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Charlemagne

Publié le 22/02/2012

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La personnalité de Charlemagne a marqué l'histoire et la légende. Elle s'est imposée à ses contemporains et à la postérité, de telle sorte que son souvenir est resté populaire. Pendant des siècles, Charlemagne a incarné quelques idées simples et fortes, qui se ramènent à la notion de monarchie chrétienne. C'est là le trait dominant de la figure que nous trouvons de lui dans les chansons de geste. Il était issu d'une famille de haute noblesse franque, comme il y en avait beaucoup au VIIIe siècle. La sienne comptait des illustrations comme Pépin de Landen et Pépin de Herstal, maires du Palais d'Austrasie, qui possédaient des biens immenses dans la région des Ardennes et de la Meuse : terres, droits, péages, centrés sur un vaste territoire de cinquante kilomètres sur trente. A ces biens matériels s'ajoutent une alliance avec la famille de saint Arnoul, évêque de Metz, puis les hautes charges exercées à la cour de père en fils et qui faisaient de leur titulaire le véritable maître du royaume. Enfin, en 733, le rejeton de cette lignée, lui-même maire du Palais sous un roi fantoche, s'était affirmé comme un homme de guerre de premier ordre en battant les Sarrasins à Poitiers : Charles Martel est ainsi le vrai fondateur de la dynastie carolingienne et il ne lui a manqué que le titre royal.

« La fortune de ces aristocrates est parfois colossale : ils possèdent des dizaines de villas comptant chacuneplusieurs milliers d'hectares, et surtout les revenus des grandes abbayes qui étaient attribuées à des "abbéslaïques", membres de ces puissantes familles ; les grands commencent à avoir une influence considérable et àmontrer une insatiable avidité.

Ils règnent sur un peuple de rustres qui exploitent le sol auquel ils sont bien souventattachés.

L'influence de Charlemagne développe la dépendance qui existe entre les hommes, formant une chaîne quise termine au souverain, et la force des liens personnels.

Chacun commence à être "l'homme" d'un autre homme.Trait caractéristique : ces liens sont renforcés par la pratique du serment.

Tout d'abord, le serment de fidélité nedoit être prêté qu'au souverain et c'est ainsi que Charlemagne l'exige de tous les hommes libres en 795 et en 802 :soixante ans plus tard, on verra les rois encourager leurs sujets à le prêter aux grands dont ils sont les "hommes".Évolution qui commence sous Charlemagne et qui, plus tard, entraînera la ruine du pouvoir royal.

De plus en plusaussi, à la même époque, on voit se répandre la pratique du "bénéfice", bien donné par un seigneur à son vassalpour subvenir à son entretien.

Ainsi, les rapports ne sont plus seulement personnels, mais deviennent peu à peu"réels" et la société devient bien proche de ce que sera la société féodale, et ces rapports sont aussi sanctionnéspar cet acte religieux qu'est le serment. En effet, le Regnum Francorum connaît une véritable unité morale.

Il n'est peuplé que de chrétiens ; les non-chrétiens qui l'habitent sont considérés comme des étrangers.

La religion joue dans la vie de tous les sujets du roiun rôle de premier plan, la hiérarchie de l'Église chrétienne possède un caractère officiel : le roi lui-même y trouve saplace, en tant que personnage consacré.

Il légifère sur l'organisation de l'Église, fonde des évêchés, nomme lesévêques et se présente même comme le chef de l'Église et le gardien de la morale et de la foi.

Les capitulaires deCharlemagne sont remplis de prescriptions destinées à permettre aux sujets de mener une vie chrétienne, et même àles y contraindre.

Quoique les États de l'Église, constitués par la donation faite au pape par Pépin le Bref, soientthéoriquement souverains, ils font cependant partie du Regnum Francorum, ils sont inspectés par les missi et lespopulations doivent obéir aux textes législatifs que sont les capitulaires émanés du pouvoir royal.

Le pape est,certes, la plus haute autorité spirituelle de la chrétienté et il est reconnu comme tel, même par le roi, mais il agitsurtout comme une sorte de vicaire spirituel du roi. Charlemagne encourage et développe la vie monastique.

Il préconise, comme le fera plus tard son fils Louis le Pieux,le retour à une forme de monachisme centrée sur la méditation et la prière, plus que sur la prédication etl'évangélisation.

Mais son action est ici entravée par la coutume de l'"abbatiat laïque" : les abbayes disposaient debiens fonciers souvent colossaux à Fulda, par exemple, les terres de l'abbaye étaient cultivées par 15 000 charrues-et c'était là une proie tentante pour l'aristocratie.

Depuis Charles Martel, le don d'une abbaye à un abbé laïque parle souverain était l'un des "bénéfices" les plus appréciés et en général réservés à des familles de la très hautenoblesse.

Étant donné l'esprit de clan qui formait l'armature même de la société, lorsqu'une famille de l'aristocratiepossédait des charges comtales, des bénéfices nombreux qui lui fournissaient des vassaux, des abbayes et desévêchés, elle atteignait un degré de puissance et d'illustration qui obligeait le souverain à compter avec elle : ondevait le voir sous Louis le Pieux, avec Hugues de Tours, qui cumulait les "honneurs" et dont la fille épousa Lothaire,le fils de l'empereur et son héritier. Dans ce royaume pourtant absolument indépendant de Byzance, certains esprits commencent à voir le successeurde l'empire romain.

L'idée fait son chemin que Charlemagne est l'héritier des Césars et qu'il peut restaurer l'unité.

En800, à Rome, au cours d'une cérémonie dont on ignore encore si elle était prévue par Charlemagne, le pape lecouronne comme empereur.

Il semble que le nouvel élu ait cru pendant quelques années à la continuité du pouvoirimpérial et à la réalité de sa charge d'empereur romain.

Mais il revint bien vite aux pratiques de ses ancêtres. Pourtant, ce rêve d'unité et de continuité était celui de plusieurs esprits éclairés.

On devait s'en rendre un compteplus exact sous Louis le Pieux, avec Wala et sa tentative d'unité de l'empire, et surtout en 871, lorsque l'empereurLouis II, petit-fils de Louis le Pieux, après la reconquête de Bari, adressa à l'empereur d'Orient Basile une lettre danslaquelle le rédacteur exposait que l'empire est avant tout une unité spirituelle.

Mais au temps de Charlemagne, cesnotions tout intellectuelles et inspirées par le droit romain étaient encore inaccessibles à la majorité des Francs et àl'empereur lui-même.

On le vit bien lorsque, renouant avec la tradition des princes francs, Charlemagne, en 806,régla sa succession par un partage entre ses trois fils, suivant la plus pure tradition mérovingienne.

L'unité ne futsauvée en définitive que par une circonstance fortuite : l'empereur perdit deux de ses trois fils et le seul survivant,Louis, recueillit en 814, à la mort de Charlemagne, l'héritage entier qui, après 840, devait être de nouveau divisé. Au cours de son règne, Charlemagne avait non seulement accompli une œuvre de gouvernement et d'administration,mais il avait aussi protégé et étendu le Regnum Francorum par une série de campagnes sur ses frontières, et surtoutfavorisé, par des mesures législatives et par son action personnelle, la renaissance des lettres et des arts. La lutte menée contre les ennemis de l'extérieur fut surtout dirigée contre les Infidèles : Avars Sarrasins et Saxons.Depuis la conquête de l'Espagne à la fin du vue siècle, les incursions des Musulmans sur les côtes et sur lesfrontières du monde chrétien étaient de plus en plus fréquentes.

On sait comment Charles Martel avait arrêté avantla Loire le rezzou dirigé par Abd-er-Rahman.

Mais la partie la plus menacée du Regnum Francorum était la Septimanieet un raid sarrasin détruisit Narbonne en 793.

Pourtant Charlemagne avait agi vigoureusement en 778, lors de lamalheureuse expédition qui coûta la vie au comte Roland, au sénéchal Eggihard et à quelques autres très grandspersonnages.

Entre 796 et 811, Charlemagne fait mener des campagnes victorieuses en Catalogne et fonde laMarche d'Espagne, l'un des postes avancés chrétiens qui subsisteront pendant tout le Moyen Âge et d'où partira laReconquête.. »

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