Devoir de Philosophie

Charles Quint

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

charles quint
Lorsque la nouvelle de l'élection du roi d'Allemagne, auquel revenait aussi le titre d'empereur romain élu, parvint à la cour royale d'Espagne, le grand chancelier Gattinara rédigea un mémoire, dans lequel il disait : " Sire, puisque Dieu nous a accordé l'immense grâce de vous élever au-dessus de tous les rois et princes de la chrétienté, à un pouvoir que seul votre prédécesseur Charlemagne avait possédé jusqu'ici, vous vous trouvez sur le chemin qui mène à la monarchie universelle et à la réunion de la chrétienté guidée par un seul pasteur. " Ce document, plein d'excellents conseils en vue d'un règne prospère, a pour conclusion que la raison d'être de la monarchie est l'unification de tous les peuples pour le service de Dieu. Le souverain, qui n'avait alors que dix-neuf ans, reçut ainsi l'idée directrice, qu'il appliqua sa vie durant. Dans les erreurs et les confusions de cette vie mouvementée, dans ses victoires et défaites comme dans le bonheur et la peine, Charles Quint fut pénétré de la conviction d'être appelé, lui-même et sa maison, à servir la gloire de Dieu et le bien de l'Église. Nous retrouvons le même motif dans les impressionnantes paroles qu'il prononça aux Pays-Bas en 1555 au moment de transmettre le pouvoir à son fils Philippe II, alors âgé de vingt-huit ans. C'est dans cet acte solennel, en face du monde entier, qu'il rendit compte de sa vie et des principes qui la gouvernèrent. Ceci se déroulait au même endroit où, quarante ans plus tôt, il avait été déclaré majeur par son grand-père, l'empereur Maximilien. A ce moment-là lui échurent la Bourgogne et l'Espagne et plus tard le Sacrum Imperium Romanum ; la chrétienté était divisée ; les pays sur lesquels il régnait, entourés d'ennemis qu'il avait été obligé de combattre durant son règne. Toute sa vie, il se serait efforcé de défendre les intérêts de ses États et d'accomplir les devoirs qui lui avaient été imposés. Son rôle suprême aurait été de veiller sur la chrétienté et de la protéger contre les infidèles. Et il conjura son fils : " Ne cesse jamais de respecter la religion. Dans ces États, renforce la foi catholique dans toute sa pureté. Considère les lois du pays comme chose sacrée et inviolable ; et si, plus tard, tu nourris le désir de chercher la paix dans une vie retirée, puisses-tu avoir un fils auquel transmettre le sceptre avec autant de joie que je le fais en ce jour. " Avec grande dignité et résignation, Charles Quint quitta la scène mondiale où il avait tenu le rôle principal pendant presque trente ans.
charles quint

« De nombreux documents, presque innombrables, loin d'être explorés dans leur totalité, jaillit cette foi presquemystique en une Providence surnaturelle et divine à laquelle il se sent soumis, et de la façon la plus impressionnantedans l'un des cinq testaments qui nous soient parvenus, celui qu'il avait rédigé en 1543, lorsqu'il s'apprêtait àentreprendre le pénible voyage dans l'Empire, d'où devait revenir, après une absence de douze ans, un homme brisé.Le prince Philippe n'a que dix-sept ans lorsque son père lui confie le gouvernement pour la durée de son absenced'Espagne.

Dans son amour paternel, il lui donne des directives pour sa conduite personnelle et pour ungouvernement équitable.

Certains passages révèlent les plus profonds secrets de son âme : "Mon fils, puisque mondépart de ce royaume est de plus en plus proche, et que je vois chaque jour à quel point il est nécessaire, car jen'ai plus d'autre moyen de ne pas vous causer encore plus de préjudices qu'il y en a déjà eu de commis par ma fautedans votre héritage qui me fut confié par Dieu, ainsi prendrai-je le risque de vous laisser à ma place gouverner cesroyaumes.

Soyez pieux, demeurez dans la crainte de Dieu et aimez-le par-dessus tout.

Soyez ami de la justice...mais vous devez lui associer la miséricorde, à l'exemple de Notre Seigneur.

Pour ce qui est de votre personne, soyezcalme et agissez avec mesure.

Ne faites jamais rien sous l'emprise de la colère.

Soyez accessible et bienveillant,écoutez les bons conseils et gardez-vous des flatteurs comme du feu." Dans une lettre ultérieure, il affirme que levoyage extrêmement dangereux qu'il entreprend est exigé par le devoir, et que ce dernier lui est imposé parl'honneur et la bonne réputation ; qu'il est très possible que ce soit sa dernière entreprise, mais "Dieu en disposeracomme il l'entend ; il me restera la consolation d'avoir perdu la vie pour ce que je devais accomplir".

Cesexhortations détaillées se terminent par une prière : "Maintenez-vous dans la volonté de Dieu et laissez le reste sefaire par lui-même, comme de mon côté je m'efforce de faire mon devoir et me recommande dans les mains de Celuiqui voudra bien vous accorder Son salut, après une vie que vous aurez remplie à Son service." Ce sont là les témoignages les plus intimes d'une attitude d'esprit fondamentale qui lui permet de surmonter toutesles vicissitudes d'une vie si agitée.

C'est la base solide sur laquelle il s'appuie à l'époque d'un éveil spirituel et debouleversements politiques.

Le monde qui l'entoure est en proie à l'agitation et aux troubles.

Tout paraît devenirdouteux, incertain, problématique.

L'empereur n'est pas fermé aux choses nouvelles.

C'est un prince de laRenaissance qui est en relation avec des artistes comme le Titien, des humanistes comme Érasme, et qui saitestimer les grandes figures des souverains comme César ou Alexandre.

Mais il ne se détache pas non plus de latradition, prisonnier de ses idées concernant la dignité insaisissable et du champ d'activité universel de l'Église et del'Empire.

C'est le dernier empereur romain élu à avoir été couronné par le pape, et constamment conscient de cettedignité.

Il s'est aussi efforcé, en toute loyauté, de tenir ce serment prononcé à Aix-la-Chapelle lors ducouronnement solennel : de conserver et propager la sainte foi catholique, protéger l'Église et ses serviteurs,gouverner l'Empire avec justice.

Les engagements habituels se rompent, les faits sont divergents, de nouvellespuissances et de nouvelles nations s'élèvent, les horizons s'élargissent.

Le pouvoir et les moyens ne suffisent pas àdompter les oppositions et résistances qui surgissent de partout, mais la conscience de soi et la volonté fermesurmontent les déceptions et l'encouragent à toujours recommencer. Charles Quint règne sur de nombreux pays et de nombreux peuples.

Existe-t-il un point central dominant dans ladiversité des vies politique et culturelle propres à chacun ? Est-ce l'Espagne lien entre le vieux monde et le nouveau-ou bien est-ce l'Italie considérée comme le fondement et la clé de l'Empire ? Est-ce l'État des princes allemands quiélisent le roi et l'empereur ou bien sont-ce les Pays-Bas où il est né et qui sont au cœur des discussions avec laFrance, discussions auxquelles se mêle de temps en temps l'Angleterre ? Chacun de ces domaines foncièrementdifférents a son propre centre de gravité.

Ils sont unis en la personne de l'empereur, dans sa conscience dynastiqueet universelle.

L'espace méditerranéen est le domaine de la politique espagnole qui est appuyée en outre parl'acquisition de Milan, fief de l'Empire allemand.

En combattant l'Islam de l'Afrique du Nord avec succès, Charlesassure les intérêts espagnols.

Dans sa lutte contre les efforts expansionnistes, nationaux, dynastiques du roi deFrance François Ier, il parvient par le traité de Crépy à établir la sûreté provisoire de la région frontalière de laBourgogne et des Pays-Bas.

Après de nombreuses tentatives pour atteindre l'unité chrétienne générale, pourparvenir à un renouveau en Allemagne à force d'accords, de concessions et de discussions, buts qui devaient êtreservis aussi par le Concile qu'il avait exigé avec tant d'opiniâtreté, Charles Quint se vit obligé de s'engager dans lavoie de la force et d'atteindre à la fois les ennemis de l'Église et les princes protestants qui représentaientl'opposition contre l'autorité impériale.

La victoire de Mühlberg sur Philippe de Hesse et Jean de Saxe, à laquelle il pritpersonnellement part, le porta à l'apogée de sa puissance.

La plupart des problèmes semblaient alors être prochesd'une solution.

D'une façon inattendue, le contrecoup de la phalange des princes l'atteignit ; elle trouva un chefénergique et décidé en Maurice de Saxe, qui avait jusqu'ici combattu au côté de l'empereur.

Il fut obligé de fuir cenouveau danger et de quitter l'Allemagne.

Ce fut au roi Ferdinand, son frère, qu'incomba la tâche de s'entendreavec l'alliance des princes et de lui reconnaître le droit à l'autonomie par les traités de Passau et d'Augsbourg.

Lafuture structure intérieure de l'Empire fut décidée sans Charles Quint et même contre lui. Beaucoup de choses dépendaient du jugement politique de l'empereur.

Ce jugement avait son influence aussi dansles pays du Danube.

Dans les traités de Worms (1521) et de Bruxelles (1522), l'empereur céda à son frère Ferdinandles pays héréditaires des Habsbourg, l'Autriche et les possessions rhénanes.

Après la mort de Louis II à la bataille deMohacs, Ferdinand prit la succession des Jagellons en Bohême, et, malgré des contestations, en Hongrie ; ainsi futcréée la base de la monarchie du Danube des Habsbourg.

Comme Charles Quint avait renoncé à faire obtenir ladignité impériale pour son fils, et que celle-ci échut au roi des Romains Ferdinand, le centre de gravité de l'Empire sedéplaça du Rhin au Danube, ce qui devait avoir des conséquences fatales pour l'avenir de l'Europe.

L'empereur neréussit pas à fournir une aide décisive à son frère contre le danger turc perpétuellement menaçant.

Il laissa passersans en profiter l'instant le plus favorable quand, en 1532, une puissante armée internationale, une arméeeuropéenne, se réunit aux alentours de Vienne pour résister au sultan Soliman qui approchait ; car Charles Quintpour se rendre en Italie renonça à cette entreprise après avoir appris la mort du sultan et la retraite de l'armée. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles