, l'Internationale communiste prône une ligne frontiste dont l'objectif premier est de contrer la montée du fascisme en Europe, mais qui s'adapte de façon parfois originale au contexte socio-politique du monde colonial et semi-coloniai, cela sur­ tout dans les vastes régions où le mouvement national est en pleine maturation.

AFRI QUE-ASI E ..

.

Caricature des luttes anticolon illlistes parue dans le Charivari du 5 octobre 1935.

© Kharbine -Tapabor E N EXTRËME-ORIENT Au Japon, les effets de la crise économique mondiale affai­ blissent durant toute la décennie le système politique parlementaire inspiré du modèle britannique (seize cabinets ministériels se suc­ cèdent entre 1930 et 1940) et surtout relancent la politique d'expan­ sion territoriale préconisée par les divers clans militaires rivaux mais tout-puissants.

En 1931, le sud de la Mandchourie est occupé ct en juillet 1937 s'engage une guerre contre la Chine.

En 1936, un pacte Antikomintern est signé entre Berlin et Tokyo, auquel se joindra l'Italie l'année suivante.

Le Japon, qui mène une lutte d'influence avec les colons français et britanniques en Extrême-Orient, s'apprête à envahir les îles du Pacifique.

Au Viêt-nam, où le parti communiste finit de se constituer en février 1930 sous la direction de Hô Chi Minh, de nombreux soulèvements éclatent, ainsi celui des soviets ouvriers et paysans du Nhgé-an (en 1930).

La formation du Front populaire en France favo­ rise l'activité démocratique et le déploiement d'une ligne frontiste par les communistes (en 1936, le Congrès peut ainsi.

se constituer).

En Chine, le parti communiste, après avoir été entre 1927 et 1934 à l'origine de la constitution de bases révolutionnaires dans le sud du pays (avec notamment les soviets de Jiangxi), va, face à la pression des troupes nationalistes de Tchang Kaï-chek (Jiang Ji�hi), mener sa Longue Marche vers le nord (1934-1935) et y fonder l'Etat de Yenan (Yan'an).

Sur 130 000 hommes qui se sont mis en route, il n'en reste que 30 000 milliers à l'arrivée, qui ont franchi près de 10 000 kilo­ mètres.

La guerre déclenchée par le Japon en 1937 va permettre aux communistes de redéployer une politique frontiste en imposant leur alliance au gouvernement du Kouo-min-tang (Guomindang).

En fait, à partir des années trente et, surtout, de la Longue Marche, triomphe au sein du communisme chinois la ligne incarnée par Mao Tsé-toung (Mao Zedong), qui donne la priorité à la réforme agraire et à la mobilisation de la paysannerie.

L E SOUS-CONTINENT INDIEN I.:Inde, qui fournissait des matières premières à la métro­ pole (coton, laine, jute, épices ...

, et opium exporté en Chine) et servait de débouché pour l'exportation des produits manufacturés, était depuis longtemps livrée au pillage de la Compagnie britannique des Indes orientales et de ses intermédiaires locaux.

Au XIX' siècle avaient émergé une bourgeoisie locale et une intelligentsia qui avaient essayé de concilier tradition, hindouisme, islam et modernisme, non sans succès puisqu'ils avaient fondé en 1885 le Congrès national et en 1906 la Ligue musulmane.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles