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Boleslas le Vaillant

Publié le 27/02/2008

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966-1025 Roi de Pologne Parmi les princes conquérants qui, avec leurs grands et leurs guerriers, ont su transformer les structures archaïques tribales de l'Europe centrale et orientale en la poussant vers le monde féodal et chrétien, une place d'honneur appartient à Boleslas le Vaillant, en polonais Boleslaw Chroby, appelé déjà le Grand par ses contemporains. Sa date de naissance coïncide avec le baptême de la Pologne. En 965 vint, en effet, une princesse tchèque, Dobrava, à la cour de son père, Mesco (Mieszko) Ier, qui, aux prises avec des problèmes dépassant le cadre d'abord modeste de son duché des Polanes, se décida à entrer, de son propre gré, dans la famille des peuples européens, en demandant en mariage un rejeton de la dynastie chrétienne des Prémyslides de Prague. L'année suivante, en 966, le duc Mesco se fit baptiser, avec sa cour, et le jeune prince, né du mariage conclu entre un païen à convertir et une chrétienne, grandit avec la Pologne chrétienne et avec la croissance politique et territoriale du pays. Une marque de l'époque ancestrale, la coupe solennelle des cheveux du garçon à l'âge de sept ans, se serait liée avec l'acte de sa soumission pieuse au lointain souverain pontife. En même temps, la première épreuve politique attendait le petit Boleslas : en 973, il fut remis pour quelque temps en otage à la cour de l'empereur Othon Ier, qui était alors une bonne école politique. Dès l'âge de onze ans, Boleslas perd sa mère, une personne de caractère, qui attendit jusqu'à l'âge de trente ans son mariage, mais non, paraît-il, d'après les chroniqueurs, la joie de vivre. Mais on devine que le prince polonais entra tout jeune dans l'intimité de son père qui l'initia aux rouages du pouvoir dans des luttes et négociations, voyages d'inspection, chasses et fêtes de cour.

« cooperator imperii, populi Romani amicus et socius — prince disposant auprès de l'empereur d'une confiance totale.Le projet audacieux d'introduire Sclavinia-Sclavania (les territoires gérés et à gérer par Boleslas le Vaillant) aupremier rang de la communauté impériale et en possession des mêmes droits que l'Italie, la Germanie et la Gaule,conférerait au prince polonais le rôle de co-fondateur de cette œuvre. En l'an mille, reçu à Gniezno avec des honneurs royaux, Othon III installa la nouvelle métropole dont l'archevêque,Gaudence-Radzim, demi-frère de saint Adalbert, fut entouré de trois évêques nouveaux, ceux de Cracovie, Wroclawet Klobrzeg, auxquels se joindra celui de Poznan, dont le siège datait de 968.

Au cours d'une cérémonie calquée surle modèle byzantin, l'empereur introduisit Boleslas, patricien de l'Empire, comme frère dans la famille des rois et despeuples qui constituaient l'Empire.

L'octroi au duc de Pologne de la Sainte Lance, conservée jusqu'à nos jours autrésor de la cathédrale de Cracovie, définit son rang élevé dans la symbolique des honneurs princiers valables àl'époque.

Il est plausible de croire que le trône de Charlemagne, découvert quelques semaines plus tard par Othon IIIà Aix-la-Chapelle, fut donné par lui à Boleslas contre un bras de saint Adalbert.

D'autres traces du culte deCharlemagne dans la dynastie polonaise indiquent, elles aussi, l'accord unissant dans ces idées Boleslas et Othon III. Le programme impérial ne put être réalisé et, en 1001, avec l'arrivée au pouvoir d'Henri II, le changement de l'équipequi gouvernait l'Empire signifiera pour le prince polonais le renversement du système des alliances.

Le roi d'Allemagneconclut avec les Vélètes-Lutices païens un pacte militaire dirigé contre la Pologne : il n'y avait plus de but politiquecommun entre Boleslas et le successeur d'Othon III. Bolestas tenta, afin d'augmenter son potentiel politique, de s'emparer, en mars 1003, de Prague, et de créer unempire slave par l'union en sa personne des deux trônes.

Il n'y réussit pas, et la dynastie des Prémyslides,recouvrant bientôt sa capitale, se prononça en faveur du partenaire allemand.

Dans la guerre difficile polono-allemande qui dura, avec des interruptions, de 1003 à 1018, la Pologne trouva en face d'elle la coalition de l'Empire,de la Bohême et des Lutices.

Elle chercha alors l'aide de la Hongrie, au prix de certaines renonciations territoriales,et la neutralité russe fut imposée par une politique active de Boleslas à l'égard des princes de Kiev, tandis qu'unecertaine importance était donnée à l'alliance avec l'État anglo-danois de Knut le Grand.

L'indépendance du pays futfinalement sauvée ; l'hommage de vassalité rendu par Boleslas à Henri II en 1013, à Mersebourg, concernaitseulement la Lusace et le Miltzenland, territoires entre l'Elbe et l'Oder ; le traité de Bautzen, en 1018, les laissa à laPologne sans que celle-ci fût tenue de prêter hommage.

La grande guerre témoigna du talent diplomatique etmilitaire de Boleslas qui n'épargna rien à son adversaire cherchant des appuis en Allemagne, et qui sut mobilisertoutes les forces de son propre pays.

Le siège de Niemeza ne trouva chez le chroniqueur saxon que des éloges pourles assiégés ; les opérations multiples qui tourmentaient l'armée allemande et ses auxiliaires, contribuèrent à cettepaix définitive que le même chroniqueur qualifia du côté de l'Empereur non ut decuit, sed sicut tun fieri potuit(Thietmar, l.

VIII c.

I).

Un mariage du prince polonais, devenu veuf, avec la fille du margrave Ekkehard consacra lafin des hostilités.

La victoire de Boleslas ne fut tout de même que difficilement acquise, témoin l'insurrection, avant1013, de la Poméranie occidentale qui recouvra son indépendance en chassant les garnisons et le clergé polonais. Le dynamisme d'un jeune État ne souffrait pas des suspensions des guerres et expéditions.

Déjà, au cours d'unetrêve sur le front occidental, en 1013, Boleslas était allé en Russie pour aider son gendre, le prince Svatopolk,emprisonné par le grand-duc Vladimir.

En 1018, juste après la paix de Bautzen, une nouvelle expédition fut organiséequi, après une sanglante bataille sur le Bug, permit à Boleslas d'entrer à Kiev et d'y assurer pour quelque temps letrône à son gendre.

De cette ville, des lettres triomphales furent expédiées aux deux empereurs ; Basile II,l'empereur d'Orient, pouvait en effet être inquiet de voir son allié russe entrer dans le camp occidental : la guerre deByzance avec Henri II en Italie méridionale était en cours.

Le retour de Boleslas en Pologne, avec un riche butin enhommes et en argent, assura ses frontières sur le Bug et le San supérieur. Le dernier grand épisode de cette vie mouvementée fut le couronnement royal.

Après la mort d'Henri II, l'ambassadepolonaise réussit à convaincre Jean XIX, assez indépendant à ses débuts de la tutelle germanique, de permettre cetacte suprême.

A la fête de Pâques 1025, Boleslas reçut l'onction royale à laquelle, en tant que “ prince très-chrétien ”, il aspirait depuis un quart de siècle.

Quelques mois après, il mourut, laissant son royaume et sa royauté,construits au prix d'un très grand effort de toute la société, à son fils Mesco II, qui ne les sauvegarda qu'à grand-peine. La chronique russe nous a transmis le portrait physique et moral de Boleslas.

Il s'accorde à merveille avec le profilimpérieux et dur que l'on voit gravé sur ses monnaies.

“ Boleslas était grand et lourd au point de monter à chevalavec peine, mais il était d'un esprit vif.

” Un chroniqueur malveillant, Thietmar de Mersebourg, consacra deschapitres “ à ce fléau de Dieu fatal aux péchés de la nation teutonique, à ce lion rugissant, à cette vipèrevenimeuse, à ce renard astucieux.

Cruel pour les siens, il punissait sévèrement les fautes d'autrui, mais s'abîmait lui-même dans la débauche ; adroit, industrieux, perfide, il savait tromper et corrompre ”.

Mais un autre témoinallemand, Brunon de Querfurt, n'hésite pas, en pleine guerre de Boleslas avec Henri II, à exprimer dans une lettre àson roi les sentiments d'attachement qui le lient à Boleslas.

Invité en 1004 par le prince polonais à diriger desmissions, il est conquis par ses projets d'Église missionnaire au service du monde chrétien.

D'autres étrangers,comme les ermites italiens, comme cet abbé Tuni entré dans la diplomatie de Boleslas, partagent ces viséesmissionnaires qui englobaient aussi bien les Vélètes-Lutices que la Suède, la Prusse que les Petchénègues nomades.Il est hors de doute que la pénétration chez les Gentils servait bien les intérêts des puissances chrétiennes dont laPologne qui essayait à son tour de l'appliquer à ses voisins. L'effort culturel de ces trente-deux ans de règne peut se mesurer aux résidences princières dotées de chapelle. »

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