Cuba de Batista à Castro

« fidélistes traversèrent toute l'île et entrèrent dans La Havane le 7 janvier.La guerre révolutionnaire était terminée. II) Des années 60 à la chute de l'URSS : construction et consolidation du régime. Un tournant politique intérieur et extérieur. à Dès le 7 janvier, des mesures sont prises pour rompre définitivement avec l'ancien régime.

Les rebelles mettent en place un gouvernement réformiste, la loifondamentale de la République qui organise la structure de l'Etat cubain est promulguée : un gouvernement central, des assemblées provinciales ; des tribunauxrévolutionnaire qui jugent des délits que la loi qualifie de contre-révolutionnaire, on procède également à la destruction totale de l'appareil militaire de l'ancienrégime.

Le 13 février, Castro devint 1er ministre et des mesures radicales se succédèrent : nationalisation du téléphone et des transports urbains, baisse des loyers…à Cependant, le nouveau régime se heurte à une certaine résistance : en octobre, La Havane est bombardée, des groupes contre-révolutionnaires se forment, contrelesquels les milices populaires lutteront jusqu'en 63.

Dans le même temps l'île subit des bombardements aériens et doit faire face en 62 à la tentative d'invasion à labaie des Cochons, au cours de laquelle les mercenaires anticastristes soutenus par les USA sont écrasés par les milices, après 72h de combat.

Le président Kennedyassume la pleine responsabilité de cet échec et décrète le blocus de Cuba, tandis qu'éclate la même année la crise des fusées, au terme de laquelle l'URSS accepte deretirer ses fusées du sol cubain face aux menaces américaines.

Les 10 premières années de la Révolution sont donc dominée par la lutte pour survivre, face auxagressions de l'extérieur et au blocus économique, dans une situation d'isolement au sein de l'Amérique Latine, alors que le principal appui est l'URSS, avec qui sontsignés de nombreux accords commerciaux tout au long de la période.à La construction politique à l'intérieur s'avère en outre difficile: en 61 les 3 organisations se regroupent en un organisme unique, mais le sectarisme, le dogmatismeet la bureaucratie menacent l'appareil central qui s'engage dans une phase d'erreurs, énergiquement corrigées dès 62.

Une première étape est franchie avec laconstitution du Parti Communiste Cubain en 65.

Cependant les décisions continuent à être centralisées et un certain idéalisme continue à fixer au peuple des tâchesdémesurées ou inadaptées : « zafra des 10 millions », qui a connu une réussite indiscutable sur la plan de la production sucrière mais a eu des effets négatifs surl'économie et la vie du pays, largement analysés lors du discours du 26 juillet 70.La grande leçon qu'a alors su tirer le gouvernement cubain est l'impossibilité pour l'Etat socialiste de tout administrer de façon centralisée.

Pour cela, il est décidé d'enfinir avec l'identification du parti et de l'Etat et on cherche à donner leur pleine fonction de protagonistes aux organisations de masses.

Un Pouvoir populaire s'étend àtous le pays.

Au niveau municipal, il gère les écoles, les installations sportives et de loisirs, les polycliniques, les restaurants, les boulangeries… Avec l'élection parl'Assemblée du Pouvoir populaire du Conseil d'Etat en décembre 1976, s'est achevée l'institutionnalisation de la Révolution.à En parallèle à cette construction intérieure, l'île est progressivement sortie de son isolement, elle a renoué des liens avec la plupart des pays d'Amérique Latine et afondé avec 22 pays le SELA (Système économique Latino-Américain).

Cuba a également adhéré au COMECON en 73.

Les années 80 voient la fin totale de cetisolement avec le rétablissement des relations diplomatiques avec l'Uruguay et le Brésil, tandis que la lutte indirecte avec les Etats-Unis continue : en 82 le présidentReagan autorise l'installation d'une station radio en Floride baptisée « Radio Marti », pour renforcer la guerre idéologique.

A la veille de la chute du bloc soviétique,le régime cubain a réussi à se construire, notamment en pratiquant l'autocritique, et en résistant aux tentatives de déstabilisation de l'extérieur.

Mais ce n'est pas que lapolitique qui s'est transformée : la Révolution a aussi bouleversé la société cubaine. Les réalisations du régime : une société transformée : à Les bases des plus grandes réalisations du régime sont posées durant les 20 première années.

La grande tâche de C.

est de construire l'unité du peuple cubain autourdes grandes tâches de la Révolution.à La première est la lutte contre l'analphabétisme.

L'école doit assurer sa fonction sociale de transformation de la société et des mentalités dans une perspectivesocialiste.

En 1958, le pays comptait un million d'analphabètes, plus d'un million et demi de semi-analphabètes.1961 est l'année de l'éducation : l'enseignement estnationalisé, l'école publique est gratuite est ouverte à tous.

C'est également l'année de la « campagne d'alphabétisation », action proprement cubaine qui se termina le22 décembre 61et première grande mobilisation de masse.

Le taux d'analphabétisme est tombé à 3,9%.

Cette campagne reste dans les mémoires comme letémoignage d'une belle réussite collective de l'élévation du niveau culturel de tout un peuple par le peuple lui-même.

De 62 à 68, le régime s'occupe successivementde l'Université et du Secondaire, créant la recherche scientifique et les ESBEC, « Écoles secondaires de base à la campagne ».

Nées à la fois de nécessitéséconomiques qui poussaient à l'intégration des jeunes au travail productif, et de nécessités idéologiques et pédagogiques visant à promouvoir un type d'éducationintégrale par l'association du travail intellectuel et du travail manuel, elles furent considérées comme une réussite et ont même attiré l'attention de l'Unesco.à C'est également dans le domaine de la santé que vont être accomplis des progrès non négligeables.

Dès 1961, on a entrepris une modification profonde desstructures.

Les services de santé sont nationalisés et placés sous l'autorité du ministère de la Santé publique.

En 77 on comptait, entre autres, 148 hôpitaux ruraux,105 foyers maternels et infantiles, 37 services d'hygiène et microbiologie…dont aucun n'existait avent 58.à Autre domaine : le logement.

Dès les premières années de la Révolution, la réforme urbaine s'est attaquée à la spéculation et aux loyers excessifs, la loi a suppriméla location privée, puis a établi un plan d'accession à la propriété pour tous.

Dans les zones rurales, la construction de 400 communautés rurales a permis deremplacer plus de 60% des anciens bohios insalubres.à Par ailleurs, avec l'éducation, les services sociaux, la construction et l'agriculture, de nombreux emplois ont été crées, on estime que la Révolution en a crée 1 400000, en intégrant de plus en plus de femmes au travail.à La sécurité sociale s'est elle aussi développée, l'assurance maternité s'est universalisée, la retraite a été étendue à tous les travailleurs, quels que soient leurs emploisantérieurs, et on créa un mois de congés payés annuels.à Enfin, Castro a mené une véritable « révolution culturelle » à Cuba, basée sur la redécouverte et la mise en valeur d'une véritable identité cubaine.

Les activitésculturelles à Cuba avant 1959 étaient limitées aux grandes villes et se caractérisaient par une ignorance très grande des valeurs proprement cubaines.

L'île étaitécrasée par les mass media qui vantaient les modèles étrangers, surtout nord-américains.

Un grand vide culturel régnait dans les provinces où le niveau d'instructionétait très bas.

A cette situation, les révolutionnaires ont répliqué d'abord par l'alphabétisation et l'éducation populaire, et ont participé au développement d'un art oùl'on exalte les racines et la culture nationale.

Cependant le contenu des œuvres connaîtra une limite, il ne pourra être admis qu'il soit contre-révolutionnaire. à La Révolution cubaine, Révolution dite perpétuelle, aura donc totalement bouleversé la place de la petite île au sein du concert des Nations, tout comme elle atransformée la vie des Cubains.

La disparition de l'URSS allait apporter de nouveaux changements et inaugurer une longue période de crise. III) Depuis la chute de l'URSS : crises et durcissement. a) La « période spéciale ». à Dès le 26 juillet 89, Castro dénonce la crise des pays socialistes de l'Est européen et évoque le risque de désintégration de l'URSS, et en janvier 90 Cuba réaffirmele caractère singulier de sa Révolution et cherche de nouveaux partenaires.

En décembre prend fin le dernier accord économique préférentiel avec l'URSS, desrestrictions d'énergie sont annoncées, on importe des milliers de bicyclette de Chine, le rationnement est aggravé dans tous les domaines.

C'est le début de la « périodespéciale », entrée en vigueur au 1er octobre 90, plongeant Cuba dans une véritable économie de survie.

La pénurie touche aussi bien le matériel scolaire que les. »