Devoir de Philosophie

Charles II le Chauve

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

Né le 13 juin 823 à Francfort du second mariage, avec une Welf d'origine bavaroise, Judith, contracté par l'empereur Louis le Pieux, Charles a vingt-huit ans de moins que son frère Lothaire, qui est aussi son parrain, et treize que son frère Louis, nés l'un et l'autre du premier mariage impérial. Né dans la pourpre, il a été élevé comme un prince que son père voulait exemplaire. Cette éducation, sa jeunesse difficile l'ont marqué : de l'une il a retiré une rectitude dans la conduite conjugale qui est exceptionnelle chez les Carolingiens ; de l'autre une forme de dissimulation de ses desseins, une faculté de décider seul après avoir reçu conseil, qui caractérisent, dit-on, les meilleurs politiques. Dès l'âge de six ans, son père lui destine un royaume. A sept ans, Walafrid Strabon lui apprend à lire et à commenter la Bible, tandis qu'autour de l'enfant se déchaînent les heurts qu'ont déclenchés sa naissance et la volonté de son père de lui assurer un avenir équivalent à celui de ses frères, en dépit des dispositions solennelles prises en 817. A dix ans, le drame, une première fois, l'atteint.

« L'Aquitaine, d'abord, le préoccupe.

Province d'esprit volontiers autonome, elle ouvre, par la Marche d'Espagne, surun monde musulman et sur une Espagne dont les Carolingiens se défient, tant les dangers en sont venus nombreuxsur le plan militaire mais aussi sur le plan théologique.

Charles va passer douze ans au moins à dompter les Aquitains,à rechercher leur estime et leur amitié.

Il frappe d'abord très fort, au Sud : les rebelles déclarés, les rebelles enpuissance, trop sûrs de leur pouvoir, sont exécutés à la hache.

En même temps est inaugurée, en Septimanie, etdans la Marche d'Espagne, une politique de colonisation agricole, difficile à apprécier exactement.

Pour affirmer lalégitimité de son pouvoir, Charles s'est fait couronner à Orléans le 6 juin 848.

Mais Pépin II s'est solidement installédans l'héritage paternel.

Contre lui, Charles emploie tantôt la force, tantôt la négociation et l'accord.

Jusqu'àobtenir, en 852, la livraison de son adversaire par les Aquitains.

Trois ans plus tard, l'Aquitaine et la Septimanie sontcalmes.

Charles peut confier à son jeune fils, Charles, le titre royal d'Aquitaine.

Il satisfait l'esprit d'autonomie de larégion sans en perdre réellement le contrôle.

C'est oublier que Pépin II garde des partisans, qu'il s'évade en 857,prêt à reprendre la lutte dès que les circonstances vont le permettre.

Charles, pas plus que les autres Carolingiens,n'a accordé d'attention à la Méditerranée. L'expansion tapageuse des Bretons d'Armorique l'accapare bien davantage.

Les ducs de Bretagne, quels qu'ils soient,recherchent à la fois l'indépendance militaire, politique et religieuse vis-à-vis des Francs et les occasionsd'expansion vers l'Est, dans les territoires carolingiens du pays de Nantes, du Maine et de l'Anjou.

Quelles que soientles fictions juridiques et les relations de famille au IXe siècle, les Bretons sont en fait indépendants et les guerrescontre eux ne seraient que conflits extérieurs, semblables à ceux que mène Louis le Germanique contre les Slaves, siles Celtes ne trouvaient dans l'aristocratie neustrienne, soucieuse d'empêcher toute tentative royale de reprendrepied en Neustrie, des complicités parfois éclatantes comme celles des Lambert ou des ancêtres des Capétiens.

Làaussi, Charles a réagi avec violence, en faisant décapiter les opposants les plus notoires.

La réponse des Neustrienslui est venue, en 858, lors de l'invasion de son royaume par Louis. Rien cependant n'est, pour Charles, plus inquiétant en même temps que plus irritant que la visite annuelle querendent à ses terres, depuis 841, des quantités croissantes de Scandinaves.

Aucun fait, en cours de règne etjusqu'à son terme, n'a eu plus de conséquences sur la vie du royaume.

Dès 842, Quentovic est brûlé, Nantes en843, la Basse-Seine, Paris sont ravagés ; de 856 à 862, un véritable camp de base scandinave s'installe dans une îlede la Seine près de Jeufosse.

Après 858, les raids ne sont pas moins dangereux mais on a peut-être, parfois, su sedéfendre plus efficacement.

En face de ces hommes qui attaquent par surprise, pillent les monastères, font preuved'une cupidité pour le métal précieux qui égale leur mépris de la mort, Charles ne peut laisser se développer lemouvement spontané d'évacuation des régions côtières qu'entraînent les raids.

Contre les Scandinaves, il asimultanément usé de tous les moyens disponibles.

Il s'est d'abord, et bien, battu : c'est pour répondre à l'assaut de856 qu'il a, deux ans durant, mobilisé le royaume, fournissant à ses adversaires l'occasion qu'ils attendaient de letrahir.

Par la suite, il a négocié, obtenu la conversion ou la neutralité de certains chefs, utilisé certaines bandescontre d'autres.

Finalement, le plus souvent, il a fallu payer.

Dès 858, Charles a racheté pour six cent quatre-vingt-huit livres d'or son archichancelier capturé ; on a pu calculer que plusieurs dizaines de milliers de livres d'or etd'argent, soit plusieurs tonnes de métal, avaient, de ce fait, quitté le royaume.

Le roi, cependant, n'a jamais cesséde combattre, de barrer les fleuves, de rechercher la meilleure parade aux invasions : pour l'essentiel, il n'a puqu'endiguer et non point repousser cette marée. Pour combattre les Scandinaves, il fallait le concours des hommes libres et de leurs cadres, les grandes familles duroyaume.

En 857-858, ces grandes familles ont pensé le moment venu de faire payer à Charles, de sa vie, lesexécutions, les dépossessions, les déplacements autoritaires qu'il leur avait imposés.

Les Aquitains révoltés, lesNeustriens orgueilleux, des ecclésiastiques infidèles comme l'archevêque de Sens, Wenilon, constituent le parti quise prépare à abandonner Charles, physiquement, dans son combat contre les Normands de la Seine et à se portervers Louis.

Hincmar de Reims et la masse des clercs constituent, avec quelques potentes et les Welf le parti de lafidélité à l'oint du Seigneur ; il y a aussi quelque chose qui ressemble à de l'attachement à une branche dynastiquedans le refus décisif opposé par les prélats à l'entreprise des factieux.

Leur refus sauve Charles, intelligemment etprudemment replié dans la partie la plus sûre de son royaume, la Bourgogne, cependant que s'effondrent lesrésultats de dix ans de reprise en main et de retour à l'ordre.

Charles, pourtant, n'a pas plié, s'il a fait, quant aupillage des gens de guerre, une part du feu généreuse.

Le retournement général qui a marqué le printemps de 859,la fuite des plus compromis et le ralliement empressé des prudents lui ont permis de réparer en quelques mois lesconséquences les plus graves de l'invasion.

En trois ou quatre ans, il est parvenu à renforcer considérablement sonautorité : il parle désormais en maître et on lui obéit ; sa politique devient plus secrète et plus personnelle encore. Les difficultés pourtant n'ont pas toutes disparu, qu'avait submergées la vague de 858.

L'Aquitaine, toujourseffervescente, corrompt le faible et jeune Charles qu'on lui a donné pour roi et se révolte encore en 863-864.

Dumoins, Pépin II est-il rapidement et définitivement capturé, Charles l'Enfant ramené à la raison il meurt du reste en867 : le roi peut dépouiller les infidèles aristocrates aquitains de leurs honneurs pour les remettre à des hommes deconfiance à l'ambition desquels il ouvre carrière.

Louis, le fils aîné, chargé de défendre les territoires proches desBretons, se révolte, lui aussi, et aussi avec le concours des Grands et des Bretons en 862 : Charles, pour venir àbout de ce danger, doit céder un morceau de l'Anjou à Salomon de Bretagne.

Le troisième fils, Carloman, n'est passûr : en 870, au plein moment d'une difficile campagne de son père dans la vallée du Rhône, il prend la tête d'unebande de pillards : il faut l'arrêter, le juger, l'enfermer. Aucun des fils de ce roi intelligent n'est capable de lui succéder.

En 866, Charles demande au ciel un nouvel héritier: Ermentrude est solennellement couronnée reine et Hincmar glose, pour elle, un verset de la Bible en rappelant queSarah, nonagénaire, a donné à Abraham centenaire leur fils Isaac.... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles