GEOGRAPHIE HUMAINE ET SOCIOLOGIE par Berenger koffi , Professeur à l'Université .

Bien que les sciences de l'homme, comme on l'a dit et répété, soient surtout intéressantes à leurs confins, il est méthodologiquement important, pour comprendre ce qu'elles sont, de connaître exactement ce qu'elles font. L'orientation qu'ont prise les recherches en géographie humaine et en sociologie depuis trente ans nous incite à préciser en quoi consistent l'objet d'étude, la méthode et les principaux concepts de ces deux disciplines. Si ia première, à cause de l'absentéisme relatif de chercheurs appartenant à d'autres disciplines, a graduellement envahi tous les domaines de l'investigation sociale scientifique, la seconde s'est trop souvent complue en des généralisations prématurément catégoriques. Une première constatation s'impose : c'est que, dans l'ensemble, la géographie humaine française s'est orientée du côté des études rurales alors que l'écologie humaine et la sociologie américaines ont surtout étudié les phénomènes urbains. Ц était inévitable que les géographes français, en présence d'une nature personnalisée depuis des siècles, se soient préoccupés d'analyser toutes les ingéniosités par lesquelles l'homme exploite les « suggestions « que lui offre la nature. Les sociologues américains, au contraire, vivant dans un pays dont la croissance a été accélérée par une industrialisation, une urbanisation et des vagues d'immigration sans précédent dans l'histoire, devaient arrêter leur attention aux phénomènes de la vie subsociale, de la concurrence aveugle entre individus et entre groupes, du développement et de la structure dynamique des agglomérations urbaines.