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David Lloyd George

Publié le 22/02/2012

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Dans son discours du 19 octobre 1922 devant les parlementaires conservateurs, Stanley Baldwin caractérisa Lloyd George comme une "force dynamique". Bien qu'il eût ainsi provoqué la chute du gouvernement de Lloyd George, il avait parfaitement compris celui-ci. Une "force dynamique" est la meilleure définition de Lloyd George, l'explication de sa carrière et de sa politique, car le don de l'action fut sa seule constante. Il débuta comme radical et démocrate, comme l'auteur du "budget du peuple". Ultérieurement, au lendemain de la Première Guerre mondiale, il sauva le capitalisme de l'agitation socialiste. A ses débuts, il fut pro-Boer et tout proche des pacifistes ; plus tard, il fut "l'homme qui a gagné la guerre". Durant le premier conflit mondial, il fut l'avocat du jusqu'au-boutisme ; durant le second, celui d'une paix négociée. Il se disait sorti du rang et le seul Premier ministre anglais d'origine populaire, mais il devint l'ami de millionnaires, voire de rois. Il mena une guerre de terreur contre les Irlandais, puis leur accorda une indépendance de fait. Démagogue dans l'opposition, il se comportait au pouvoir comme un tyran. Mais, fondamentalement, le motif restait le même : un dynamisme qui le poussait à des initiatives toujours nouvelles. De tous les hommes politiques britanniques, il fut celui qui rappelait le plus Napoléon.

« suggestions, y compris celles de l'opposition. Derrière l'agressivité de ses discours, se cachait un conciliateur, qui voulait obtenir des résultats concrets par descompromis.

A l'apogée du conflit constitutionnel, il avait proposé la formation d'un gouvernement de coalition ;initiative qui resta sans écho, mais qui révélait la direction qu'il allait suivre ; il était homme d'action et non de parti,et son dynamisme menaçait les loyautés traditionnelles.

Sur le plan personnel aussi, Lloyd George n'était pas hommede parti ; il avait peu d'hommes politiques comme amis ; seul Winston Churchill lui aussi un outsider dans les rangslibéraux l'appelait "David".

Ses amis étaient des directeurs de journaux et des hommes d'affaires qui s'étaient faitseux-mêmes ; malgré son hostilité politique aux riches, il admirait les capitaines d'industrie, qui représentaient pour luile triomphe de l'esprit radical.

Il désirait d'ailleurs s'enrichir et spécula imprudemment, achetant des actions de laSociété américaine Marconi au moment où le gouvernement britannique négociait un contrat avec la société sœuranglaise.

Bien qu'une enquête parlementaire l'eût disculpé, il resta marqué par un soupçon de corruption.

Néanmoins,sa position politique ne cessait de se renforcer.

Il montra des dons remarquables de conciliateur dans les conflitssociaux et gagna la confiance des syndicats.

Il chercha, en vain, une solution au conflit sur le Home Rule(autonomie) pour l'Irlande.

Il lança une campagne "agraire" en faveur de la petite propriété, mais elle éveilla peud'écho dans les régions industrielles.

Au début de 1914, il était revenu en apparence à son pacifisme originel,combattant l'augmentation des dépenses de la Marine que Churchill demandait, et préconisant un rapprochementanglo-allemand. Quand la guerre mondiale éclata, beaucoup d'Anglais escomptaient que Lloyd George s'opposerait à l'entrée enguerre de l'Angleterre, mais il attendit les événements et l'invasion de la Belgique par l'Allemagne mit fin à seshésitations.

Désormais, il fut aussi acharné en faveur de la guerre qu'il y avait été auparavant hostile.

Il fut lagarantie que la conscience non conformiste, qui restait essentielle pour un gouvernement libéral, soutiendrait l'effortde guerre et ne deviendrait pas pacifiste. Lloyd George restait loyal envers Asquith, mais, sans préméditation de sa part, les événements l'entraînèrent à agirde façon indépendante.

Le gouvernement libéral n'avait pas de politique de guerre ; les principaux ministres étaientde grands orateurs, mais de médiocres administrateurs ; Asquith était indolent par principe et par tempérament ; àses yeux, le devoir des ministres était de laisser les généraux et les amiraux gagner la guerre.

Mais, après la bataillede la Marne, ce fut l'impasse sur le front occidental, et sur mer il n'y eut pas de grandes batailles.

Les journauxcommencèrent à affirmer que Lloyd George était le seul homme qui pouvait faire quelque chose et l'opinion les crut.Ce ne fut pas une campagne organisée, mais le processus obscur par lequel la nation fit son choix. En mai 1915, une crise politique éclata.

Lord Fisher, premier lord de l'Amirauté, démissionna pour protester contre lacampagne des Dardanelles.

Bonar Law, chef des conservateurs, réclama un gouvernement de coalition pourcombattre le mécontentement général, et Lloyd George l'appuya.

Le dernier gouvernement libéral homogène prit fin,mais Asquith ne sut pas former un cabinet efficace.

Sa seule innovation capitale fut de nommer Lloyd Georgeministre de l'Armement.

Ce poste lui convenait parfaitement : un ministère nouveau, sans personnel, sans traditions,sans attributions bien définies.

Lloyd George n'hésita pas : la pénurie d'obus avait été le grand scandale de la guerreet il décida d'y mettre fin.

Par des improvisations continues, sans égard pour la dépense ou les intérêts établis, ilproduisit beaucoup plus d'obus que les bureaux de la Guerre n'en demandaient. Ayant réglé le problème des obus, Lloyd George était prêt à aller de nouveau de l'avant.

L'occasion sembla seprésenter en juillet 1916, quand le secrétaire d'État à la Guerre, Kitchener, périt dans un naufrage.

Lloyd George leremplaça et crut avoir mis la main sur la direction de la guerre.

Il se trompait : Sir William Robertson, chef de l'état-major général impérial, s'était réservé la stratégie ; Lloyd George dut se borner à faire fabriquer des uniformes, mais,comme d'habitude, il chercha à tourner l'obstacle.

En novembre 1916, il proposa de créer un comité du Cabinet detrois membres qui aurait en fait des pouvoirs dictatoriaux.

Au départ, c'était une manœuvre contre Robertson et noncontre Asquith, qui serait resté Premier ministre.

Mais certains de ceux qui l'appuyèrent voulaient éliminercomplètement Asquith.

Ce dernier tergiversa et finalement Lloyd George démissionna, suivi par Bonar Law.

Asquithdémissionna à son tour et, après de longues négociations, Lloyd George devint Premier ministre, le 7 décembre 1916. Il n'arrivait pas au pouvoir comme chef d'un parti, et ce pouvoir allait être personnel.

La plupart des conservateurset des travaillistes et la moitié des libéraux l'appuyaient, pensant qu'il pourrait gagner la guerre, mais il n'avait pasd'organisation derrière lui.

Comme Sorel l'a dit de Napoléon III, ses origines le condamnaient au succès.

Il violatoutes les règles.

Il abolit le cabinet traditionnel et lui substitua un cabinet de guerre de cinq membres qui n'étaitqu'une dictature à peine déguisée.

Il créa une demi-douzaine de nouveaux ministères et mit à leur tête des hommesd'affaires et non des politiciens.

Sous son impulsion, ces nouveaux ministères instituèrent une sorte de socialisme deguerre rationnement, direction de la main-d'œuvre, contrôle des prix.

Grâce à lui, la guerre fut conduite de façonefficace sur le front intérieur et le mécontentement des masses contenu jusqu'à la victoire. Mais Lloyd George eut maille à partir avec les chefs militaires.

Il l'emporta sur les amiraux : il imposa un système deconvois pour les navires marchands, alors que l'Amirauté affirmait que c'était impossible.

Les convois assurèrent ladéfaite des sous-marins allemands.

Ce fut la plus grande contribution de Lloyd George à la victoire.

Avec lesgénéraux, il eut moins de succès.

Il dut accepter avec répugnance l'offensive coûteuse de Haig en Flandre, ditebataille de Passchendaele.

Il chercha à tourner et circonvenir Robertson et Haig, mais longtemps sans résultat.

Bienqu'il se rendît compte que la stratégie des généraux était erronée, il ne réussissait pas à en imaginer une meilleure.Son idée favorite était une offensive en Palestine, qui ne pouvait guère avoir d'effet sur l'Allemagne.. »

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