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Chou En-lai

Publié le 22/02/2012

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La légende s'empare de certains hommes avant qu'ils n'aient quitté ce monde. Ainsi en fut-il de Mao Tsé-toung et de son compagnon de lutte Chou En-lai. Combien de fois n'a-t-on pas annoncé sinon leur fin prochaine, du moins la fin de leur carrière. S'ils s'enfermaient dans une retraite, c'est donc qu'ils ne comptaient plus, qu'ils n'avaient plus rien à dire. Et voilà que surgissait un mot d'ordre de Mao Tsé-toung qui mettait en mouvement la Chine entière : campagne contre Lin-Piao, contre Confucius, contre la bourgeoisie toujours renaissante. Chou En-lai entra à l'hôpital au début de l'été 1974. Il devait se décharger, disait-on, de la conduite des affaires de l'État. Mais c'est lui qui, le 13 janvier 1975, présenta à la première session de la quatrième Assemblée populaire nationale, le rapport sur les activités du gouvernement. Et cette assemblée le confirma dans son poste de Premier ministre qu'il occupait depuis 1949 et qu'il garda jusqu'à sa mort.

« perdra pas de temps, d'autant plus que son chef direct, un membre du Guomindang, lui laisse les rênes libres.

Leshommes qu'il rassemble autour de lui, ceux qu'il forme, sont des Communistes ou de futurs Communistes qui ont pourmission d'élargir leur influence et celle du Parti.

Mais l'efficacité de ce noyautage deviendra rapidement trop évidenteà la droite du Guomindang qui durcit sa position, rendant toujours plus difficile la conciliation par les Communisteschinois de la tactique du front uni et d'une politique sociale radicale.

Le conflit est inévitable.

Les Communistes,emprisonnés par les consignes du Komintern, commettent des erreurs de manœuvre et remporteront des succès tropévidents.

Tchang Kaï-chek les prend par surprise.

A Shanghai et à Canton la répression sera massive.

Beaucoup descadres du Parti en seront les victimes et Chou En-lai échappe de justesse. Avec le Guomindang, dès lors, c'est la guerre ouverte, une guerre impitoyable, coupée de trêves douteuses pourfaire face momentanément à l'ennemi commun.

Le Parti Communiste longtemps sera acculé à la défensive et ChouEn-lai contraint de mener une action souterraine.

La structure de la société chinoise, fortement hiérarchisée, fondéesur une exploitation, qui a dégénéré jusqu'à l'abus, de la masse pauvre paysanne, le contraste, que relèvent tousles observateurs, entre la misère extrême et le luxe, le désordre qu'entretiennent les troupes à la solde de quelquesgénéraux, la pénétration militaire japonaise, tout cela contribue à créer les conditions d'une révolution sociale etnationale, et à lui assurer un recrutement potentiel.

Mais les noyaux communistes sont dispersés dans le pays etd'ailleurs divisés sur la conduite à tenir.

Trop longtemps les chefs du Parti se disputeront sur la stratégie.

A MaoTsé-toung qui, d'emblée, a identifié les masses paysannes comme la force révolutionnaire principale et qui a proposéune stratégie visant à l'encerclement des villes par les campagnes, les théoriciens, trop inféodés à l'expériencesoviétique, ont opposé une conception stratégique étroite et par trop dogmatique du rôle dirigeant du prolétariaturbain et de la classe ouvrière.

Ce n'est qu'après les échecs successifs d'actions révolutionnaires qu'on finira paraccepter la vision plus exacte que Mao Tsé-toung a des rapports de forces et que s'opérera, non sans difficultés,un regroupement du Parti sous sa direction. Pendant toute cette période, Chou En-lai, l'intellectuel et l'international qui, d'ailleurs, présentera un rapport sur lapolitique du Parti Communiste chinois au Congrès du Parti Communiste soviétique tenu à Moscou en juillet 1930,opte en faveur de la stratégie adoptée par le Komintern.

Sans doute se fait-il aussi des illusions sur la possibilité demobilisation immédiate par le Parti Communiste de forces armées assez puissantes pour tenir tête aux armées duGuomindang.

Mais même s'il doit s'opposer à la politique recommandée par Mao Tsé-toung, il n'en cherche pas moinsà prévenir une rupture et à maintenir, malgré les divergences, l'unité du Parti, jusqu'au moment où, se rendant àl'évidence, il se range aux côtés de Mao Tsé-toung.

La Longue Marche scelle leur alliance. Une alliance qui repose sur une division du travail.

Chou En-lai a reconnu pleinement l'autorité de Mao.

“ Vingt-deuxannées d'histoire du Parti ont prouvé, déclare-t-il en substance lors de réunions qui auront lieu à Yenan en 1942,que les vues du camarade Mao Tsé-toung ont été formées et maintenues dans une perspective historique fondéesur un effort continu visant à la soviétisation de la Chine.

La ligne qu'il a adoptée était la seule que le Communismechinois pouvait et devait suivre.

Cette ligne est une ligne communiste chinoise, une ligne chinoise bolchevique.Grâce à lui, grâce à son action, le Communisme n'est plus seulement une idéologie adaptable à la Chine ; il estdevenu une idéologie autochtone, enracinée dans le sol chinois.

Le camarade Mao Tsé-toung a intégré leCommunisme dans le mouvement chinois de libération nationale, dans l'action visant à l'amélioration des conditionsde vie du peuple chinois.

” Le rôle de Chou En-lai dans la conduite des affaires n'est pas toujours aisé à définir.

Cela tient aux circonstancesdans lesquelles se déroule la lutte révolutionnaire, à la dureté d'une guerre dans laquelle le Parti Communiste chinoiscombat à certains moments pour sa survie aussi bien que pour l'avenir du peuple chinois.

La révolution, comme ledisait Robespierre, n'est pas un jeu d'enfants et les témoignages de ceux qui survivent à des affrontements parfoisfratricides peuvent varier.

L'image projetée de la vie des hommes qui ont assumé des responsabilités historiques estconstamment transformée par le rapport, changeant avec le temps, des ombres et des lumières.

Ce qui ressort destémoignages, c'est l'extraordinaire diversité des dons de Chou En-lai qui le rend apte à remplir les tâches les plusvariées ; c'est aussi sa capacité d'adaptation aux situations les plus différentes, ce qui a parfois conduit à sous-estimer à tort la fermeté de ses opinions et la rigueur avec laquelle il sert la révolution. Chou En-lai donne l'impression, pendant cette période de guerre révolutionnaire, qu'il est partout.

S'il n'assume pasde commandement militaire, il n'en a pas moins joué un rôle considérable, pendant la période du Kiangsi dans lareconstitution de l'armée révolutionnaire, assumant la responsabilité décisive de l'éducation politique et du maintiende la discipline.

Après la Longue Marche où il aura, avec les autres, cherché à vivre et faire survivre, son rôle vadevenir toujours plus celui du négociateur.

Les chefs du Parti Communiste, comme le Guomindang d'ailleurs, etcomme les chefs d'armées privées qui se partagent ou se disputent le pouvoir, sont placés, par la poussée japonaisevers l'intérieur de la Chine, devant un choix de plus en plus inéluctable : vont-ils accepter le nouveau maître, leconquérant étranger ? Et s'ils s'y refusent, vont-ils se faire, entre Chinois, les concessions réciproques nécessairesà la formation d'un front uni ? Le Parti Communiste, isolé dans ses bases du Shensi et du Kansu, a besoin de troupespour reconstituer ses forces et pour atteindre ses objectifs révolutionnaires.

La victoire du Socialisme passe par ladéfaite des Japonais.

Tchang Kaï-chek, lui, veut mettre un terme à cette menace interne sans cesse renaissante.Mais l'incident de Sian et la nouvelle campagne japonaise qui suit l'incident du pont Marco-Polo l'obligent à desaménagements. On négociera donc tout en se combattant sous des formes très diverses et dans ces négociations qui n'aboutirontfinalement pas, Chou En-lai occupe une place de premier plan, sous les titres ou les étiquettes les plus divers.

Ne leretrouve-t-on pas, à Han-K'éou, dans une brève période de coopération poussée jusqu'à l'intégration politique, dans. »

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