Analyse d'une séquence « Des Cannibales » : I, 31, pp. 309-310

« !::~!~~que de la guerre Elle est de type aristocratique et se fonde sur la gloire : « !'acquêt [le bénéfice] du victorieux, c'est la gloire, et l'avantage d'être demeuré maître en valeur et vertu » ; le verbe d'état à l'infinitif passé (d'aspect accompli) : « être demeuré maître» insiste sur la constance morale devant l'épreuve.

La reconnaissance déniée Quant au guerrier vaincu, en refusant de reconnaître son vainqueur et en faisant fi de la crainte de la mort, il pratique une résistance qui reçoit l'approbation an­ tique (citation latine), tandis que des procédés d'intensification(« pas un en tout un siècle[ ...

] un seul point.

..

») trahissent l'admiration de Montaigne.

~ Ill -VERS UN DISCOURS ETHNOLOGIQUE Un texte informatif Les informations que détient Montaigne sont présentées comme objectives ; les phrases sont déclaratives ; le recours au présent gnomique (présent de vérité générale) donne au texte une tonalité scientifique.

Un texte argumentatif Le texte a valeur de plaidoyer, et veut renverser un préjugé : les indigènes ne sont pas des barbares, et devant cette barbarie qu'est la guerre, ils parviennent à l'humaniser quelque peu.

Des articulations logiques(« car»,« mais» ...

), des paral­ lélismes nombreux renforcent la physionomie argumentative du passage.

La relativité des cultures Finalement la seule barbarie dont font preuve les Cannibales, c'est de préférer « être tué et mangé » plutôt que de manifester la peur et demander grâce : ils pous­ sent jusqu'à la déraison un idéal aristocratique et sont paradoxalement barbares par un sentiment de l'honneur exacerbé.

Conclusion : Cette image, fondamentalement positive, que donne Mon­ taigne de l'indigène anthropophage, fait de ce passage un des textes fonda­ teurs du mythe du « bon sauvage ».. »