Bouto : entre mythes et réalité

« tains textes liturgiques, de­ puis les Textes des Pyramides jusqu'aux textes funéraires des particuliers, des « âmes (baou) de Pé » en connexion avec les « âmes de Nekhen », entités considérées comme les premiers rois mythiques dé­ funts du pays.

Les premiers égyptologues imaginèrent que cette association Bouto­ Nekhen reflétait une réalité historique: l'existence origi­ nelle sur les rives du Nil de deux États antagonistes - ceux du Nord et du Sud -et la conquête du royaume du Nord, dont Bouto aurait plus ou moins été la capitale, par les roitelets du Sud.

Aujour­ d'hui, on est revenu sur cette explication un peu naïve des représentations mentales.

Si le lien Bouto-Nekhen doit ef­ fectivement quelque chose à des événements historiques dont on ne peut évaluer avec certitude la teneur, il doit ce­ pendant beaucoup plus à la pensée fondamentalement dualiste de la civilisation égyp­ tienne, qui concevait la to­ talité du monde selon des couples plus ou moins antithé­ tiques .

Ainsi, l'univers dans son ensemble était désigné par l'expression «ce qui existe et ce qui n'existe pas », et la totalité de l'Égypte par l'ap­ pellation Double Pays.

Quoi qu'il en soit, il est clair que l'importance de Bouto était beaucoup plus d'ordre reli­ gieux que politique.

Isis et le jeune Horus cachés à Bouto ? B outo joue aussi, si on en croit certaines traditions, un rôle non négligeable dans la geste osirienne.

Isis avait réussi à concevoir de façon posthume d'Osiris, le roi d'ɭ gypte assassiné par son frère Seth, un fils dénommé Horus.

Elle aurait accouché à l'abri dans les marais du Delta, plus précisément dans la région de Chemmis.

Selon de nombreu­ ses sources, et notamment Hé­ rodote, les marais de Chem­ mis étaient justement situés dans le voisinage immédiat de Bouto.

La déesse y dissimu­ la son enfant, et Horus put ainsi grandir et acquérir la force nécessaire pour défier son oncle et reconquérir son héritage usurpé.

Fouilles archéologiques à Bouto B ien que les sources my­ thologiques concernant Bouto soient relativement nombreuses, encore qu'elles soient toujours très allusives -, les résultats des fouilles sont -comme pour beaucoup de sites du Delta, où les conditions de conservation sont moins propices que dans les régions du sud, plus sèches et moins fréquentées - plutôt décevantes.

Des sondages ont cependant montré que l'occupation de Bouto remonte au début du Ill° millénaire avant notre ère.

Dès cette époque, on y trouve d'ailleurs des produits venant des contrées asiatiques, preu­ ve que des circuits commer-. »