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Charles de Gaulle

Publié le 27/02/2008

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Le 18 juin 1940, les Français qui, la veille, avaient écouté le maréchal Pétain leur prêcher la résignation et l'acceptation de la défaite, entendirent un autre de leurs compatriotes qui, de Londres, leur tenait un tout autre langage : " Le dernier mot est-il dit ? leur criait-il. L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non. Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et qui vous dis que rien n'est perdu pour la France. "             Et le lendemain retentissait un nouvel appel : " Devant la confusion des âmes françaises, devant la liquéfaction d'un gouvernement tombé sous la servitude ennemie, devant l'impossibilité de faire jouer nos institutions, moi, général de Gaulle, soldat et chef français, j'ai conscience de parler au nom de la France. Au nom de la France, je déclare formellement ce qui suit : Tout Français qui porte encore les armes a le devoir de continuer la résistance. "             Un homme vient d'entrer sur la scène de l'Histoire. Un inconnu qui soudain parle au nom de la France que le maréchal Pétain affirme incarner. D'où vient ce général de brigade à qui Paul Reynaud a récemment confié le sous-secrétariat d'État à la Guerre ? Des mois se passeront avant que ses compatriotes ne saisissent que l'homme est à la dimension de l'événement parce qu'il s'y est préparé. Ce qui frappe, ce n'est pas tant sa carrière militaire que la continuité de sa réflexion et surtout, comme l'écrira un jour Malraux, le niveau auquel elle se situe. Charles de Gaulle n'a pas recherché le pouvoir. Il a médité sur son métier de chef. Officier de carrière, il a concentré son attention, par-delà les problèmes d'ordre tactique, sur les conditions de la sécurité de la France. Bien que son souci de faire connaître ses conceptions stratégiques l'ait incité à prendre contact avec des hommes politiques, il ne s'est pas engagé dans la politique. Mais ce soldat est un politique parce que sa réflexion stratégique s'inscrit dans un contexte politique, dans la perspective de l'histoire d'une nation, la sienne, d'un peuple qu'il connaît et auquel il est lié par cette idée qu'il s'est faite de la France à travers les lectures et dans la réflexion solitaire plus encore que par les contacts quotidiens. Pour de Gaulle comme pour Michelet, la France est une personne. Son devoir est de la servir.             Or, en ce début de l'été 1940, alors que la France n'a perdu qu'une bataille, celle dont le théoricien de Gaulle avait prévu le déroulement et redouté le dénouement, les cadres politiques et militaires de la nation, cédant à l'intrigue, à la confusion et au désarroi, abandonnent le combat. " Si le président de la République, si le Parlement et ses chefs avaient appelé le pays à continuer la lutte, écrira-t-il à Roosevelt, je n'aurais même pas pensé à parler au pays ou en son nom... J'étais seul. Fallait-il me taire ? "      
gaulle

« Le 18 juin 1940 , les Français qui, la veille, avaient écouté le maréchal Pétain leur prêcher la résignation et l'acceptation de la défaite, entendirent un autre de leurs compatriotes qui, de Londres, leur tenait un tout autre langage : “ Le dernier mot est-il dit ? leur criait-il.

L'espérance doit-elledisparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non.

Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et qui vous dis que rien n'est perdupour la France.

” Et le lendemain retentissait un nouvel appel : “ Devant la confusion des âmes françaises, devant la liquéfaction d'ungouvernement tombé sous la servitude ennemie, devant l'impossibilité de faire jouer nos institutions, moi, général deGaulle, soldat et chef français, j'ai conscience de parler au nom de la France.

Au nom de la France, je déclareformellement ce qui suit : Tout Français qui porte encore les armes a le devoir de continuer la résistance.

” Un homme vient d'entrer sur la scène de l'Histoire.

Un inconnu qui soudain parle au nom de la France que le maréchal Pétain affirme incarner.

D'où vient ce général de brigade à qui Paul Reynaud a récemment confié le sous-secrétariat d'État à la Guerre ? Des mois se passeront avant que ses compatriotes ne saisissent que l'homme est à la dimension de l'événement parce qu'il s'y est préparé.

Ce qui frappe, ce n'est pas tant sa carrièremilitaire que la continuité de sa réflexion et surtout, comme l'écrira un jour Malraux , le niveau auquel elle se situe.

Charles de Gaulle n'a pas recherché le pouvoir.

Il a médité sur son métier de chef.

Officier de carrière, il a concentré son attention, par-delà les problèmes d'ordre tactique,sur les conditions de la sécurité de la France.

Bien que son souci de faire connaître ses conceptions stratégiques l'ait incité à prendre contact avecdes hommes politiques, il ne s'est pas engagé dans la politique.

Mais ce soldat est un politique parce que sa réflexion stratégique s'inscrit dans uncontexte politique, dans la perspective de l'histoire d'une nation, la sienne, d'un peuple qu'il connaît et auquel il est lié par cette idée qu'il s'est faitede la France à travers les lectures et dans la réflexion solitaire plus encore que par les contacts quotidiens.

Pour de Gaulle comme pour Michelet , la France est une personne.

Son devoir est de la servir.

Or, en ce début de l'été 1940, alors que la France n'a perdu qu'une bataille, celle dont le théoricien de Gaulle avait prévu le déroulement et redoutéle dénouement, les cadres politiques et militaires de la nation, cédant à l'intrigue, à la confusion et au désarroi, abandonnent le combat.

“ Si leprésident de la République, si le Parlement et ses chefs avaient appelé le pays à continuer la lutte, écrira-t-il à Roosevelt , je n'aurais même pas pensé à parler au pays ou en son nom...

J'étais seul.

Fallait-il me taire ? ” Non, de Gaulle ne s'empare pas du pouvoir.

Il ne chasse personne, mais, tout naturellement, dans la logique même d'une réflexion politique etd'une démarche intellectuelle qui s'insèrent dans la longue durée, il occupe la place laissée vide par la défaillance des élites.

De Gaulle assume laFrance, des Capétiens à la Troisième République, la France des quarante rois qui la firent, celle de la Révolution qui poursuivit leur œuvre, celle del'Empire et des républiques.

Il l'assume dans sa continuité historique, comme un tout qui englobe et dépasse les Français quels qu'ils soient.

A desfléchissements momentanés, comme ceux que connaissent tous les peuples, il oppose une histoire, l'Histoire qui, prise en bloc, projette l'image dela grandeur.

La vision du passé doit porter les Français à concevoir qu'ils peuvent aujourd'hui faire ensemble de grandes choses.

Il s'élève contreles actes de contrition par lesquels la France de Vichy P115M1 légitime son acceptation de la défaite.

“ Il est faux, dira-t-il, que notre peuple ait mérité d'être opprimé, pillé, déshonoré...

Dans la balance où se pèsent le débit et le crédit des peuples, le poids de ses erreurs comptait peu parrapport à la somme de mérites et de vertus de la France.

” “ J'étais seul.

” De Gaulle ne craint pas la solitude.

Le chef doit accepter l'isolement.

Enfermé dans le dialogueintérieur, qu'il poursuit depuis sa jeunesse, entre la cause à servir et sa personne, il tient les autres à distance.

Cesont les nécessités l'action qui le contraignent à établir, à rechercher même, le contact.

De Gaulle parle donc, en1940, parce que la situation le lui impose.

Le dialogue intérieur devient discours public.

C'est au nom de la Francequ'il porte en lui, comme bien d'autres mais avec plus d'intensité, de passion et d'intransigeance, qu'il s'adresse auxFrançais qu'il faut maintenant rassembler.

Le rassemblement sera long et pénible.

Dans une France désorganisée par le repli des armées, par l'exode depopulations, par la rupture des communications, les messages du général de Gaulle ne touchent qu'une minorité.Mais comme aucun des chefs reconnus ne parle dans le même sens, comme après dix jours d'attente legouvernement britannique finit par le reconnaître comme “ le chef des Français Libres, où qu'ils se trouvent, qui serallient à lui pour la défense de la cause alliée ”, ceux qui n'acceptent pas l'armistice, ceux qui ne se résignent pas àla défaite et se tournent vers lui, au gré des circonstances qui dominent les destins individuels.

S'ils viennent, si lesuns après les autres, mois après mois, année après année, non sans réticence, non sans réserve mentale, ils lereconnaissent pour chef, ce n'est pas tant parce qu'ils sont sensibles à son éloquence ni à son charisme, mais bienplutôt parce qu'ils y sont amenés par la logique des événements qu'il avait prévus.

Le gouvernement de Vichy avait abandonné la lutte après avoir perdu une bataille.

Il imaginait que l'attentisme danslequel il s'était réfugié pouvait le dégager de l'engrenage de la guerre.

Il croyait pouvoir sortir momentanément laFrance de l'Histoire.

L'occupation qui se durcit avec le temps détruit impitoyablement cette illusion.

Dès lors que lavolonté de résistance s'affirme, le problème est posé de l'organisation de la lutte.

Constitués bien souvent au hasardde rencontres, marqués par la diversité de conditions, des tempéraments, des conceptions que les hommes se fontde la société, isolés les uns des autres par l'action de la police, les mouvements de résistance risquent de travailleren ordre dispersé, de se cantonner dans l'opposition sans vision de l'avenir commun.

L'éparpillement de la résistancepourrait aggraver les divisions entre Français et les livrer finalement à la discrétion du vainqueur.

L'engagement dugénéral de Gaulle, la création du Mouvement de la France Libre préserve la France de ce désastre.

En assumant laFrance en l'été 1940, de Gaulle en assure la continuité historique.

Les médiocres n'y ont vu que la manifestationd'un orgueil démesuré.

Les romantiques se sont enthousiasmés, rétrospectivement parfois, devant cetteintervention de l'homme providentiel.

Ce qui frappe dans cette prise de responsabilité, c'est son contenu et saportée politique.

Ce visionnaire est un réaliste.

C'est parce qu'il vit dans la longue durée qu'il prend des décisionsstratégiquement et politiquement justes.

Et c'est parce qu'il saisit les problèmes dans leur dimension historique qu'il. »

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