Fagon, premier médecin du Roi-Soleil
Publié le 30/08/2013
Extrait du document
Pour la mar¬quise, Antoine d'Aquin a pour principal défaut d'être devenu premier médecin du roi, en 1672, grâce à l'intervention de madame de Montespan, qui était alors la favorite en titre. En outre, depuis quelque temps, il agace Sa Majesté, que, trop obséquieusement courtisan, avide de charges et de bénéfices, il presse de nommer son fils archevêque ; ce qui lui vaut d'être disgracié en 1693.
En ces circonstances, Madame de Maintenon n'a aucun mal à imposer son protégé, avançant ses qualités de praticien, son expérience, ses connaissances étendues en botanique et son art éprouvé de soigner avec les plantes médicinales. Le mardi ler novembre, jour de la Toussaint, Louis XIV, dès son lever et à la surprise générale, annonce à Fagon son avance¬ment immédiat.
«
UN SAVANT ÉCLAIRÉ
Né à Paris en 1638,
Guy
Crescent Fagon meurt en 1718 , trois ans après la
disparition de son illustre
patient.
li laisse l'image
d'un savant éclairé, d 'un
médecin scrupuleux et d'un
botaniste fameux.
Directeur
du Jardin botanique de Louis XIV, il est à l'origine
des voyages d'études faits
par les naturalistes français
en Amérique et en Asie.
Il a beaucoup herborisé en
Europe et a donné son nom à une plante médicinale
méditerranéenne :
la « fagonie », appartenant
la famille des rutacées.
Membre honoraire de
l'Académie des sciences,
Fagon a révélé les vertus
curatives
des eaux thermales de Barèges, dans les
Hautes-Pyrénées, pour les
maladies des os et de
la peau .
En 1703, il a publié
un Traité des qualités du
quinquina, remède tonique
dont il a largement fait
profiter le Roi-Soleil .
On lui doit aussi une thèse
sur la théorie de la
circulation
sanguine, si en avance sur son temps que ses confrères l'ont
vigoureusement dénigrée.
tian a même franchi les fron
tières .
« Fagon était un des
beaux et des bons esprits de
l'Europe, curieux de tout ce
qui avait trait à son métier,
grand botaniste,
bon chimiste,
habile connaisseur en chirur
gie, excellent médecin et grand
praticien .
Il savait d'ailleurs
beaucoup ; point de meilleur
physicien que lui ; il entendait
même bien les différentes par
ties des mathématiques .
Très
désintéressé , ami ardent, mais
ennemi qui ne pardonnait
point, il aimait la vertu, l'hon
neur, la valeur , la science, l'ap
plication, le mérite », constate
Saint-Simon.
Un tel homme ne peut que
plaire à Louis XIV , qui appré
cie la droiture et la compé
tence en toutes circons
tances .
Lui qui perd
toute sa majesté et sait
se faire
humble devant
la maladie et la souf
france se sent d'em
blée totalement en
confiance avec son
nouveau premier
médecin.
Au fil
des années , des
relations amicales
se
nouent entrent
les deux hommes,
sans
que jamais Fa
gon ne cherche,
comme son prédé
cesseur, à y gagner
des faveurs.
Il sait tou
jours, affirme le très pro-
tocolaire Saint-Simon,
rester à
sa place et, par là
même , la garder !
Monarque absolu
et patient soumis
A cinquante-cinq ans, le Roi
Soleil n'est pas en excellente
santé .
Depuis plus de dix ans,
il souffre de la goutte, nom
mée alors le « mal noble » à
cause
des victimes qu'elle fait
dans les rangs
de l'aristocratie .
Avec
le temps, les crises répé
tées l'empêchent de marcher
et l'obligent à se déplacer en
fauteuil à
roulettes dans Ver
sailles.
Pour ses chères prome
nades dans le parc, il emprun
te un chariot à fauteuil spécia
lement conçu à cet effet et suit
désormais la chasse en calè
che légère.
Fagon a beau ten
ter de le soulager en lui con
coctant de nombreux remè
des, jamais il ne parviendra à
prévenir ni à guérir ces atta
ques invalidantes .
Le
Roi-Soleil est également
atteint par deux affections
communes aux gentilshommes
de son temps, les hémorroï
des et les problèmes de tran -
sit intestinal dus aux chevau
chées, au manque d'exercice
et à une alimentation pauvre
en
fibres .
Pour y remédier,
Fagon le fait purger tous les
mois,
et parfois plusieurs jours
de suite .
Louis
XIV supporte tous les
traitements qu'on lui prescrit
avec sagesse et vaillance .
li
accepte sans renâcler les sai
gnées, panacée du temps,
qu 'on lui inflige régulièrement
par précaution ! Jamais, le mo
narque absolu et d 'essence
divine ne se plaint , ni ne fait
de reproches à son médecin :
il
tient à rester un patient ordi
naire et obéissant ...
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