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Amilcar Barca

Publié le 27/02/2008

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Les origines de la famille barcide sont des plus obscures ; les seuls renseignements que l'Antiquité nous ait communiqués à ce sujet sont contenus dans un passage des Punica de Silius Italicus, où la fiction poétique se mêle à l'Histoire sans que nous puissions les distinguer. Il apparaît cependant que les ancêtres d'Amilcar et d'Hannibal appartenaient au groupe de colons tyriens qui vint s'établir à Carthage, soit au VIIIe siècle av. JC, soit quelques générations plus tard. Le serment que prêta Hannibal en 215 av. JC, lorsqu'il s'allia à Philippe V de Macédoine, énumère les dieux de la famille : la première place de ce panthéon est tenue par Ba'al Shamim, le dieu suprême de Tyr, et non par Ba'al Hammon qui l'avait éclipsé à Carthage ; les Barcides étaient donc restés traditionalistes en matière religieuse, comme il sied à une très ancienne lignée. Cependant, la prospérité matérielle de cette illustre maison ne paraît pas avoir égalé sa noblesse ; ses terres étaient situées loin de Carthage, dans la région qu'on appelait alors la Byzacène, l'actuel Sahel tunisien, entre Sousse et Sfax ; elles étaient donc moins fertiles et surtout moins faciles à exploiter que les grasses campagnes de Zeugitane et du cap Bon, accaparées par les magnats de l'oligarchie punique. Aussi le jeune Amilcar se tourna-t-il vers le métier des armes, que les rejetons de familles plus opulentes délaissaient pour le commerce, les grandes affaires ou l'agriculture spéculative.

« condamnations capitales. Amilcar aurait pu probablement s'emparer à cette occasion du pouvoir suprême.

Mais son but n'était pas degouverner sa patrie ; il voulait la revanche contre Rome, et avait certainement, dès ce moment, élaboré un plan qu'ilallait réaliser pendant le reste de sa vie.

Il s'agissait d'organiser une base suffisamment éloignée pour que le Sénatne s'inquiétât pas de ce qui s'y passait, assez riche en hommes et en ressources pour permettre la mise sur piedd'une armée.

Amilcar entendait y être le maître, diriger à sa guise non seulement la conquête et l'administration,mais la politique extérieure.

Pour cela, il fallait évidemment que Carthage ne fût pas dominée par ses ennemis ;ayant atteint ce but grâce à la révolution démocratique menée par Asdrubal, Barca allait quitter l'Afrique pour neplus y revenir Le pays choisi pour la réalisation du grand dessein était l'Espagne.

Les Phéniciens y avaient pris pied à une époquefort ancienne, probablement dès le XIe siècle av.

JC.

Ils avaient fondé sur les côtes plusieurs villes, dont la plusimportante était Gadès, l'actuelle Cadix.

Ces cités entretenaient de bons rapports avec Carthage qui les avait àl'occasion soutenues contre les indigènes et contre les Grecs.

Mais les Puniques ne possédaient directement qu'unebase à Ibiza, dans les Baléares.

La péninsule était peuplée, au Sud et à l'Est, par les Tartessiens et les Ibères,populations apparentées dont certaines tribus, dans la région de Malaga, avaient adopté la civilisation phénicienne.Dans le Centre et le Nord s'étaient établies des peuplades celtiques, dont une partie s'était mêlée aux Ibères,donnant naissance à un peuple mixte, les Celtibères. Amilcar débarque en Espagne en 237 av.

JC, et prend d'abord pour base Gadès.

Très vite, il met la main sur lesmines d'argent exploitées dans les montagnes qui dominent au Nord la plaine andalouse ; en même temps il soumetcette plaine elle-même, peuplée par les tribus tartessiennes, de vieille civilisation et depuis longtemps habituées aucontact avec les Phéniciens.

Il se procure ainsi les ressources financières dont le contrôle conditionne toute laréalisation de son plan ; elles lui permettent à la fois de faire face aux frais de la conquête, d'envoyer à Carthagedes subsides qui permettent son relèvement et consolident la position politique des démocrates, enfin de contribuertrès largement au paiement de l'indemnité de guerre exigée par Rome ; satisfait matériellement, le Sénat ne sepréoccupe pas des aspects politiques de l'action de Barca. Dans une seconde phase, Amilcar s'attaque aux populations ibériques de la côte Est, entre le cap de la Nao et ledétroit.

La résistance est plus vive ; mais, en 231 av.

JC, Barca a pu créer l'État pratiquement indépendant qu'il aprojeté.

Sa capitale est au cap Blanc, tout près d'Alicante.

Amilcar y jouit de toutes les prérogatives d'un roi ; il batsa propre monnaie, traite de son propre chef non seulement avec les princes indigènes qu'il oblige à reconnaître sasuzeraineté personnelle, mais aussi à l'occasion avec les puissances étrangères : il reçoit par exemple unecommission d'enquête du Sénat romain. Dix ans après le traité de Catulus, Amilcar a ainsi réussi à supprimer les principales causes d'infériorité qui avaiententraîné la défaite de Carthage ; disposant d'une armée permanente, recrutée en majeure partie parmi ses sujets,qui lui est entièrement dévouée, il n'a plus à craindre ni les trahisons des mercenaires, ni l'espionnage desgouvernants de Carthage, ni les sanctions des Cent Quatre, que sa réforme constitutionnelle a d'ailleurs désarmés ;il peut mener sa diplomatie à sa guise ; enfin et surtout, il jouit d'une entière liberté dans le domaine économique etfinancier, avec la certitude de n'être jamais paralysé, comme c'était si souvent arrivé aux généraux puniquespendant la première guerre contre Rome, par l'avarice de dirigeants plus soucieux de leurs intérêts privés que dusalut de la patrie. C'est à cette époque que fut exécuté le portrait d'Amilcar reproduit après sa mort sur les monnaies de son fils.

Laforce, l'énergie, la sévérité émanent de ce visage de grand condottiere. La seule faiblesse de l'œuvre d'Amilcar provenait de la rapidité même de son succès.

Les peuples espagnols, surtoutles rudes tribus de la Meseta, n'étaient pas disposés à accepter une hégémonie contraire à leurs traditionsd'anarchie.

Au cours d'un raid mené contre une ville rebelle, l'armée barcide se trouva brusquement enveloppée parles hordes innombrables des Orétans de la Manche.

Pendant la retraite, au passage d'un gué sur le Jucar, Barca futemporté par les eaux tumultueuses du fleuve (229 av.

JC).. »

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