Devoir de Philosophie

Chou En-lai par Jacques Freymond Directeur de l'Institut Universitaire de Hautes Études Internationales, Genève La légende s'empare de certains hommes avant qu'ils n'aient quitté ce monde.

Publié le 05/04/2015

Extrait du document

Chou En-lai par Jacques Freymond Directeur de l'Institut Universitaire de Hautes Études Internationales, Genève La légende s'empare de certains hommes avant qu'ils n'aient quitté ce monde. Ainsi en fut-il de Mao Tsé-toung et de son compagnon de lutte Chou En-lai. Combien de fois n'a-t-on pas annoncé sinon leur fin prochaine, du moins la fin de leur carrière. S'ils s'enfermaient dans une retraite, c'est donc qu'ils ne comptaient plus, qu'ils n'avaient plus rien à dire. Et voilà que surgissait un mot d'ordre de Mao Tsé-toung qui mettait en mouvement la Chine entière : campagne contre Lin-Piao, contre Confucius, contre la bourgeoisie toujours renaissante. Chou En-lai entra à l'hôpital au début de l'été 1974. Il devait se décharger, disait-on, de la conduite des affaires de l'État. Mais c'est lui qui, le 13 janvier 1975, présenta à la première session de la quatrième Assemblée populaire nationale, le rapport sur les activités du gouvernement. Et cette assemblée le confirma dans son poste de Premier ministre qu'il occupait depuis 1949 et qu'il garda jusqu'à sa mort. Imperturbable et souriant, accessible et impénétrable, Chou En-lai assuma la responsabilité de conduire la République populaire de Chine. Entre Mao Tsé-toung et lui une division du travail semblait s'être faite : l'un, inspirateur et conducteur du Parti, détenait le pouvoir sur lequel l'autre s'appuyait pour gouverner l'État. Selon l'indice de la hiérarchie que constitue l'ordre dans lequel les membres du bureau politique sont cités, la position de Chou En-lai a pu varier, mais à la tête du gouvernement, il fut inamovible et au sein du Parti, son influence resta décisive. Elle l'a été dès les premiers jours. Chou En-lai dira un jour de lui-même qu'il est un intellectuel issu d'un milieu féodal, qu'il n'a eu que peu de contact avec les masses paysannes et ouvrières parce qu'il n'a pas été impliqué dans le processus de production ; sa carrière révolutionnaire a commencé à l'étranger alors qu'il n'avait qu'une connaissance limitée et livresque de la révolution. En fait, lorsqu'il arrive à Paris en 1920 pour y poursuivre ses études, il a déjà humé l'odeur du combat révolutionnaire. Comme beaucoup de jeunes Chinois de sa génération, il a été saisi d'emblée par le drame que subit sa patrie, ouverte, abandonnée, par ses classes dirigeantes à la domination et à l'exploitation étrangères. La chute de la dynastie mandchoue et l'avènement de la république en 1911 représentent une première étape, bien modeste, dans la lutte pour la libération. La révolution de 1917 ouvre de nouvelles perspectives : par elle, aussitôt, révolte nationale et révolution sociale se trouveront associées. Chou En-lai est au Japon lors de la rébellion estudiantine du 4 mai 1919. Ses amis le rappellent à T'ien-Tsin. Il accourt et s'engage. On le charge de rédiger le journal de la ligue des étudiants de T'ien-Tsin qui inspire et soutient la lutte nationale des étudiants. D'articles en manifestations, il a bientôt maille à partir avec la police et dès lors c'est l'engrenage d'une contestation qui se radicalise dans une agitation continue que les murs de la prison ne coupent pas. Non loin de lui, Teng Ying-ch'ao, une étudiante qui sera un jour sa femme, joue un rôle actif dans l'association patriotique des femmes de T'ien-Tsin. Le séjour parisien de Chou En-lai sera consacré plus à la politique qu'à l'étude. Dans ce milieu d'intellectuels de gauche, où les jeunes étrangers se retrouvent avec les Socialistes et les Communistes français pour être aussitôt impliqués dans leurs controverses et où le Komintern recrute ses militants et les organise Chou En-lai s'impose naturellement parce qu'il a le goût et le sens de l'action. Sa réflexion, constamment stimulée par la lecture et par ces conversations sans fin dont se nourrissent les intellectuels, est tournée vers la pratique. On s'appuie sur lui parce qu'il sait rédiger, qu'il a la clarté d'esprit, la mémoire de l'organisateur et l'ingéniosité de l'agitateur. Il sera donc associé à la création, au cours de l'hiver 1922-1923, d'un " corps " de jeunes communistes chinois en France, analogue d'ailleurs &agr...

« par Jacques Freymond Directeur de l'Institut Universitaire de Hautes Études Internationales, Genève. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles