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Charles le Téméraire

Publié le 22/02/2012

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Au moment où la mort de Philippe le Bon, le 15 juin 1467, le fit duc de Bourgogne, Charles " le Travaillant " que nous connaissons sous le nom de Charles le Téméraire, était un homme dans la force de l'âge. Né à Dijon, le 11 novembre 1433, Charles, héritier présomptif dès sa naissance, reçut aussitôt les titres de comte de Charolais et de chevalier de la Toison d'Or. La longue vieillesse de son père, l'influence de la famille de Croy qui cherchait à accaparer le pouvoir que ne pouvait plus exercer le vieux duc, avaient imposé au comte de Charolais une attente particulièrement pénible pour un homme doué d'une énergie et d'une ambition exceptionnelles. Grand et fort, légèrement penché en avant, les yeux très clairs contrastant avec un teint basané et des cheveux noirs, le menton carré, tel nous le montre le portrait de Roger Van der Weyden, du Musée de Berlin, tel nous le décrivent les chroniqueurs Philippe de Commines, Georges Chastellain, Olivier de La Marche qui l'ont connu et servi. Toute sa physionomie avait un " air de sauvagerie ". Charles reçut une éducation à la fois raffinée et austère ; sa jeunesse fut assez solitaire, sans compagnon de son âge ; une seule personne trouvait chez lui quelque crédit : sa mère, la douce et sérieuse duchesse Isabelle.

« 1472, le désaccord régnant entre le duc de Gueldre Arnoul et son fils Adolphe d'Egmont permit à Charles leTéméraire, par le traité de Bruges, d'obtenir la cession de la Gueldre et de Zutphen comme héritage d'Arnoul.

En1473, la mort du duc Nicolas de Lorraine ouvrit au Téméraire l'espoir d'une nouvelle extension de ses terres.

A la finde 1475, ayant pris Nancy, Charles crut tenir contre René II, successeur de Nicolas, toute la Lorraine. Duc de Bourgogne, maître de seigneuries lui appartenant à des titres divers, Charles entendait être obéi égalementpar tous ses sujets, quelle que fût leur origine.

Besançon jouissait, à l'intérieur même de la Franche-Comté, d'uneassez grande autonomie ; Charles réduisit presque à néant ses privilèges.

Dès 1452-1453, le comte de Charolaisavait réprimé durement les révoltes des Flamands.

En 1465, il fit campagne contre Liège et Dinant, l'année 1467 vitune nouvelle révolte de Liège et un nouveau siège et, en 1468, c'est en grande partie à la rébellion de Liège qu'estimputable l'échec de l'entrevue de Péronne entre le duc de Bourgogne et le roi de France.

Dès 1474, les villesd'Alsace se révoltèrent à leur tour contre l'administration trop absolutiste du brutal et cupide bailli, Pierre deHagenbach, qui paya de sa vie ses cruautés, faisant sortir de la mouvance ducale des terres qui y étaient entrées,définitivement semblait-il, en 1469.

D'ailleurs le caractère renfermé de Charles, son manque de charme personnel luiinterdirent de conquérir jamais auprès de ses sujets une réelle popularité.

Dès les premiers revers, l'influence du ducse trouva ébranlée.

Les États de Flandre discutèrent leur concours, tandis que la Gueldre restait frémissante ;l'Alsace avait rejeté la domination bourguignonne, la Lorraine resta fidèle à son duc. Dans ce contexte d'accroissement et de transformation de ses États, il était naturel que Charles, profitant de leursituation entre la France et l'Empire, cherchât à s'émanciper du joug français, qu'il voulût faire disparaître tout cequi rappelait que les terres bourguignonnes étaient tenues en apanage du roi de France.

Sur le plan juridique, laprééminence française se manifestait par l'exercice du droit d'appel du Parlement de Paris sur les causes jugées parles Grands Jours de Beaune ; Charles lui-même s'entendit citer en Parlement, injonction à laquelle il refusa, bien sûr,de se soumettre.

Et lorsque, tout puissant, il tint Louis XI à sa merci à Péronne, il exigea l'abandon du droit d'appelsur le Mâconnais.

De leur côté les gens du duc n'hésitaient pas à empiéter sur les prérogatives royales et on vit leParlement de Malines citer à comparaître le vidame d'Amiens. Si en 1465, lors de la guerre du Bien Public, ce fut en tant que prince français que Charles de Charolais dirigea lescontingents bourguignons et imposa à Louis XI les traités de Conflans et de Saint-Maur qui consacraient la victoirede la féodalité, ce fut pratiquement en tant que chef d'un État indépendant que Charles évolua entre les diversespuissances.

Deux fois veuf lors de son avènement, Charles brigua bientôt la main de Marguerite d'York, sœur du roid'Angleterre Édouard IV.

Les noces célébrées en grande pompe à Bruges, consacrèrent l'alliance de la Bourgogne etde l'Angleterre.

Pour tenter de conjurer le péril de cette conjonction anglo-bourguignonne, Louis XI, confiant dansson habileté diplomatique, se laissa attirer par son adversaire à Péronne.

L'entrevue, coïncidant avec une révolte deLiège, se solda par un échec pour le roi.

Une fois de plus, Louis XI accepta les conditions dictées par le Téméraire,l'accompagnant à Liège pour assister à la punition des mutins et promettant de donner à son frère Charles, allié duduc, la Champagne et la Brie, proches de la Bourgogne.

Mais Charles se laissa prendre au piège de la cauteleusebonne volonté du roi qui lui arracha l'autorisation de modifier cet apanage “ s'il ne plaisait pas à son frère ”. Le roi de France imagina alors une manœuvre hardie.

Par l'intermédiaire de Warwick, le “ faiseur de rois ”, il réussit àchasser Édouard IV et à remettre sur le trône d'Angleterre Henri VI, l'époux de Marguerite d'Anjou, en octobre 1470Charles se souvint à propos “ du sang de Lancastre dont il est extrait ” ; mais en sous-main, il procurait à ÉdouardIV, réfugié en Hollande, les finances indispensables pour reprendre la lutte.

A son tour celui-ci réussit undébarquement et battit successivement à Barnet et à Tewkesbury Warwick et Édouard de Lancastre.

Marguerited'Anjou prisonnière, Henri VI fut renvoyé à la Tour de Londres. Pour Charles le Téméraire, la victoire d'Édouard IV apparut comme un triomphe qu'il voulut exploiter.

Une alliance futconclue à Saint-Omer, à laquelle vint s'adjoindre Jean II d'Aragon dont le fils avait épousé peu auparavant l'héritièrede Castille, Isabelle.

Fort de l'alliance de Naples, de l'appui de la Bretagne, de la Savoie et de Milan, Charlesencerclait la France.

Néanmoins une attaque brusquée en Vermandois, sous le prétexte que Louis XI auraitempoisonné son frère, ne suffit pas à forcer la main du souverain anglais ; après une campagne d'atrocités dontsouffrirent Nesle et Roye, la résistance de Beauvais brisa l'élan de Charles qui dut accepter, au début de 1473, unesuspension d'armes. En ces années 1473-1474 se place l'apogée du règne de Charles le Téméraire.

Allié de toute l'Europe du XVe siècle,maître incontesté d'un État très peuplé qui avait acquis son unité territoriale, Charles pouvait s'adonner au rêve quePhilippe le Bon avait caressé avant lui : ressusciter l'ancienne Lotharingie, interposer un nouveau royaume entre laFrance et l'Empire.

L'empereur Frédéric III, d'autant plus désireux de s'attacher le duc de Bourgogne qu'il craignait, àl'Est, une attaque du roi de Hongrie, offrit à Charles la couronne royale qu'il avait déjà laissé entrevoir à son père. Charles savait jouer en maître des atouts qu'il possédait.

Or, celui que les contemporains, devant l'immensité de sesÉtats, appelaient le “ Grand-duc d'Occident ”, détenait un atout capital : la main de sa fille et héritière, Marie, néeen 1457.

Au gré des circonstances, Marie fut fiancée à Ferdinand d'Aragon, à Maximilien d'Autriche, à Charles deFrance, de nouveau à Maximilien, puis à Frédéric de Tarente.

Marie en effet devait apporter un jour à son épouxtoutes les possessions bourguignonnes.

En cette année 1473, pour renouer le projet de mariage avec Maximilien,l'Empereur aurait promis au père de la mariée le titre de roi des Romains, c'est-à- dire l'expectative de la couronneimpériale.

Quoi qu'il en soit, une rencontre entre l'Empereur et le duc de Bourgogne eut lieu à Trèves, en septembre1473.

Il s'agissait officiellement de rétablir la paix entre la France et la Bourgogne et de préciser des projets decroisade.

L'entrée solennelle de Charles le Téméraire à Trèves fut éblouissante.

La puissance du duc se manifestait. »

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