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Charles le Chauve et le pacte de Coulaines

Publié le 01/09/2013

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Devant les clercs et les laïcs, le roi des Francs fait acte de repentance, renonce aux me­sures qu'il a prises « par inex­périence du pouvoir, par jeu­nesse, sous l'empire de la né­cessité ou sous une influence trompeuse «. Il promet de préserver les biens ecclésias­tiques et admet la loi des puissants : « J'accorde que, Dieu m'aidant, je respecterai la loi particulière de chacun telle que l'ont connue ses ancêtres au temps de mes prédécesseurs pour toute di­gnité ou tout ordre. «

 

En contrepartie de ces garan­ties, il exprime le voeu que l'épiscopat et les laïcs lui apportent concilium et auxilium, concorde et amitié. Il s'engage solennellement à maintenir l'ordre, la justice et la paix. En échange, les grands lui pro­mettent aide et conseils.

« COULAINES: · UN PAS VERS LA FÉODALITÉ Le pacte de Coulaines, présenté comme une codification de la coutume franque, modifie profondément les relations entre le roi et l'aristocratie.

Il fait figure de véritable Constitution, quasi-féodale, et marque la naissance d'une sorte de monarchie « contractuelle ».

Ce mode de gouvernement s'impose aussi en Germanie et en Lotharingie, mais Charles le Chauve est le seul à en faire un principe formalisé.

En préambule, le texte de Coulaines précise que le traité de Verdun n'a pas résolu le problème de la paix publique : il convient donc de l'assortir d'accords assurant l'unanimité des esprits.

Suivent dix longs articles stipulant, parmi les mesures les plus importantes, que les personnes et les biens d'Église seront assurés contre tout arbitraire, que les privilèges acquis sous les règnes précédents seront conservés.

En contrepartie, tous les grands devront au roi « la sincérité et l'obéissance que l'on doit à son seigneur ».

Le souverain s'engage à n'ôter à aucun d'eux les « honneurs et dignités ».

Les membres de l'assemblée promettent collectivement de s'opposer à tout acte royal qu'ils estimeraient contraire à la raison et à l'équité.

En conséquence, l'aristocratie a un devoir de conseil et le roi, de réparation éventuelle.

Et toute rupture de ces engagements sera sanctionnée ...

Par ce pacte avec le clergé et la noblesse laïque, le roi inno­ ve en matière de politique.

S'appuyant sur un contrat similaire à celui qui liera par la suite suzerain et vassaux, les accords de Coulaines modi­ fient le droit royal : le souve­ rain, qui n'est plus que le pre­ mier d'entre les grands, devra, avant d'engager toute entre­ prise, prendre l'avis de l'aris­ tocratie et ne convoquera plus le plaid annuel à sa convenan­ ce, mais toujours en juin .

Préserver l'unité du royaume Charles le Chauve espère ainsi éviter la division interne, entretenue par les menées souterraines de Lothaire 1er, qui menace l' unité du royau­ me, et se concilier les puis­ sants .

Mais Adalard, Vivien, Lambert, Nominoé et les autres ne sont pas toujours disposés à le suivre loyale­ ment .

Des années durant, le souverain va s'efforcer -avec plus ou moins de succès - de rassembler autour de lui des seigneurs préoccupés avant tout de leurs propres intérêts, qui cherchent en permanence à accroître leur pouvoir et leurs zones d'influence et n'accordent pas toujours la priorité au service du royau­ me .

Quant à l'aristocratie reli­ gieuse, elle a pour principal objectif la récupération de l'ensemble de ses posses­ sions et regrette que le roi continue à attribuer aux laïcs de grandes abbayes .

Pris entre ces deux puissan­ ces, Charles le Chauve n'hé­ site pas à faire usage de la force et ordonne quelques exécutions pour punir les tra­ hisons les plus graves.

Il per­ sévère néanmoins dans sa politique de conciliation et de tractations , tente d'enrayer les défections en réitérant son serment de sauvegarder les droits de ceux qui lui sont fidèles .

En mars 858, il renou- velle et preetse les disposi­ tions et promesses établies à Coulaines .

Pourtant , quelques mois plus tard à peine, quand Louis le Germanique -à qui il a pourtant fait parvenir une copie du pacte ! - enva­ hit la Francie, c'est grâce à la ferme intervention et à l'in­ fluence de l'archevêque Hincmar de Reims que le roi des Francs obtient le sou­ tien pro'rn.is par les grands et parvient à sortir de cette crise avec les honneurs .

Pourtant, malgré les aléas de la politique définie à Cou­ laines , Charles le Chauve ne remettra jamais en cause les fondements du pacte .. »

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