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APARTHEID

Publié le 05/01/2012

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apartheid

« Développement séparé « en langue afrikaans. Théorie d'organisation de la société fondée sur la ségrégation raciale et spatiale, qui a marqué l'Afrique du Sud au xxe siècle. La cohabitation entre les descendants des fermiers hollandais, les Boers, établis en Afrique du Sud à partir du xviie siècle, et leurs serviteurs noirs, pour la plupart hottentots (khoi), mais aussi javanais, donne naissance à des groupes de Métis (Métis du Cap, Gricquas, etc.) et à une langue créole, l'afrikaans, un néerlandais émaillé de mots africains, portugais et malais. Il en va différemment de la couche urbanisée, installée au Cap et sur la côte, puis des Britanniques arrivés à partir de 1820. Fuyant les Britanniques et leurs lois interdisant l'esclavage, les Boers s'enfoncent dans l'intérieur, à la recherche de terres nouvelles (« Grand Trek «, 1837-1850). De cette époque date l'émergence d'un nationalisme afrikaner ombrageux, fondé sur le refus de la colonisation britannique et sur la volonté de créer un peuple aux caractéristiques culturelles et physiques homogènes. Le métissage n'épargne pas les grandes figures de la nation, comme l'ancien gouverneur Van der Stel (fin du xviie siècle), métis d'Indien, et le président Paul Kruger (1825-1904), dont le métissage noir remonte au xviie siècle. Dans la seconde moitié du xixe siècle, le repli sur soi est accentué par la cohabitation conflictuelle, dans les mines du Transvaal, entre ouvriers métis, noirs et « petits blancs « accrochés à leurs avantages. Au tournant du xxe siècle, la défaite de ceux-ci dans la guerre des Boers et leur intégration dans une Union sud-africaine britannique (1910) consacrent la mise en place d'un échafaudage communautaire que des lois vont rendre imperméable. Le « passage « rendu obligatoire d'une communauté à une autre, à l'occasion d'une naissance révélant un « secret de famille « soigneusement occulté, a été un drame pour beaucoup d'Afrikaners (originaires néerlandais parlant l'afrikaans) qui se sont trouvés du jour au lendemain rejetés dans la communauté métisse et contraints, de ce fait, de changer de domicile, sinon de travail et de relations (100 000 cas litigieux ont été examinés entre 1950 et 1957). L'influence du national-socialisme allemand. Le système puise ses fondements idéologiques dans les liens tissés, entre les deux guerres, par les extrémistes afrikaners avec les colons allemands du Sud-Ouest africain (actuelle Namibie) qui avaient adhéré en masse aux idées nazies (le premier administrateur du territoire en 1885, H. E. Goering, était le père d'Hermann Goering, futur maréchal du IIIe Reich). L'administration de ce territoire, conquis pendant la Première Guerre mondiale par le gouvernement sud-africain probritannique de Jan Christiaan Smuts (1870-1950) malgré l'opposition d'une partie des Afrikaners, avait été confiée à titre de mandat par la Société des Nations (SDN) à l'Afrique du Sud. Le Parti national purifié, créé en 1934 par le Dr Daniel F. Malan (1874-1959) qui allait accéder au pouvoir à Prétoria en 1948 et instaurer l'apartheid, y tisse des liens étroits avec les organisations pronazies. En 1939, en Namibie, cent cinquante de leurs leaders sont internés par le probritannique J. C. Smuts. Un tiers des hommes adultes d'origine allemande (1 200 personnes) les rejoignent un an plus tard par mesure de sécurité. À son arrivée au pouvoir, le gouvernement de D. F. Malan fait voter plusieurs lois pour mettre en place l'apartheid (interdiction des relations sexuelles et des mariages mixtes, classification raciale et ethnique, contrôle de l'installation et des déplacements de la population, séparation physique imposée dans les espaces et services publics). Parallèlement à cet arsenal juridique, un effort est mené dans l'enseignement et la presse pour justifier la mainmise de la minorité blanche sur la majorité du territoire et sur ses richesses en faisant valoir que Blancs et Noirs sont arrivés à la même époque en Afrique du Sud. L'archéologie, encore peu développée, démontre toutefois l'antériorité évidente du peuplement autochtone par les Khoi-San (Hottentots et Bochimans) et d'autres populations noires. Idéologie ayant largement puisé dans le national-socialisme, l'apartheid trouve de sérieux soutiens dans des cercles de droite et d'extrême droite, en Europe et aux États-Unis. En revanche, il est politiquement combattu à gauche et dans les milieux libéraux qui organisent des campagnes de boycottage et, de plus en plus, par les cercles financiers qui y voient un blocage à l'extension du marché. Bernard NANTET Le démantèlement des lois raciales. Après la libération en février 1990 de Nelson Mandela, le leader du Congrès national africain (ANC), organisation combattant depuis 1912 la discrimination raciale, l'Afrique du Sud se trouve confrontée aux difficultés de la recherche d'une sortie négociée de l'apartheid. N. Mandela et le président Frederik W. De Klerk (1936-) seront les deux personnages clés de l'ouverture politique. Comme il l'avait promis, le chef de l'État sud-africain ira jusqu'au bout du démantèlement de la législation d'apartheid. Les principaux « piliers « législatifs tombent progressivement entre mars et juin 1991 : le Group Areas Act (ségrégation résidentielle), le Land Act (répartition des terres entre Blancs et Noirs), et même le Population Registration Act de 1950 (classification des Sud-Africains en fonction de leur appartenance à un groupe racial). Pour cette dernière loi, cependant, des mesures transitoires sont proposées, en attendant l'élaboration d'une nouvelle Constitution. L'abolition du Land Act, une loi remontant à 1913 et qui interdisait à la majorité noire d'être propriétaire de plus de 13 % des terres du pays, est l'une des réformes les plus significatives. Désormais, chacun pourra donc acquérir des terres où il l'entend, quelle que soit sa « race «. Cependant, l'enjeu passe très vite de l'abolition des discriminations raciales - un fait désormais acquis et sans doute irréversible - au terrain politique : 23 millions de Noirs n'ont toujours pas le droit de vote. Une réforme constitutionnelle est alors adoptée qui permet l'organisation des premières élections multiraciales les 26-29 juillet 1994, au terme desquelles N. Mandela est élu président. Dans les mois précédents, la réintégration à l'administration de Prétoria du Bophuthatswana, du Ciskei, du Transkei et du Venda a mis fin aux bantoustans. Pierre HASKI

apartheid

« LE DÉVELOPPEMENT S~PAR~ DES «RACES,, l'apartheid est un système de dlscrl...,., ttlllliltft en vigueur en Afrique du Sud de 1948 111994.

UNE IDÉOLOGIE RACISTE DES IACINES HISTORIQUES Si le mot afrikaans apartheid (•séparation ») n'est entré dans le langage courant que dans les années 1950, la doctrine qu'il désigne trouve ses racines dans l'histoire de l'Afrique du Sud, et notamment de celle des colons blancs venus d'Europe.

En émerge l'Image du Boer, ce fmllkr hlloathlls véritable pionnier du pays, armé de son seul courage, de sa carabine et surtout de sa Bible.

Vie fruste, dangereuse, étayée de certitudes élémentaires issues d'une foi calviniste sans faille.

UN PEUPLE QUISE DIT «ÉLU» l'une de ces certitudes , c'est d'être un «peuple élu».

Comme les Hébreux de l'Ancien Testament le peuple boer a connu son «Exode» : le Grand Trek, mené de 1836 à 1840 par des colons à la recherche de nouvelles terres .

Ce qui explique la croyance profondément ancrée que la «volonté divine» guide, aujourd'hui comme hier, le destin de la nation llfriko11~r (c'est-à-dire des Blancs d 'origine néerlandaise, citoyens d'Afrique du Sud) .

DES CIOYANCES IEUGIEUSES Selon l'tglise réfonnée hollandaise (celle des Boers), Dieu a voulu la séparation des races.

l'apartheid , qui est proosémentfondé sur la • différenciation • naturelle des êtres humains, est donc confonne à cette volonté divine .

Ainsi, le premier pilier du système de discrimination ethnique sud-africain trouve ses racines dans les croyances religieuses traditionnelles du peuple boer, passées en héritage Ilia communauté afrikaner .

LE DIOIT DU • PHil lEI OCCUMHT » Un autre fondement de l'apartheid est lui aussi puisé dans l'histoire : les Boers , installés depuis le milieu du XVI~ siècle , seraient en fait les premiers occupants de la pointe sud du continent africain.

Certes , Il l'origine , des bandes de chasseurs ou de pasteurs khoisans vivaient dans l'ouest de l'actuelle province du Cap; mais, trois siècles plus tard, ils ont pratiquement disparu .

Quant aux Noirs parlant les langues bantoues, ils ne seraient (Il en croire les partisans de l'apartheid) arrivés qu'à peu prés en même temps que les Blancs .

LA « DtfENSE DE LA CIVIUSATION » Le troisième pilier , plus contempora in, de la doctrine de l'apartheid souligne le rôle privilégié de l'Afrique du Sud afrikaner dans la défense de la civilisation chrétienne occident ale.

Cette défense est censée passe r par le maintien de la suprématie blanche , seule garante des valeurs civilisatrices fondamentales (dont les non-Blancs seraient eux aussi bénéficiaires ).

« PatSERVER LA RACE BLANCHE,, Dernier dogme de l 'apartheid : celui de la croyance en la nécessité de préserver la pureté biologique de la race blanche .

Les tenants de ces théories condamnent ainsi «le libéralisme et le négrophilisme qui voudraient balayer toutes les baiTières de couleur et faire de l 'Afrikaner un être sans colonne vertébrale » .

Le Premier ministre Strijdom le déclare d 'ailleurs sans ambages en 1956: •Le problème fondamental est de préserver la race blanche et la civilisation occidentale .» Le refus du métissage est accentué par une constante progress ion numérique des non-Blancs au sein de l'ensemble sud-africain .

LES GROUPES ETHNIQUES l'application de l'apartheid exige au départ un recensement de tous les habitants et leur rattachement Il un groupe ethnique .

Trois grands groupes raciaux vont être distingués sur des critères principalement physiques mais aussi de langue et de descendance : les Noirs , les Blancs, les métis (auxquels sont intégrés les Asiatiques).

C'est Il partir de cette classification rigoureuse que sera menée , pendant plus de quarante ans, la politique de ségrégation et de développement séparé en Afrique du Sud.

• LH Noirs du pays se divisent entre deux ethnies principales, les ZOfliofts et les Xhosas, mais neuf seront retenues par les législateurs blancs sud-africains pour installer l'apartheid.

l'accélération (surtout à partir des années 1950) de l'urbanisation et l'accroissement démographique de la communauté noire vont multiplier les contacts interraciaux, et par Ill même contraindre le pouvoir blanc à un «perfectionnement» sans cesse croissant du système de ségrégation ethnique .

En 1993 , soit un an avant la fin de l'apartheid, la communauté noire représentait 31,1 millions de personnes (soit environ les trois quarts de la population).

• LH Blancs se répartissent essentiellement en deux groupes distincts (sinon par l 'origine ethnique , du moins par la langue parlée au foyer ) : les Afrikaners , qui parlent l 'afrikaans, une langue dérivée du néerlandais (prés de 60 % de la communauté blanche) , et les anglophones (environ 40 %).

En 1993 , le nombre des Blancs sud­ africains dépassait tout juste 5 millions , soit 13 % de la population (cont re 16% au début des années 1980).

·Les métis (ou co/oured people), descendants des unions entre les esclaves, les Européens et les populations noires , se répartissent entre Cape Coloured , chrétiens (métis noirs et européens), et Cape Moloy , musulmans (descendants des esclaves asiatiques ).

Longtemps considérés comme des parias impurs, exclus de toute citoyenneté Il partir des années 1960, les métis sont pour la plupart concentrés dans la province du Cap.

Ils parlent surtout l'afrikaans .

Ils étaient environ 3,5 millions en 1993, soit environ 10 % de la population .

• Assimilés aux métis par les législateurs de l'apartheid , IH AsiatiquH sont essentiellement des descendants des Indiens de Madras, arrivés Il partir de 1860 pour travailler dans les plantations sucrières du Natal (où la grande majorité résident encore).

Victimes eux aussi de l'apartheid, ils bénéficient cependant depuis plusieurs décennies d'un bon niveau économique et social.

Leur nombre est passé de 133 000 en 1911 Il 1 million en 1993 (soit un peu plus de 3% de la population).

LEs r1tM1cEs • Les prémices d 'une politique de ségrégation apparaissent au début du ~ siècle .

Des «réserves» africaines sont créées en pays zoulou, xhosa et sotho .

En 1910 , la Constitution de l'Union sud­ africaine supprime le droit de vote aux Noirs du Natal, de l'Orange et du Transvaal, ceux du Cap le conservant provisoirement • En juin 1913, interdiction est faite aux Noirs d'acheter des terres dans les zones décrétées «blanches», soit sur prés de 90 % du territoire.

Cinq ans plus tard, l'ultranationaliste Don/el Frtltrfols Moloafonde un mouvement qui va jouer un rôle essentiel dans l'Installation du système de ségrégation ethnique en Afrique du Sud.

• Cette «Ligue des frères», organisée en société secrète en 1921 , recrute essentiellement des membres blancs, calvinistes et de langue afrikaans .

Elle étend trés vite son influence dans les milieux politiques, dans l'administration et l'éducation .

LA MISE EN PLACE En 1948 , les partisans de l'apartheid arrivent ou pouvoir .

C'est le début r d'une politique de ségrégation raciale sans précédent qui va perdurer jusqu'en 1994.

Cette politique frappe tous les groupes ethniques non-blancs , mais elle est conçue avant tout à l'encontre de la communauté noire , dont la masse numérique est perçue comme une menace pour le maintien de la suprématie blanche .

l'apartheid comporte deux volets : le premier vise à renforcer au maximum la séplll'llfl011 elltrf cllaque c-muHIIfé rt~chlle; le second cherche Il donner aux Noirs, Il travers la création de bantoustans (États destinés Il devenir indépendants regroupant les populations noires par ethnies), les moyens de se développer conformément à leur type de civilisation .

Le renforcement de la séparation , ou «apartheid négatif», se met en place dés 1949 et ne fait bien souvent que codifier un état de fait Dès cette année-Ill , les mariages entre Blancs et Noirs sont interdits .

La classification ethnique de la population pose toutefois un certain nombre de problèmes , notamment du fait de l'Imbrication des populations et de la fragilité des critères légaux .

Certains cas sont particulièrement difficiles à trancher notamment celui des métis Ilia peau claire et qui parlent l'afrikaans, ou celui des Afrikaners au teint mat • Pour ces cas «difficiles», l'administration a recours à divers procédés : un peigne est placé dans les cheveux de la personne; s'il tombe , celle-ci est considérée comme blanche ; s'il reste accroché , le «suspect» est classé parmi les métis ...

Une comm ission spéciale sera amenée à trancher plus de 100000 cas litigieux entre 1950 et 1957 .

LA S~GR~GATION AU QUOTIDIEN Profondément humiliant pour les non-Blancs, ce système de classification provoque de nombreux drames humains, indivi duels et familiaux, surtout dans les couples mlxtn , contraints de se séparer.

• La loi sur les regroupements de population impose en effet des lieux d'habitation déterminés , et par conséquent séparés.

Les autorités organisent des déplacements forcés de populations pour mettre en place cette ségrégation résidentielle.

Une partie des Noirs est transférée dans Préserver la pureté biologique dela •roce • blanche .

1948 Les partisans de 1 apartheid arrivent au pouvoir en Afrique du Sud.

Ségrégation Dans les transports publics , /es salles de spectade, les restaurants, /es pisdnes, les toilettes , sur /es bancs publics , les plages ...

Les bantoustans Ces«États• regroupent les populations noires par ethnies .

A Soweto Le 16 juin 1976 , la police tue un Noir de 13 ans.

Dans les jours qui suivent l'agitation et les violences gagnent l'ensemble des townships .

La répressiOn fait plus de 1500victimes.

Prix Nobel de la Paix Après M9' Desmond Tutu {1984) , Nelson Mandela et Frederik DeK/erk reçoivent conjointement ce prix en octobre 1993 .

27 ans. »

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