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Darius Ier

Publié le 22/02/2012

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Darius fut incontestablement un des plus grands hommes d'État de l'Antiquité. Il appartenait à la haute féodalité perse qui, après avoir conquis, sous la conduite de Cambyse II, le premier roi de Perse, l'empire de Babylone, la Libye et l'Égypte, cherchait à s'opposer à la politique monarchique du roi qui se trouvait être, à ce moment, le maître de toute l'Asie Antérieure jusqu'à la mer Caspienne et l'Indus. Lorsque Cambyse mourut en 522 av. JC, les Mèdes voulurent reprendre en mains le pouvoir en portant au trône le mage Gaumata. Mais une conjuration des sept plus grands féodaux de la Perse le renversa et donna la couronne à Darius. Issu d'un mouvement d'opposition féodal, Darius, sitôt devenu roi, s'engagea dans une politique impériale de centralisation. En Perse, rompant avec la tradition féodale, au lieu d'apparaître comme le premier des nobles il se donna comme le représentant d'Ahouramazda. Il ne prétendait point être la divinité incarnée, mais l'élu de Dieu. A Babylone il était l'élu de Mardouk, en Égypte, celui d'Amon et de Neït. En Asie Mineure, il allait s'efforcer de répandre le zoroastrisme qui, par son mysticisme et ses tendances démocratiques répondait aux sentiments des cités grecques d'Ionie. Partout en Égypte, comme en Chaldée et en Asie Mineure, il allait s'attacher à faire des grands sanctuaires des centres d'influence perse.

« La rémunération des satrapes était extrêmement considérable.

A Babylone, le satrape touchait six mille sept centcinquante-cinq talents babyloniens, alors que le tribut payé par Babylone au roi n'était que de mille talents. Le satrape avait pour mission essentielle de faire parvenir au roi le tribut payé par sa province.

L'établissement dece tribut fut une œuvre considérable, sur laquelle devait se maintenir pendant trois siècles la prospérité des financesde l'empire perse.

Quelles que fussent les charges locales que les habitants payaient en vertu de leurs institutionsnationales, le tribut s'y superposait.

Il était exclusivement calculé sur les revenus de la terre.

C'est ainsi quel'Égypte fut taxée à sept cents talents babyloniens, représentant environ dix pour cent du produit de ses terres.

Lecadastre servait de base au calcul du revenu foncier qui déterminait le montant du tribut.

Ce système favorisait trèsnettement les provinces maritimes de l'empire, dans lesquelles les revenus provenant du commerce étaientconsidérables, ils semblent même avoir dépassé celui du sol.

C'est ainsi que, pour les pays méditerranéens, AsieMineure, Syrie, Égypte, le total des tributs versés n'atteignait que deux mille huit cent dix talents d'argent ;Babylone versait mille talents ; tandis que les pays continentaux, dont la seule richesse était la terre, payaient untotal de trois mille neuf cent vingt talents.

Seul le Haut Indus, producteur d'or, versait à lui seul quatre millesoixante-dix talents, ce qui nous éclaire sur la richesse de l'Inde.

Le revenu total de l'empire, provenant des tributs,atteignait onze mille huit cents talents.

Outre le tribut, le roi percevait les revenus de l'immense domaine royal qu'ils'était constitué dans la lointaine province de Chorasmie, le long du fleuve Oxus qui se jette dans la mer d'Aral. Cette fiscalité, établie exclusivement sur le sol, donna à l'empire une stabilité financière qui lui permit, tout au longde son histoire, de faire une diplomatie essentiellement basée sur ses finances.

Celles-ci étaient si prospères quelorsque Alexandre s'empara de Suse la capitale de l'empire il y trouva un trésor de cent quatre-vingt mille talents. Cette immense réforme fiscale s'accompagna d'une réforme monétaire destinée à donner à l'empire une monnaieunique : la darique d'or de 8,41 grammes qui, pour la première fois dans l'histoire, porta comme marque le portrait duroi.

Chaque darique d'or valait vingt drachmes d'argent.

Pendant toute la durée de l'empire perse, la valeur de cettemonnaie resta absolument invariable.

Certes, les anciennes monnaies nationales ne disparurent pas pour lesopérations locales, mais la darique d'or était seule employée pour le versement du tribut et dans des grandesopérations entre parties différentes de l'empire.

Ce fut un facteur essentiel dans l'extraordinaire essor que le règnede Darius, et après lui l'empire achéménide, donnèrent à la vie commerciale.

Darius y attachait une telle importanceque le satrape d'Égypte, Aryandès, fut mis à mort pour avoir fait frapper une monnaie d'argent indépendante.

Outrela monnaie, le système des poids et mesures fut unifié dans tout l'empire, sans, ici encore, faire disparaître, pourl'usage journalier, les anciens systèmes locaux.

Malgré les résistances qu'elle rencontra, l'unification des monnaies,des poids et mesures fut un des faits économiques les plus considérables de l'Antiquité. Il donna une impulsion remarquable au rôle de banque que jouaient les grands sanctuaires de Babylone, d'Éphèse, deSardes, de Pessinonte et de Jérusalem, protégés par le roi dans leur activité financière.

Il en résulta une baisserapide du taux de l'intérêt, qui en outre eut tendance à s'unifier dans l'empire entre douze et seize pour cent.

Mêmeles prêts à la grosse aventure, c'est-à-dire consentis pour des expéditions maritimes, se réduisirent pour atteindretrente-trois pour cent.

Le trafic prit de si vastes proportions que les bateaux, jaugeant trois cents tonneaux,transportaient une cargaison, valant environ dix talents, moyennant une dépense de fret qui ne dépassait pas troiset demi pour cent de cette valeur. Les réformes fiscales et monétaires de Darius faisaient partie d'une large politique économique dont le but était defaire de son empire une unité économique favorisée par la construction ou l'amélioration des grandes voies du trafic.Une grande route royale fut construite de Sardes à Suse, longue de deux mille quatre cents kilomètres, flanquée deonze relais et hostelleries et dont la sécurité était assurée par la police royale. Mais ce furent les voies maritimes qui préoccupèrent surtout Darius.

Pour relier l'Inde à la Méditerranée, il chargeaScyllax de Carianda de descendre l'Indus et de gagner l'Égypte en doublant l'Arabie, tandis qu'il lançait une flotte surla mer des Indes pour assurer sa sécurité. Pour gagner la Méditerranée par la mer Rouge, il reprit dès le début de son règne les travaux qui avaient étécommencés par le roi saïte Néchao II, et fit construire à travers l'isthme de Suez un canal de quarante-cinq mètresde large, dans lequel deux trières pouvaient naviguer de front.

En 518 av.

JC, Darius se rendit en Égypte pourassister au défilé d'une flotte de vingt-quatre navires dans cette large voie d'eau.

Lors du creusement du canal deSuez par Ferdinand de Lesseps, trois grandes stèles en granit rose furent découvertes à Tell el Maskhoutah, à ElKabrit et à Suez, portant des inscriptions en égyptien et aussi dans les langues impériales, araméen, vieux perse,élamite et babylonien, célébrant l'inauguration du canal par “ le roi de Haute et de Basse Égypte, le Grand Roi, le roides rois, Darius [...] le fils de Neït (déesse de Saïs), l'image de Rê [...] dont tout ce que prononce Sa Majesté existeaussitôt comme ce qui sort de la bouche de Rê ”. Parmi tous les pays de l'empire, l'Egypte, par son passé glorieux, sa civilisation prestigieuse et le développement deson droit privé, occupait un rang hors de pair.

Darius s'y donnait comme roi de Haute et Basse Égypte.

Et pourmarquer sa fidélité à Amon il lui fit construire un grand temple dans l'oasis d'El Kargeh, qui devait être en Égypte lesanctuaire des Achéménides. Comme Amasis, qui avait entrepris une large réforme législative démocratique, Darius allait s'engager dans unegrande œuvre de législation.

Mais selon les principes qu'il appliquait en Asie Mineure, dans les villes phéniciennes etdans les cités ioniennes, il allait mettre une sourdine à la politique démocratique du roi saïte.

Comme lui, il réunit une. »

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