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Darius Ier par Jacques Pirenne de l'Académie Royale de Belgique.

Publié le 05/04/2015

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Darius Ier par Jacques Pirenne de l'Académie Royale de Belgique. Professeur à l'Université de Bruxelles. Darius fut incontestablement un des plus grands hommes d'État de l'Antiquité. Il appartenait à la haute féodalité perse qui, après avoir conquis, sous la conduite de Cambyse II, le premier roi de Perse, l'empire de Babylone, la Libye et l'Égypte, cherchait à s'opposer à la politique monarchique du roi qui se trouvait être, à ce moment, le maître de toute l'Asie Antérieure jusqu'à la mer Caspienne et l'Indus. Lorsque Cambyse mourut en 522 av. JC, les Mèdes voulurent reprendre en mains le pouvoir en portant au trône le mage Gaumata. Mais une conjuration des sept plus grands féodaux de la Perse le renversa et donna la couronne à Darius. Issu d'un mouvement d'opposition féodal, Darius, sitôt devenu roi, s'engagea dans une politique impériale de centralisation. En Perse, rompant avec la tradition féodale, au lieu d'apparaître comme le premier des nobles il se donna comme le représentant d'Ahouramazda. Il ne prétendait point être la divinité incarnée, mais l'élu de Dieu. A Babylone il était l'élu de Mardouk, en Égypte, celui d'Amon et de Neït. En Asie Mineure, il allait s'efforcer de répandre le zoroastrisme qui, par son mysticisme et ses tendances démocratiques répondait aux sentiments des cités grecques d'Ionie. Partout en Égypte, comme en Chaldée et en Asie Mineure, il allait s'attacher à faire des grands sanctuaires des centres d'influence perse. Son empire était trop vaste pour être soumis à des institutions centralisées. Darius conserva donc, dans les pays sur lesquels il régnait, les institutions nationales. Mais par-dessus elles, il voulut appuyer son pouvoir sur un même principe, la loi d'Ahouramazda, laquelle, transposée sur le plan du droit public se rencontrait étroitement avec les idées qui, depuis deux mille ans, constituaient la base du pouvoir monarchique en Égypte : " j'ai marché suivant la justice et l'équité, dit Darius, je n'ai commis de violence ni contre l'orphelin, ni contre le pauvre (...) j'ai aimé la justice, je n'ai pas aimé le mensonge (...) J'ai strictement puni le menteur, mais celui qui labourait son champ je l'ai récompensé. " Pour étendre la loi d'Ahouramazda à tout l'empire, Darius identifia Ahouramazda, Mardouk et le dieu trinitaire égyptien Osiris-Amon-Rê, représenté par le boeuf Apis. Ainsi par-dessus les divinités de tous ses pays, considérés comme égaux entre eux, Darius allait chercher à leur donner une unité religieuse en s'efforçant, comme Ramsès II l'avait déjà tenté, de réunir les grands dieux des principales religions en un dieu unique. Ce syncrétisme apparaissait comme d'autant plus étroit que la morale égyptienne et la morale zoroastrienne étaient très voisines. Elles se rejoignaient sur le plan du droit public. Comme le pouvoir des pharaons égyptiens, l'autorité de Darius n'avait rien du " bon plaisir ". Elle différait essentiellement en cela du pouvoir des rois assyriens qui reposait sur la force et la terreur. Le roi était l'expression même de la justice. Il était le protecteur de ses sujets, ce pourquoi il rendit aux peuples leurs dieux, dont les Babyloniens les avaient privés. Le roi sans doute, puisque élu par Dieu, était tout-puissant, mais il était aussi souverainement juste. Pour faire triompher la justice, il devait gouverner. Le roi constituait seul le gouvernement ; mais il se faisait assister de conseillers. Ceux-ci étaient tout d'abord les sept grands feudataires perses. Le roi choisissait parmi eux les juges royaux, des généraux d'armées, des vice-rois de provinces. Mais les conseillers véritables de sa politique étaient des Babyloniens, des Égyptiens (parmi lesquels Oudjahorresné, l'ancien chancelier du pharaon Psammétique III) des Juifs et des Grecs. Des médecins, des ingénieurs, des architectes, des sculpteurs égyptiens, grecs, phéniciens l'entouraient et, à côté des nobles persanes, des femmes égyptiennes et grecques furent installées dans le harem royal. La chancellerie fut peuplée de scribes babyloniens qui y introduisirent leur écriture. L'empire eut quatre langues officielles : l'araméen, le babylonien, le persan et l'élamite ; la langue universelle étant l'ara...
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