Existentialisme

  On peut qualifier d'existentialiste toute philosophie dont le thème principal est l'épreuve que chaque homme fait singulièrement de sa propre existence. Contre les pensées systématiques qui dénaturent la singularité de nos expériences vécues en en rendant compte par des idées générales, l'existentialisme place au coeur de sa réflexion toutes ces réalités : la mort, l'angoisse, la subjectivité, la contingence. Le pur fait que l'on soit ainsi jeté comme existant dans le monde prime sur la définition de ce que l'on est ; l'épreuve que l'on fait de l'existence est plus importante que la tentative de détermination de sa propre nature, de celle des autres ou du monde. Ce que l'on éprouve prévaut sur ce que l'on prouve. A partir de cet intérêt porté à la subjectivité et à la singularité de l'expérience que chacun fait de sa vie, deux théories se distinguent : l'existentialisme chrétien, qui investit cette angoisse d'un statut religieux et la définit comme le sentiment éprouvé par une créature finie (l'homme devant la nature éternelle et infinie de Dieu), et l'existentialisme athée qui, au contraire, récuse l'existence de Dieu à cause de la contingence de l'homme. Nous ne tenons pas plus notre raison d'être de Dieu que d'une essence qui nous préexisterait ; la célèbre affirmation de Sartre selon laquelle " l'existence précède l'essence " marque l'antériorité et le primat du fait que nous sommes (existence) sur ce que nous sommes (essence) ; c'est à chacun de nous qu'il revient, par ses actes et ses choix, d'assumer et de réaliser sa raison d'être. La contingence marque donc notre condition du sceau de la fragilité, de l'angoisse et de la mort, mais c'est précisément par cette faillibilité que nous sommes ouverts et " tenus " à la liberté. Nous sommes les seuls responsables de notre existence, sans recours à un dieu. L'homme est d'autant plus libre qu'il est seul, mortel et provisoire.