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Alexis Ier Comnène

Publié le 27/02/2008

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1048-1118 Au cours du XIe siècle, l'usurpation, souvent propice à Byzance, y pullule anarchiquement. Les grandes familles de l'aristocratie militaire tiennent chacune leur prétendant en réserve. Les Comnènes surtout, qui ont manqué asseoir leur dynastie avec Isaac Ier (1057-1059). Anne Dalassène, la belle-soeur, n'a pas pris son parti de cet échec. Elle veut l'empire pour l'un de ses nombreux enfants. Son caractère et la connivence des événements ont vite fait de désigner le troisième, Alexis. Brave, avide de parvenir, Il montre un sens aigu des hommes et de l'opportunité. Il se donne les moyens de son ambition. En assurant leur trône contre les défections et les concurrences, Il gagne la reconnaissance de Michel VII, puis de Nicéphore III (1078-1081). Le voIlà commandant de la garnison du palais et sébaste. Mélissénos, son beau-frère, se révolte alors contre Nicéphore. Alexis décline la mission de marcher contre son parent et justifie la suspicion qui s'épaissit autour de lui. Il n'accepte pas davantage de se laisser prendre de vitesse. Sa sécurité et sa chance commandent. Au demeurant, tout est en place à Constantinople. Il a retourné en sa faveur la famille rivale des Doukas : Il y a pris sa femme, Irène ; Il se pose en avocat du jeune héritier présomptif, Constantin Doukas, et cultive l'intimité de l'impératrice, mère de celui-ci. Alexis s'échappe, s'organise en Thrace et, le Ier avril 1081, enlève par trahison la capitale. Il a trente-trois ans. Son règne sera l'un des plus longs de Byzance. L'usurpation est condamnée pour un siècle.

« Il lui arriva de leur en souffler d'autres, telle Nicée (1097).

L'ébranlement de l'État seldjoucide favorisa l'expédition deJean Doukas, qui rendit à l'empire les provinces occidentales d'Asie Mineure et le littoral méditerranéen jusqu'àAttaleia.

Mais bientôt la croisade éclate sous la poussée des ambitions rivales.

La fondation des États latins d'Orientmarque une limite aux espoirs de Byzance.

Bohémond, dans sa principauté d'Antioche (1098), érigée au mépris deson serment, s'étend au détriment d'Alexis.

La tension dégénère en guerre ouverte.

Le Normand va lever enOccident une croisade contre Byzance.

Mais les temps sont changés.

Il échoue piteusement en Épire devant lesforces turques et byzantines coalisées.

Il doit signer la paix de Déabolis (1108), qui stipule la reddition d'Antioche.Tancrède, neveu et lieutenant de Bohémond, refusera d'aIlleurs d'honorer l'engagement. L'empereur va passer les dix ans qui lui restent à organiser la conquête et à la défendre, parfois brillamment, contreles assauts turcs.

Il lègue à Jean II une Asie Mineure diminuée, certes, mais d'un seul tenant.

Cette réussite, Il ne ladevait pas moins à la diplomatie qu'à la guerre.

Tout entraîne Alexis à négocier : son caractère, la tradition politiquedont Il est l'héritier, la conjoncture.

L'empire, mIlitairement faible, en impose par sa civilisation et sa richesse : Il estsûr de trouver à tout moment des concours à vendre.

Les ambitions anarchiques des États en formation sur lepourtour de l'empire assurent à celui-ci une réserve d'interlocuteurs virtuels.

Or le Comnène s'entend à faire valoirdes intérêts communs, à susciter ou à exploiter des divisions.

Il a joué de Venise contre les Normands, des Coumanscontre leurs congénères Petchénègues, Il dressera les Seldjoucides les uns contre les autres, les croisés contre lesTurcs, et des croisés, comme Raymond de Saint-Gilles, contre d'autres croisés.

Diplomatie à court terme, quispécule exagérément sur la puissance de régénération de l'économie byzantine.

Mais l'instabIlité de l'échiquierpolitique et l'urgence du salut public laissent rarement une alternative.

Il est douteux que l'union des Églises,projetée par Alexis, eût fourni la plate-forme diplomatique stable qui faisait défaut.

Le crédit politique de la papautén'était pas de force à conjurer le dynamisme centrifuge des États latins d'Occident ou d'Orient. Le même génie de l'opportunité et de l'adaptation commande la politique intérieure d'Alexis, comme Il en explique lessuccès et les vices.

L'avènement du Comnène avait ulcéré l'aristocratie civIle en place et elle contrariait plus d'uneambition dans le clan mIlitaire.

Il importait de resserrer la solidarité entre la Couronne et l'exécutif.

L'empereur,accaparé par la guerre, confie d'emblée la conduite suprême de l'administration centrale à sa propre mère, la têtepolitique de la génération.

Il remanie du même pas la titulature.

Passe-temps d'un souverain désœuvré ? Que nonpas.

Cette réforme bouleverse la hiérarchie des fonctions et des grades honorifiques et, par là, crée une nouvelleélite, d'autant plus attachée à l'autokratôr qu'elle se recrute dans sa parenté de sang ou parmi ses alliés.

Isaac, lefrère aîné, devient le second personnage de l'empire, sous le titre de sébastokratôr ; Mélissènos, le beau-frèreévincé, sera césar, et ainsi de suite.

Parallèlement, le Comnène veut une dynastie.

L'association au pouvoir deConstantin Doukas est une habileté provisoire, redoublée bientôt par ses fiançaIlles avec la fIlle aînée d'Alexis, Anne,en attendant que la naissance et le couronnement d'un garçon, Jean, exaucent les vœux du souverain et balaienttoutes les autres prétentions. Cette stratégie froisse les privIlégiés d'hier.

Le Sénat constate qu'on ne prend guère ses avis dans les affairesd'État.

Le reclassement des titres a bousculé des rangs, réduit des pensions et, dans tous les cas, grossi le nombredes mécontents.

La promotion de Jean Comnène déçoit les Doukas et ronge de haine sa propre sœur, qui sent lacouronne échapper au prince-époux, Bryennios.

De là, des complots périodiques que l'empereur traite avec unenonchalance trompeuse.

Pour faire valoir sa clémence ? Pour ménager des puissants, dont Il est moins dangereux detourner les intrigues que de les écraser ? Il y a de cela dans son comportement équivoque, comme la religion ledispute au calcul lorsqu'Il fait pénitence pour le sac de Constantinople en 1081, ou amende honorable pour ledétournement forcé des biens d'Église.

Ainsi par des voies sinueuses consolide-t-Il son pouvoir, en définitive peupopulaire, au témoignage de sa fIlle et admiratrice. Constantin IX (1042-1055) a doté l'État d'un appareIl administratif centralisé, conçu pour le temps de paix et pourfaire pièce à l'aristocratie mIlitaire.

Cette centralisation plaît à Alexis.

Il la renforcera au besoin, quitte à la purger deson venin antimIlitariste.

Il conserve la Direction générale des départements — ou "logothésie" des bureaux — maislui affecte un titulaire permanent.

Il institue un grand comptable, le "logariastès", une sorte de préposé au Budget.Le commandement mIlitaire est unifié.

L'armée de terre et la marine reçoivent chacune un état-major central, auquelpréside respectivement un "grand domestique" — au lieu de deux précédemment, le domestique d'Orient et ledomestique d'Occident — et un grand-duc.

Ces fonctions sont de préférence attribuées à l'entourage de l'empereur,conformément à ses principes constants de gouvernement.

À la suite de la reconquête, Alexis nuancera cettecentralisation.

Le chef mIlitaire de la province recouvrée exercera les mêmes pouvoirs étendus qui avaient été ceuxdes généraux-gouverneurs de la grande époque, dépossédés par le régime civIl du XIe siècle au profit du "juge" oupréteur. C'est le moins contestable mérite d'Alexis Ier d'avoir rendu à l'État des moyens de défense efficaces sur terre et surmer.

En 1081, l'armée compte au plus quelques mIlliers d'hommes, de recrutement hétéroclite, mal payés et peusûrs.

De flotte point.

Le temps est révolu depuis plusieurs générations de l'armée territoriale, recrutée, nourrie etéquipée, dans une circonscription donnée — le "thème" — sur le produit de la terre dite mIlitaire.

Le basIleuss'accommode de la nouvelle formule des contingents mobIles de mercenaires, indigènes et étrangers, à la charge dufisc.

Mais Il les étoffe d'éléments combatifs, de groupes cuirassés, en général occidentaux.

Il dispose de générauxvaleureux et anime souvent les opérations de sa présence.

Après des débuts lamentables, Il constituera un grandnombre de régiments aguerris, plus redoutables par leur mobIlité que par leur effectif et appropriés aux coups demain en faveur à cette époque. Byzance n'a jamais entretenu de flotte de guerre permanente.

Elle s'en donne une quand le besoin s'en fait sentir et. »

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