Devoir de Philosophie

Auguste

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

auguste
Le huitième jour avant les calendes d'octobre, sous le consulat de Cicéron (23 sept. 63 av. JC), le sénat délibérait sur les révélations qui venaient de lui être faites concernant la conjuration de Catilina. Un sénateur, Octavius, arriva en retard ; pour excuse, il annonça que sa femme venait de lui donner un fils. Entendant cela l'un des sénateurs présents, Nigidius Figulus, fort versé dans la science des astres, s'enquit du moment précis où l'enfant était né et, après un bref calcul, prédit que cet enfant serait maître du monde. Plus tard, en Thrace, des prêtres de Dionysos, interrogés par Octavius sur le destin de son fils, lui firent la même réponse. Les dieux leur avaient envoyé un présage qui ne s'était produit qu'une fois, pour Alexandre le Grand. Tout cela se passait longtemps avant que rien pût laisser prévoir quelle serait la fortune de cet enfant. Octavius, surnommé Thurinus (parce que son père avait remporté une victoire sur des esclaves fugitifs, dans la région de Thurii, non loin de Tarente), était le fils d'un sénateur, qui avait suivi honorablement la carrière habituelle, gouverné la Macédoine avec sagesse et énergie. Il en était revenu au printemps de l'année 59 av. JC, pour briguer le consulat.
auguste

« face au danger.

Antonius et les révoltés de Pérouse sont écrasés.

A vrai dire, l'Italie était lasse de la guerre civile.Puisqu'il fallait un maître, autant celui-là que les dieux désignaient si visiblement, qu'un autre, surtout cet Antoinedont les excès, au temps de César, n'étaient pas oubliés.

Antoine le comprit ; désavouant son frère, il renouvela, le6 octobre 40 av.

JC, son alliance avec Octavien, et prit comme femme Octavie, la sœur de celui-ci.

Le monde entierrespira. Au cours de l'été suivant, la paix de Misène, conclue avec Sextus Pompée, fut un nouveau sujet de réjouissance,d'autant plus que beaucoup de nobles, bannis par les triumvirs, purent alors rentrer à Rome, et, parmi eux, TiberiusClaudius Nero et sa femme, Livie Drusilla.

Octavien, qui avait, pour des raisons politiques, épousé Scribonia, et enavait eu une fille, Julia, devint soudainement amoureux de Livie et la contraignit au divorce.

De son mari, elle avaiteu un fils, le futur empereur Tibère, et elle en attendait un autre.

Malgré cela, les pontifes déclarant qu'il n'y avaitaucun empêchement religieux à un tel mariage, Octavien l'épousa solennellement.

Au cours des premiers mois decette année-là, l'horizon politique s'assombrit de nouveau.

Sextus Pompée reprend les hostilités, Antoine subit deséchecs en Orient, les Gaulois d'Aquitaine se soulèvent.

Mais le jeune maître de l'Italie surmonte tous les obstacles.Patiemment, il constitue des flottes qui, sous la direction d'Agrippa, finissent, en 36 av.

JC, par briser la rébellion dujeune Pompée.

Les Aquitains sont contenus, les armées romaines parcourent victorieusement la Gaule.

Mais le fossése creuse de plus en plus entre Octavien et Antoine, qui, oubliant Octavie, pourtant loyale envers lui, mène enOrient sa "vie inimitable" avec la reine d'Égypte, Cléopâtre.

Il lui abandonne des lambeaux de l'empire, reconnaîtcomme ses héritiers les enfants qu'il a d'elle.

Les quelques opposants à Octavien, qui s'étaient réfugiés auprès delui, se désolent et l'abandonnent un à un, pour demander leur pardon au véritable maître de Rome qui, lentement,apprend la sagesse, fait, au pouvoir, son apprentissage d'homme d'État.

A sa demande, Agrippa accepte de devenirédile bien qu'il ait déjà été consul ; il s'agit de moderniser la Ville : aqueducs, portiques, parcs publics, temples,statues, bibliothèques, les premiers thermes publics font affluer l'argent, les trésors de la victoire, et ce que l'on aenlevé aux proscrits.

Cette politique reprend la tradition des grands triomphateurs, qui semblaient n'avoir vaincu quepour combler le peuple. Bientôt, le moment est venu de la lutte ultime pour la suprématie.

Rome et la bourgeoisie italienne sont derrièreOctavien, qui peut provoquer, en 32 av.

JC, la rupture avec Antoine.

Officiellement, celui-ci est accusé de trahirRome au profit de l'Égyptienne.

La guerre est déclarée celle-ci, au nom des dieux de la patrie, et parmi eux,Octavien n'oublie pas qu'il y a César, son père.

Il est diui filius, "fils de dieu", et c'est une de ses principales forces.Les forces de l'Occident se heurtent, le 2 septembre 31 av.

JC, à celles d'Antoine ; c'est une bataille navale qui,dans les eaux d'Actium, décide du sort du monde.

Moins d'un an plus tard, le 1er août 30 av.

JC, Alexandrie tombait.Antoine s'était suicidé.

Cléopâtre choisissait de se faire tuer par les serpents qui figuraient parmi les emblèmes de làroyauté égyptienne.

Octavien était le maître du monde.

Mais une tâche plus difficile encore l'attendait, une foiséteints les échos du triple triomphe qu'il célébra au début du mois d'août 29 av.

JC. Quelle forme donner aux institutions de Rome ? César, assurément, voulait instaurer la royauté.

Cela avait en grandepartie provoqué son assassinat.

Antoine lui aussi avait pris, en Orient, l'allure d'un monarque.

Et Rome, on le savait,ne pouvait survivre si l'on revenait, purement et simplement, aux habitudes politiques d'autrefois.

Tel était leproblème : créer une royauté qui n'en serait pas une en apparence mais qui posséderait, de la monarchie, tous lescaractères, sauf le nom. Octavien et ses amis furent aidés dans cette tâche par toute la réflexion politique élaborée depuis plus de vingtans, par Cicéron, dans son dialogue De la république, et aussi par tout ce qui, à Rome, se souciait de penser.L'opinion était préparée à accepter non, certes, un roi, mais un "protecteur", capable de prévenir le retour de laguerre civile.

Affectant de ne rien changer aux institutions républicaines, le nouveau maître se contenta d'abord derevêtir le consulat et de le conserver d'une année à l'autre, tandis que le second consul demeurait annuel.

Une foisla paix revenue, il fallait bien, pourtant, éviter d'apparaître comme un conquérant investi du pouvoir par la violence.En fait, ce pouvoir, il le devait aussi à son charisme propre, de "fils de dieu".

Au mois de janvier 27 av.

JC, le Sénatdécerna à celui qui était en fait son maître le titre d'Augustus.

Ce mot ressuscitait une vieille notion quasi magique ;on l'appliquait ordinairement aux lieux, aux objets consacrés par les augures, en vertu d'un signe divin.

Ce jour-là,Auguste pouvait offrir au Sénat de lui rendre la direction de l'État, il n'était plus, ne serait plus jamais un citoyencomme les autres, il était déjà du côté des dieux. Le Sénat retrouva donc, à partir de cette date, l'administration des provinces, sauf quelques-unes, dont la situationexigeait des précautions militaires ; ce furent les provinces "impériales", où Auguste était gouverneur suprême.

Lejour où Auguste renoncerait au consulat et aux provinces "impériales", on retrouverait, ou à peu près, la république.Mais ce jour ne vint jamais.

Peut-être Auguste aurait-il vraiment souhaité le voir luire.

Mais il dut se rendre àl'évidence, l'antique liberté n'était plus possible.

En 23 av.

JC, une conjuration, dont l'âme était le propre beau-frèrede Mécène, Terentius Varro Murena, révéla que la guerre civile était toujours menaçante.

Sur ces entrefaites,Auguste tomba gravement malade ; il se crut sur le point de mourir.

Devant cette crise, il improvisa une solution :remettre à Agrippa ce qui faisait ses propres moyens d'action, son immense fortune, et, sans doute, sa succession àla tête des provinces impériales, c'est-à-dire, en fait, la libre disposition des forces armées de l'empire.

Pourtant, ilrestait un élément intransmissible autrement que par la légitimité d'une filiation, ce charisme "césarien" qui fondait leprincipat augustéen plus sûrement que n'importe quelle monarchie. Revenu, contre tout espoir, à la vie, Auguste se préoccupera de résoudre le problème que sa maladie avait poséd'une façon dramatique.

Il modifia ses propres pouvoirs, abandonna le consulat et prit, à sa place, la puissancetribunicienne, c'est-à-dire un pouvoir analogue à celui des anciens tribuns de la plèbe, protecteurs du peuple, armés. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles